Geneviève Asse

Petite fille, Geneviève Asse est élevée par ses grands-parents. Sa grand-mère est directrice de l'école normale des filles à Vannes, son grand-père poète et journaliste. « J'étais dans un milieu baigné d'écrivains », se souvient le peintre-graveur. « Ma famille avait des liens avec celle de Victor Hugo, était proche d'Eugène Manuel ».

Entourée par les mots et les érudits, Geneviève Asse prend un autre chemin artistique. Peut-être en parcourant la campagne vannetaise avec son frère jumeau Michel. « J'étais très observatrice, je dessinais beaucoup », raconte-t-elle. « Je crois que la peinture m'a prise par la main. Je suis née avec cette passion ».

Le musée de Vannes expose une série de ses dessins : géometriques et minimalistes, ils donnent toute leur puissance au trait.

Dans une grande salle, ses peintures de bleu reposent sur la division, et irradient par leur lumière tout l'espace.


Plusieurs tableaux sont traversés par une ligne généralement blanche, parfois rouge, rompant l'unité du bleu et le faisant vibrer. Dans le superbe "Trace stellaire 7" (très proche de "Trace stellaire 6") une ligne blanche, d'abord estompée en haut du tableau devient éclatante et disparaît dans l'immensité du bleu. Elle traverse le tableau avec la fulgurance d'une étoile filante. Tout l'espace en est irradié et transformé.

Il faut regarder vivre ce tableau pour apercevoir que cette ligne modifie la lumière et donc la couleur des deux parties qu'elle sépare. L'horizontale rouge qui déchire le haut du petit tableau nommé "Trajectoire" disparaît dans un tressaillement de blanc. Elle éblouit comme un éclair et son écho assourdi se retrouve dédoublé et inversé dans le bas de la toile. Le feu couve sous le bleu et en bouleverse l'apparente tranquillité.

Par un jeu subtil de dégradés, certains tableaux pourraient évoquer des marées basses contigues à des aperçus de ciels.

voir cette analyse d'une galeriste

j'ai beaucoup de mal avec la peinture abstraite, mais là (et avec les explications), je comprends mieux ce que voit le peintre, ce qu'il exprime. On se noie dans ce bleu et la cicatrice de lumière me fascine, c'est toujours du ressenti, un écho... j'aime la deuxième, j'y vois comme un signe venu de l'espace, hésitant au départ, puis plus fort et qui ne parvient pas à percer le bleu plus sombre et se dilue.
je suis restée parfois plantée un bon moment devant une toile, sans comprendre et puis m'en retournant, désolée en me disant que j'étais vraiment bouchée !
pourtant le minimalisme de certaines oeuvres me séduit parfois, sans que je puisse expliquer pourquoi.

une petite experience :
 
 
 
c'est un paysage maritime sur google. je le fais passer de l'horizontal au vertical, et oubliant les détails concrets, j'obtiens un "tableau abstrait", - à mes risques et périls  
 

c'est une bonne expérience et j'y ai pensé en regardant la première toile. Un coucher de soleil finissant sur l'Océan .....?
tu les vends combien ?

j'y verrais assez facilement un tableau proustien, où la mer et le ciel se complètent, en nuances infimes.
 
Geneviève Asse est d'une famille litteraire, et frequente la litterature. Elle a illustré des poèmes de Anne Baron Supervielle, de bonnefoy. Elle  a très bien connu Beckett et ses beaux tableaux, vus à vannes, Stèles (I, II etc) renvoient à Victor Segalen)
 
noter sa fréquentation de peintres comme  Nicolas de Staël, Poliakoff, Bram Van Velde,
 
 
 
 
 
Geneviève Asse, Stèle n°4, 1996,


une presentation de l'exposition au centre pompidou.