Limbes

Par les rayons lumineux et la rosée du matin
Limpide et claire comme une larme
On s’éveille, l’esprit confus, sans idées et sans visions
Une brise légère caresse le monde
Horizons lointains, points d’achèvements
Avaloirs de rêves
Pieds scellés par la tristesse imprimée sur les visages
Tatouages d’amertumes
Haute mer houleuse, squales aux yeux étincelants
Rouge sang des barques iodées
Meurtres des vagues qui s’enroulent
Ressacs des cailloux tranchants
Adultère des nations.

Bassin des poètes de dieu
Quatre milles ans d’identités versatiles
Souk aux djinns décrépits
Ronces et épines des pays maudits
Epices grisantes des cuisines des rois
Ondulations des ventres
Sous les lumières qui scintillent.

Fantômes des civilisations mortes
Qui sommeillent dans l’oubli
Loin des bannières qui virevoltent
Dans les basses cours des palais
Sablier du temps qui passe
Jeunesse des dunes que le vent emporte
Si loin des quais
Et qu’on remonte
Aux bouts des cordes mouillées.


Ali plia la feuille en quatre et la glissa dans la poche droite de sa chemise blanche de légiste, soudain envahi par un sentiment de dégoût insurmontable, il s’affala sur le siège en skaï noir. Il n’avait pas ce jour là à scier un corps, identifier une quelconque substance susceptible de tuer par meurtre ou suicide, le corps allongé sur la tôle froide et qui n’était plus qu’un tas de chaire amorphe et blanchâtre, gonflée par l’eau de mer partait en lambeaux comme pour lui interdire tout contact. M.B, 23 ans, mort par noyade en tentant de rejoindre clandestinement à bord d’une embarcation de fortune les côtes espagnoles.

oui, c'est triste.

rappel

Citation :

On aime les echanges : tu postes sur un livre, un film, une musique, et quelqu'un te répond si ton post l'inspire.

Citation :

On espère te lire bientôt : tu as le choix entre te présenter

c'est ici

https://grain-de-sel.1fr1.net/accueil-et-presentations-f20/

ou entrer dans le vif d'un auteur ou d'une discussion,

c'est comme tu veux, !

la présentation permet quand même de bien s'intégrer au groupe, et les grains sont gentils quand on leur dit bonjour (rire)

Tu n'es décidement pas très bavard, Archenumide ; qu'au moins ton passage serve à corriger ton texte.

Spoiler:

L’ange est passé, de ses ailes toute la vallée a été couverte d’une ombre noire, noir comme tous les tourments qui déchirent ma vie et que j’entrevois gratifié entre les griffes de cette créature divine. La foule semblait agitée. Je t’aperçois parmi la foule, douce comme un enfant et innocente comme cet ange. J’avais la sensation de tomber perpétuellement, si ça ne tenait qu’à moi je me serais laisser glisser dans cet abîme sombre où l’écho de mes prières ne parviendrait plus au ciel, mais ta main m’avait happé. Qu’importe où tu m’entraînais, j’étais tout à toi. Nous avons longé cette petite route bordée de roseaux jusqu’en haut de la colline verte. Sous l’arbre solitaire, les pétales des fleurs de l’amandier tournoyaient et tombaient lentement sur l’air doucereux du mois de mars. Tu levais tes yeux au ciel, tu flirtais presque avec les nuages qui s’entremêlaient dans tes cheveux de méduse. Tu étais toute douceur, amère douceur d’une brise, d’une lumière, d’un nuage blanc flottant sous le ciel azur. Je humais les effluves enivrants des fleurs sauvages et je ne pus m’empêcher de penser à cette machine que tu avais dans le ventre, la machine à faire des enfants, mettre des anges au monde et les regarder chaque matin traîner leurs cartables lourds. On n’apprend pas à vivre puisque apprendre c’est déjà vivre, c’est descendre une pente raide en courrant, on ne s’arrête pas, si on s’arrête on tombe et les chutes sont perfides, les chutes sont perfides parce que la terre est dure, la terre est dure car l’homme a trop marché dessus. J’avais fermé les yeux pour saisir toute ta beauté. Je n’avais pas prêté attention aux hurlements des loups, à l’écaille qui déchirait la peau et sous l’écaille à la mécanique qui jouait sa musique sanguinaire. Un instant d’inattention de l’ange gardien et tu n’étais plus là. La foule t’avait arraché d’entre mes bras me laissant à mes tourments vertigineux. Je tombe, je tombe et j’ai si peur de tomber.

Lobotomie frontale, extraction de la haine viscérale…….

