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| | Léo Ferré Poète | |
| | Auteur | Message |
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Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 09:12 | |
| La jalousie
Dis-moi la jalousie comment ça fait comment ça vient Comment ça va Dis-moi comment ça s´fringue aussi la jalousie dis-moi Avec des bas tirés dessus comme une arme qui se dégaine Et qui poursuit des rêves vieux de cent mille ans Avec au creux des dents de loup Dis-moi la jalousie quand ça te prend Au fond d´un lit où tu es seul Avec dans le plafond des araignées Qui tissent un peu de ta mélancolie Que tu prendras demain matin sur l´autoroute A te traîner aux portes de Paris
Dis-moi la jalousie comment ça fait comment ça vient Comment ça va Dis-moi comment ça fait des trous la jalousie dis-moi Avec des yeux qui sont doublés comme un radar qui se souvient En pleine nuit de mille autres yeux tout cernés Avec au fond des revolvers Dis-moi la jalousie quand ça te prend Au bord du gouffre où tu es seul Avec au fond dans la vallée du sang Versé dans les poubelles de l´amour Dans les fanfares du retour sur l´autoroute A te rentrer dans ta banlieue Dis-moi
Dis-moi la jalousie comment ça fait comment ça vient Comment ça va Dis-moi comment ça tue le temps la jalousie dis-moi Avec le chrono dans le cœur que tu n´arrêteras jamais A moins qu´il ne s´arrête en plein milieu d´un lit Meuble à deux à deux sans toi Dis-moi la jalousie quand ça te prend Au fond du creux dans la géométrie de ta banlieue avec ses mains Qui grattent au ciel Dis-moi les revolvers C´est pas fait pour les chiens et si tu n´es qu´un chien T´as qu´à rentrer dans ta niche à moins que
A moins que... A moins que...
Allez... Tire-toi! | |
| | | Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 09:20 | |
| A une chanteuse morte
T´avais un nom d´oiseau et tu chantais comme cent Comme cent dix mille oiseaux qu´auraient la gorge en sang À force de gueuler, gueuler même des conneries Mais avec quelle allure! T´étais un con de génie T´étais un con de génie
T´avais un nom d´oiseau et la voix d´Attila On t´entendait d´ici, on t´écoutait d´ là-bas T´étais à toi toute seule le "Bal des petits lits noirs" Un Wagner de carrefour, un Bayreuth de trottoir Un Bayreuth de trottoir
Et y avait dans tes mains comme une bénédiction Et comme tu t´en servais pour bénir tous ces cons Ces cons gentils, émus, qu´on appelle les gens Qui, devenant public, deviennent intelligents Deviennent intelligents
C´est pas toujours le cas, bien sûr, même à Paris Les auteurs de la merde, il faut que ça mange aussi Toi, tu t´es débrouillée pour passer au travers T´aurais chanté France Soir comme de l´Apollinaire Comme de l´Apollinaire
On t´a pas remplacée, bien qu´on ait mis l´ paquet Le pognon et ton ombre, ils peuvent pas s´expliquer Sous les projos miracle et sous la lampe à arc Quoi que pense et que dise et que fasse monsieur Stark (*) Et que fasse monsieur Stark
Arrêtez! Arrêtez la musique!
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| | | Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 10:28 | |
| Christie...
Christie... Christie quand je t´ai vue plonger Mes vergues de roc où ça cogne Des feuilles mortes se peignaient Quelque part dans la Catalogne
Christie... Le rite de mort aperçu Sous un divan de sapin triste Je m´en souviens, j´étais perdu La Camarde est ma camériste
C´était un peu après midi Tu luisais des feux de l´écume On rentrait dans la chantilly Avec les psaumes de la brume
La mer en bas criait ton nom Ce poudrier serti de lames Où Dieu se refait le chignon Quand il se prend pour une femme
Christie...Christie... Christie
Christie, mon encre Waterman Me fait ton mousse d´algues douces La mort est comme un policeman Qui passe sa vie à mes trousses
Christie... Je prendrai le train de marée Avec le rêve de service A dix-neuf heures GMT Vers l´horizon qui pain d´épice
Christie du tort et du malheur Christie perdue des revoyures Nous nous reverrons sous les fleurs Qui là-bas poussent des augures Tous mes chevaux viendront te voir Au fond de moi quand tu voudras Ils te traîneront dans l´espoir Comme tu traînes dans mes bras
Christie... Christie... Christie...
