Daniel Morvan, funambule

Lucia Antonia, funambule, Daniel Morvan, Éd. Zulma, 2013

Lucia Antonia et Arthénice sont deux funambules. Jumelles puisque nées le même jour mais pas sœurs. Elles marchent sur des fils, font du trapèze dans le cirque fondé par le grand-père de Lucia Antonia, Alcibiade. Le jour où Arthénice chute mortellement, sa complice est contrainte de quitter le cirque. Elle réside alors dans une presqu’île dans laquelle on récolte le sel. Elle consigne sur des carnets sa vie présente et son passé.

je lemets directement en auteurs francais, car bien avant l'article de l'Express, j'ai entendu du bien par un lecteur enthousiaste. Si vous tombez dessus, le livre est sorti en 2013, saisissez-le !

surprise ! le livre est constitué de petits paragraphes comme XXVI Peur extraits de Canets datés :
 
Carnet I du 14 mars au 25 avril
 
la raison en est donnée p. 27
 

Citation :

les mémoires de mon aieul sont formés de courts paragraphes numérotés en chiffres romains. Apparence savante d'une suite d'anecdotes qui ne forment pas une vraie histoire...

 
 
une famille d'acrobates, donc. Au lecteur de suivre. Il n'y aura pas de mélo.
 
Où se passe l'histoire ? mais dans le pays du sel, la presqu'île de Guérande (gwen ran : le pays blanc)

Lucia Antonia, funambule. Zulma 130 p.
 
Le découpage en paragraphes numérotés, et en  4 carnets successifs, laisse  au Temps le loisir de faire son œuvre.
 
En l’occurrence évoquer la figure manquante, celle de la sœur funambule, devenue « sœur de gouffre » par sa disparition.
 
L’évocation a pour but de faire le deuil,  de mûrir un sentiment de culpabilité, de remonter le courant et de remonter le fil.
 
Un sujet trop personnel pour  être livré au public, d’où cette écriture intime :
 

Citation :

A ce carnet seul, mes secrets.

 

Citation :

Quand le cri seul pouvait articuler la peine, c’est par un carnet comme celui-ci que je retrouvai l’usage des mots.

 
Il faut trouver aussi un refuge, la presqu'île où, à l’image du sel récolté, il faut décanter les souvenirs, laisser reposer les émotions pour éviter qu’elles ne débordent.
 
Les  forains seront peut-être des compagnons de solitude - et de communication, eux qui ont vécu bien des expériences et des itinérances.
 
A la différence d’un tableau qui immobilise, les carnets épousent la mobilité, la transformation progressive, et une évolution, peut-être une décision.
 

Citation :

Je ne suis heureuse que sur un fil
Je ne suis heureuse que pensant à elle.

 
Alors, recommencer,  pour remonter …
 
Avec l’aide de qui saura tendre le fil de la funambule, comme une corde de sauvetage ?