proust et la grande librairie

Jeudi 09 mai

à 20h50 france 5

En 1913 paraissait «Du côté de chez Swann», le premier volume du célèbre roman de Marcel Proust «A la recherche du temps perdu». Cent ans après, François Busnel raconte en compagnie de ses invités l'histoire de ce chef-d'oeuvre de la littérature française, refusé par trois éditeurs avant d'être lu dans le monde entier. Autour de lui quatre spécialistes : Antoine Compagnon, qui a publié «Proust: la mémoire et la littérature», Evelyne Bloch-Dano, auteur de «Madame Proust», le philosophe Raphaël Enthoven et l'écrivain Jean-Yves Tadié.

des invités de qualité

Pour moi ce sera Proust avec la grande librairie.

Compagnon fait regulièrement un tabac au collège de France où dans trois salles munies de téléviseurs ses adeptes attendent ses analyses de textes où, à partir d'un fragment et des corrections du manuscrit, il achemine son auditoire vers l'essence de la Recherche, sans pontifier.

J'en ai d'excellents échos, comme de ses conférences précédentes sur l'année 1967 (en gros les prémices de 68 dans le paysage culturel français).

il est l'auteur, notamment, du cas Bernard Faÿ, du collège de FRance à l'indignité nationale, paru chez Gallimard.

J'en ai appris énormément ce soir sur Marcel Proust, j'étais réticente à le lire, je pense que maintenant je l'approfondirais plus.
Etonnée d'entendre dire qu'il était à la fois philosophe, (en relation avec Montaigne et Nietzche) et d'apprendre qu'il écrit un roman dans un roman avec la recherche du temps perdu..vision d'un ensemble et vision du détail à la fois, écriture élaborée, découpée, mémorisée et mis en page d'un façon magistrale.
Narration d'une époque troublée, la première guerre mondiale , sa maladie, description d'un personnage, le fait de faire rire sans rire.

oui,.je le lirais avec un certain plaisir.

un petit extrait:
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Odette fit à Swann "son" thé, lui demanda: "Citron ou crème?" et comme il répondit "crème", lui dit en riant: "Un nuage!" Et comme il le trouvait bon: "Vous voyez que je sais ce que vous aimez." Ce thé, en effet, avait paru à Swann quelque chose de précieux comme à elle-même, et l'amour a tellement besoin de se trouver une justification, une garantie de durée, dans des plaisirs qui au contraire sans lui n'en seraient pas et finissent avec lui, que quand il l'avait quitté à sept heures pour rentrer chez lui s'habiller, pendant tout le trajet qu'il fit dans son coupé, ne pouvant contenir la joie que cet après-midi lui avait causée, il se répétait: "Ce serait bien agréable d'avoir ainsi une petite personne chez qui on pourrait trouver cette chose si rare, du bon thé."
Marcel Proust, Un amour de Swann

Ton texte est bien choisi, et illustre bien le comique de Proust, brièvement évoqué dans l'émission, avec des personnages ridiculess comme Madame Verdurin, qui s'était décroché la mâchoire dans un rire complaisant. Les scènes comiques aussi, mais les façons de parler de certains personnages, comme Norpois l'ambassadeur à la langue emphatique, ou Cottard, l'auteur des bons mots qui tombent à plat.

Et cette vision humoristique du bonheur de Swann devant le thé d'Odette ! merci Soussou !

L'émission a donc joué son rôle si elle t'a donné, Soussou, envie de lire Proust. Pourtant le présentateur m'a paru manquer d'une qualité essentielle, l'écoute d'autrui. Quant à transformer, comme il le disait, La Recherche "en livre de plage", je doute car on s'immerge dans Proust, en oubliant les cris des enfants et les sollicitations extérieures.

il était interessant de voir les carnets/cahiers de Proust, et ses paperolles, volets latéraux ou verticaux qui ajoutent des précisions - ou des commentaires fournis, à certains épisodes.

Les remarques de Compagnon, toujours discret, s'intéressaient aux lectures de Proust, jusque dans les traductions, très révélatrices comme on le sait, des interprétations des traducteurs.

On avait là un bel exemple de ses séances au collège de France puisqu'il a parlé essentiellement des deux premières pages de "Du côté de chez Swann".

A des auteurs comme Tadié ou Compagnon, on ne coupe pas la parole, sire Busnel.

Au début de l'entretien, la question posée : "comment avez-vous rencontré Proust ? " montrait l'influence de professeurs, notamment en hypokhâgne : ils avaient cité Proust comme l'exemple à ne pas suivre, avec des phrases trop longues etc.

Comme quoi les élèves avaient bien réagi en se mettant à cette lecture moquée et déconseillée !