Je fais tes bars américains Et je mets tes squales en laisse La mort aboie dessous mon bien Elle nous laissera son adresse
Christie Je suis triste comme un paquet Sémaphorant à la consigne Quand donnera-t-on le ticket A cet employé de la guigne?
Pour que nous partions dans l´hiver Des brebis mortes au vent qui bêle Mangent du toc sous les feux verts Que la mer allume sous elle Avec des yeux d´habitants louches Qui nagent dur dedans l´espoir Beaux yeux de nuit comme des bouches Qui regardent des baisers noirs
Christie... Christie... Christie
Christie, quand tu viens de la mer Tu m´envoies ton odeur genièvre Ça bêle dur dans ce désert Les moutons broutent sur tes lèvres
Christie Et ta houle les entretient Leur laine tricote du large De quoi vêtir les yeux marins Qui dans tes vieux songes déchargent
Ô lavandière du jusant Les galets mouillés que tu laisses J´y vois comme des culs d´enfants Qui dessalent tant que tu baisses Ils frôlent un peu de l´horizon Ta parallèle à peu près jointe Et c´est un peu de ta maison Ta lumière qui s´est éteinte
Christie... Christie... Christie...
Christie, ça sent le poivre doux Quand ton crépuscule pommade Et que j´enflamme l´amadou Pour mieux brûler ta chair malade
Christie Ô ma frégate du palier Sur l´océan des HLM Ta voilure est dans l´escalier Reviens vite que je t´emblème
Toi dont l´étoile fait de l´œil A ces astronomes qu´escortent Des équations dans leur fauteuil A regarder des flammes mortes La galaxie a pris le deuil Depuis que ton étoile chante Et que dans le fond de tes lèvres Toute l´Espagne se lamente
Christie... Christie... Ho ho ho ho ho ho ho... ho ho! Ho ho ho ho ho ho ho... ho ho! Christie... Ouais! Christie... Ouais! | |
| | | Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 12:04 | |
| Dieu est nègre
Y avait dans la gorge à Jimmy Tant de soleil à trois cents balles Du blues, du rêve et du whisky Tout comme dans les bars de Pigalle Dieu est nègre!
C´est à la une des quotidiens Ça fait du tort aux diplomates Jimmy l´a vu au p´tit matin Avec un saxo dans les pattes Dieu est nègre!
Armstrong est reçu chez le président Il y est allé sans sa trompette Depuis qu´il est entré là-dedans C´est plus du blues, c´est la tempête Dieu est nègre!
Ça fait du bruit dans le monde entier À faire danser tous les cimetières Les orgues à Saint-Germain-des-Prés En perdent le souffle et la prière Dieu est nègre!
Il a des p´tits cheveux d´argent Qui font au ciel comme des mirages Et dans sa gorge y a du plain-chant Comme dans les bars du Moyen Âge Dieu est nègre!
Et dans la gorge à mon Jimmy Y a du soleil à trois cents balles Du blues, du rêve et du whisky Comme dans les bars de Pigalle Dieu est nègre!
