Mohammed Kacimi (Algérie)

Abraham est-il bien ce patriarche austère qui, sans hésiter, s'est exilé de Mésopotamie avec son peuple pour obéir à Dieu ? Mohamed Kacimi l'imagine au contraire taraudé par le doute, nous racontant ses errances, son amour pour sa femme Sarah, son désir de paternité.

Cet homme assailli par ses émotions a-t-il vraiment, par soumission à la volonté divine, accepté sans sourciller de sacrifier son fils Isaac ? Déboulonner un mythe et en faire un homme, inviter par l'humour et la tendresse à une critique lucide de la religion et de ses excès : tel est le pari réussi de Mohamed Kacimi.

ce thème me plaît bien !

L'intégrisme commence quand l'homme perd son sens de l'humour ! Mohamed Kacimi, écrivain et auteur de théâtre, part de sa propre histoire algérienne dans les années 1960 pour retourner tous les clichés et nous donner une lecture de ce monde arabe et musulman pleinement inscrit dans la complexité méditerranéenne. Dans cette langue française où il a appris à dire "je", Kacimi raconte avec beaucoup de sensibilité et un sens magistral du détail ce qui tisse l'entre-deux et nourrit tant de malentendus.

Au fil de ces pages, une autre histoire apparaît, qui est d'abord celle d'une rupture avec l'Algérie officielle et d'un départ vers Paris. Viennent ensuite de nombreux périples, à la Mecque, Sanaa, Le Caire, des "Illuminations" à Beyrouth, un retour à Alger ou la découverte de Jérusalem et de son théâtre cruel. Autant de voyages initiatiques qui ne laissent pas indemnes. Les draps sont froissés après l'amour... "

Il faut chercher le bonheur jusque dans la catastrophe", lui confiait son grand-père. C'est avec beaucoup d'amour et d'humour que Kacimi se montre fidèle à ce bel héritage.

ce ton là me plaît bien aussi.

Citation :

Le voile, un symbole de 3.000 ans de machisme religieux.

Le voile est commun aux trois religions monothéistes.

Regard d'un écrivain algérien sur un signe religieux qui, selon lui, est un marqueur de soumission de la femme à l'homme

et ce petit article merite bien qu'on lise cet auteur.

ce lien est fort intéressant !

j'ai déjà un livre de lui : Naissance du désert avec chantal Dagron chez Balland. Pour les autres titres, on verra, mais c'est programmé.

Naissance du désert avec chantal Dagron chez Balland

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Il écrit bien, Kacimi,

« lire le désert est imiter le geste de ces voyants du Maghreb qui, à force de scruter les visages du sable, savent prédire l’avenir. Ils écoutent les prières les soucis, les attentes, les rêves de ceux qui viennent les supplier. Ils se concentrent alors longuement, psalmodient, les yeux fermés, quelques versets du Livre, versent lentement devant eux le sable que contient leur gibecière, le lissent de leur paume, le caressent, l’effleurent à peine, l’auscultent du bout des doigts, puis soudain se figent, crient le nom de Dieu, et brusquement d’un jet d’index, balafrent le sable d’une formule ésotérique. »

et s’interroger sur le désert vaut la peine. Promettrait-on des oasis fertiles, des terres d’abondance et des femmes superbes, si la peur du désert n’était pas le pain quotidien et la lutte incessante de population pour survivre ?

Comment les anciens (Hérodote, Strabon, Quinte-Curce, Pline) ont-ils crée une image du désert ? L’Égypte serait-elle un don du Nil ou une recluse du désert ?

Il est bon d’inverser les points de vue. Mohammed Kacimi se lit facilement, excellent guide dans des chapitres courts, nourris de culture et d’images poétiques.

Ce n’est pas pour rien qu’il donne une « bibliographie sommaire », réduite à l’essentiel,(avec beaux extraits !) où figure Bachelard et sa « poétique de l’espace ».

Naissance du désert avec chantal Dagron chez Balland.

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Plaisir de parcourir les représentations du désert que relève Kacimi. Les extraits de Saint Jérôme plaident en sa faveur, et si on passe plus rapidement sur les symboliques du désert dans la Bible, on goûte l’analyse des éléments fantastiques dans les récits arabes, avec les Djinn et bien d’autres créatures peu recommandables….

« Ce florilège de monstres est greffé autour de deux obsessions, deux points névralgiques de l’imaginaire nomade, le désir et le chemin, la femme et la piste ! »

Pour traduire le désert, et vaincre la peur qu’il inspire, les poèmes ante-islamiques déploient leurs virtuosités :

« Au dérèglement du désert s’oppose le chant rythmé, ô combien d e la langue. Celle-ci, déclamée, emprunte ses pistes de scansion et de rime. Elle monte dans la nuit païenne chemin intangible de syllabes et de mètres pour affronter l’effroi des dunes. Le chant découd le néant;

Le poème franchit les étendues sémantiques les plus périlleuses pour se réaliser. Qacida, poésie répétitive, lancinante ; foule d’images insolites, cascades de métaphores inouïes, ruptures soudaines du récit, digressions brutales, associations paradoxales et comparatives. »

Toute cette diversité prendra fin avec l’Islam et la volonté de Mohammed, très contesté par les Quraychites, - qui lui auraient bien « fait la peau », d’instaurer une parole absolue, celle d’un Dieu dont il se veut le seul interprète, se parant au passage d’habits et de pratiques empruntés au christianisme.

Par exemple, la beauté incroyable du désert du Sinaï, vouée à l'inspiration la plus nue, et toutes empreintes du mysticisme par une nature aussi abrupte que généreuse.





Ce monsieur Kacimi me parle !

il me parle à moi aussi, Kacimi, avec son analyse sur le port du voile à travers les siècles et les différentes religions. Il donne son avis sur cette aberration, cette intrusion de l'homme dans des textes qu'aucun Dieu, quel qu'il soit, n'a jamais édicté ! Quelle idée avons-nous des hommes, nous les femmes, après avoir pris connaissance de cette analyse ? des primates incapables de maîtriser leurs bas instincts, se référant à d'improbables dieux pour couvrir leurs méfaits, leur odieux mépris envers la créature qui leur a été donnée pour compagne !
Il se démarque de son propre peuple, il apporte des informations fiables, un éclairage sur des pratiques qui sont affreuses.
je vais lire naissance du désert pour l'entendre encore me parler.