le pyjama

1/

Jusque-là, elle avait toujours refusé le thé de 5 heures, le dernier verre, la tasse de chocolat.
 
Pourtant hier soir, au sortir de « La Notte », elle me demanda la clé de mon pigeonnier et me remit un pyjama de soie enveloppé dans du plastique en disant :
 
« tu sais Casimir - c’est le nom qu’elle me donne, j’aime être à l’aise le moment venu, laisse-moi le temps de me décider ! »
 
Je fis le très conciliant, et après le baiser d’adieu, je repartis directement chez moi.
 
Aujourd’hui, c’est le grand ménage, l’aspirateur est mon meilleur copain, et j’ai transformé mon pigeonnier en vrai nid d’amour.
 
(à suivre, évidemment !)

c'est toi l'auteur, ton Excellence ? 
on m'dit rien, à moi ! 

2/

J’ai soupiré toute la semaine, les soirées ont été des attentes interminables. Mon sommeil en souffre, je ne m’endors qu’au matin.

Aucune nouvelle de Vanessa, ni dans les amphis que nous fréquentons, ni au club de gym, ni à l’agence. Je n’ose pas téléphoner, de crainte d’être intrusif - et de gâter mes chances.

Le mercredi, vers 23 heures, j’entends une clé entrer dans la serrure. J’enfile aussitôt une robe de chambre, et la main dans les cheveux, je me précipite dans l’entrée.

Je vois une brune, assez mignonne, aux joues rebondies, me faire un grand sourire, prononcer quelques mots que je ne comprends pas.

Devant mon air ahuri, elle me tend un papier où je reconnais l’écriture de mon adorée.

3/

« Mon bon Casimir - écrit l’adulée, peux-tu héberger ponctuellement cette scoute australienne que je ne peux recevoir ? Générosité et Amour de l’Autre sont des qualités que j’apprécie, et pour lesquelles je serai toujours redevable. A bientôt, mon bon Casimir ! »

Ma parole, elle vire Catho, ma Vanessa ?!

« Joues rebondies » attend, confiante, souriante, désarmante. Je la pilote vers le lit d’appoint, et sur un sourire un peu crispé, je regagne mon grabat.

Au matin, réveillé tard pour cause d’insomnie, pas de scoute à l’horizon. Un billet me remercie en anglais, je le lis en diagonale, tout en refaisant le lit de Miss Baden Powell...

Je reprends, un peu secoué, mon attente amoureuse.

4/

« Retour dans un dortoir miteux, incorporation dans une caserne, bagarre dans un café, » mes visions nocturnes se succèdent, plus angoissantes les unes que les autres.

Pourtant, un soir, le salut vient d’un coup de sonnette : une femme, les yeux rougis, se tient devant la porte. Elle "fuit son brutal", me dit-elle, et j’ai une crise de larmes.

Le lendemain, devant le petit déjeuner, elle me confirme sa résolution de changer de vie, sa fermeté est convaincante. Moi aussi, je vais mettre un terme à l’épisode Vanessa. Terminé pour l’auxiliaire des détresses - qui me mène en bateau !

Je récupère ma clé, la dépose dans une coupelle, et je tombe sur un billet oublié.

un billet de combien ? 50, 100, 200 ???? 

5/
 
Un rendez-vous de tennis, avec Claire.
 
C’est une  très bonne joueuse,  bien meilleure que moi, et d’humeur égale. J’aime son beau visage et son calme, en toute circonstance.
 
Elle m’appelle « son petit joueur », me tarabuste, me dynamise, - et son humour me remet en place. Il dédramatise aussi.
 
Les gros chagrins n’excluant pas le sens des affaires, je vais lui offrir le pyjama !
 
 
 
D’autant que je me suis acheté le même, en version masculine.
 
 
 
Lui présenter ensuite la paire, n’est-ce pas suggérer que nous sommes assortis ?  
 
Bien sûr, la déclaration est directe, mais que ne ferait-on pas pour être heureux, avec ou sans pyjama ?

oui, c'est une bonne idée !