Routine affreuse des journées trop ordinaires, disposer les tasses chacune à sa place, dire bonjour et se taire, faire semblant d’être une famille, imiter la vie, ce n’est pas vraiment vivre, vivre est une écorchure qui parcours le corps en filigrane, un souffle glaçant qui flâne de terre en terre à travers les âges.

Il faut bien donner la béquée à ses oisillons mais il faut bien plus que les pauses café ou les congés de maternité pour cueillir la fatigue des jours, bien plus que les cadres en bois vernis au dessus de la cheminée, la tombe d’un proche ou d’un inconnu reste une tombe, la pierre dessus la terre, la vérité dessous le mensonge. L’humain n’est pas au bout des chaînes de montages moribondes qu’on déclasserait à la moindre innovation technologique, l’humain est dans les méandres des tourments, dans les tourbillons de la maladie, l’humain est dessus les sièges roulants, l’humain est une main maigre, peut être une main d’aveugle tendue au détours d’une rue à l’ombre d’un oranger, l’humain est un enfant de six ans qui vous fait signe à travers la vitre arrière de la voiture qui vous précède. Par les ruines qui tombent, parmi les gravats poussiéreux, sous le bruit des bombes et les décombres des villes en feux, par un séisme, un attentat inopiné. Il est si peu l’humain, il ne tient à rien, à la célérité des pompiers, à la courbe montante, descendante des indices boursiers,à l’amour, à la haine, aux suffrages universelles, à la calottes glaciaire, à la survie de l’ourse polaire.

Une larme coule, ça brûle les joues , ça réconforte ….

Et si tes yeux surprennent sa beauté

N’en souffle mot à personne

Soulève ton pied, et d’un pas léger

Viens tel un voleur

Ecouter la douce nuit tomber

Le disque s’arrête, quelques notes en restent, amères de légèreté et douloureuses de beauté, suspendues dans le vide et dont l’intensité diminue à mesure qu’on ouvre les yeux et que la lumière se hâte d’engloutir le rêve, demeure le silence et le l’insipide sentiment d’avoir gâché sa vie.

Elle est heureuse, enfin heureuse et moi, idiot je joue à l’espion, je rase les murs et lui avec son monospace de mari idéal et ses gestes de médecin, d’ingénieur, d’architecte. La vie me sort des yeux à force de rêver, des yeux d’écorché vif, des yeux de mille ans, les adolescents exagèrent tout , moi je n’exagérais en rien, j’y croyait dur comme fer , je n’allais pas devenir comme eux, ces hommes nouveaux, l’aboutissement de siècles de ruées vers l’or, de vrombissements, d’explosions, de pétrole, de guerres, fils conducteurs, stations géostationnaires, une hémorragie de la terre étripée par la lame acérée, inoxydable du sabre de l’industrie. et quand vient le soir, extinction des feux , ordre de dormir, penser la chose, créer du besoin, plaider avec une foi inébranlable en ce besoin, emballer dans des cartons, bâtir un empire, embaumer le monde et gravir les échelons, alpinisme immoral ……..
Te souviens-tu de ce petit arbre qui avait poussé dans la fissure d’un mur, j’y ai repassé il n’y a plus de mur, à la place s’élève majestueusement un arbre dont je ne connais pas l’espèce, partout où on laisse à la vie la moindre chance de reprendre elle la saisissait, elle prospérait…je ne retiens pas les noms, des lieux, des personnes, est-ce que j’ai rêvé, suis- je mort? Je ne suis plus adolescent, time machine, deux petits tours , trois mouvements et deux décades engloutis dans le néant c’est fou le fil ténu entre le moment où on se dit qu’il est encore tôt et l’instant où on se rend compte qu’il est déjà trop tard ....nous naissons comme naissent les gnous dans la savane ; à peine nos pieds foulent la terre qu’ils nous faut déjà courir mais moi je me fatiguais trop vite, je suis peut être le résultat de plusieurs vies antérieures et par l’usure des réincarnations je ne suis plus qu’un tas d’os informe, une bête titubante qui a perdu sa grâce, les yeux livides et tristes.
une lumière incandescente gicle du téléviseur, je me fais borgne ,avec deux yeux ouverts ma vision se brouille, une vinasse à 350 Da le litre saoule autant qu’un whisky vieux de trente ans , je découvre une autre vertu à l’ivresse la justice…. et cependant que les images défilent en bombardant les murs, que des hommes en costumes noirs pérorent inlassablement des discours soporifiques emplissant l’air des palais et des ministères, cependant que les armes grondent au dehors, que les ventres crient famine, que les saintes myriades et les meutes surexcitées avancent inexorablement vers des destins inconnus. gît sur le sol glacé une silhouette, une ombre inconnue, la pensée errante.
Elle est heureuse et moi j’éttouffe sous des pelletés de mensonges et je me surprends à rêver de vérité.