Et dans l´aube grise et toute glacée Jimmy s´endort dans l´ caniveau En jouant d´ la trompette bouchée Dans sa bouteille de Jéricho Pauvre et maigre! | |
| | | Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 12:08 | |
| Judas
J´ t´en veux pas, mon vieil Iscariote, Tu m´as donné pour quelques ronds Sans doute que t´avais tes raisons J´ t´en veux pas, mon vieil Iscariote
C´est pas d´ ta faute si t´es comme ça Mais c´ qui m´chagrine, oh, pas des tas C´est qu´ tu t´ disais mon vrai p´tit pote Comme on n´en fait plus sur la Terre Et puis, j´ t´en fous, tu m´as fait faire Comme un miteux, comme un pauv´ mec C´est ça, vois-tu, qui m´ désespère Tes magnes et tes salamalecs Tes embrassades, etcétéra
Avec une gueule comme celle que t´as Bravo, mon vieux, chapeau, mon gars! T´as du talent, il faut qu´ tu t´ pousses Tu devrais donner dans la rousse On est peinard, on peut trahir Seulement voilà, il faut choisir Être dégueulasse ou bien seigneur Toi, t´as pas d´ mal, tu n´as pas d´ cœur
J´ t´en veux pas, mon vieux Iscariote, C´est pas d´ ta faute, c´est dans la peau C´est des trucs puissants les bank-notes Mais une autre fois, vas-y franco Viens donc me voir et j´ te f´rai l´ prix C´est pas que j´ râle pour c´ que j´ t´en dis T´as pas pensé à mon standing Tu t´as gouré et c´est tant pis
La prochaine fois, ne m´oublie pas Mon vieux copain, mon vieux Judas, J´ valais beaucoup plus cher que ça! | |
| | | Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 12:33 | |
| L'étang chimérique
Nos plus beaux souvenirs fleurissent sur l´étang Dans le lointain château d´une lointaine Espagne Ils nous disent le temps perdu ô ma compagne Et ce blanc nénuphar c´est ton cœur de vingt ans
Un jour nous nous embarquerons Sur l´étang de nos souvenirs Et referons pour le plaisir Le voyage doux de la vie Un jour nous nous embarquerons Mon doux Pierrot ma grande amie Pour ne plus jamais revenir.
Nos mauvais souvenirs se noieront dans l´étang De ce lointain château d´une lointaine Espagne Et nous ne garderons pour nous ô ma compagne Que ce nénuphar et ton cœur de vingt ans
Un jour nous nous embarquerons Sur l´étang de nos souvenirs Et referons pour le plaisir Le voyage doux de la vie Un jour nous nous embarquerons Mon doux Pierrot ma grande amie Pour ne plus jamais revenir
Alors tout sera lumineux mon amie Et vogue vogue la galère Lundi mardi et mercredi C´est la semaine de misère Et vogue vogue la galère Je ferai maigre vendredi Pendant que tu feras la guerre
Et vogue vogue la misère Si tu me donnes un vieux penny Je te sauverai des galères Et vogue vogue la misère Je ne connais pas les ennuis Car je les noie dans la bière
Et vogue vogue la galère C´est le destin que j´ai choisi Je suis le roi de mes chimères Et vogue vogue la galère Mais je préfère le whisky A la semaine de misère. | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 13:17 | |
| très belle, cette dernière ! mais j'ai un vraiment gros faible pour Avec le temps... même si elle ne me rend pas particulièrement gaie.... | |
| | | Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Dim 17 Mar 2013, 15:41 | |
| Les corbeaux
Seigneur, quand froide est la prairie, Quand dans les hameaux abattus, Les longs angélus se sont tus Sur la nature défleurie Faites s´abattre des grands cieux Les chers corbeaux délicieux {x2}
Armée étrange aux cris sévères, Les vents froids attaquent vos nids! Vous, le long des fleuves jaunis, Sur les routes aux vieux calvaires, Sur les fossés et sur les trous Dispersez-vous, ralliez-vous! {x2}
Par milliers, sur les champs de France, Où dorment des morts d´avant-hier, Tournoyez, n´est-ce pas, l´hiver, Pour que chaque passant repense! Sois donc le crieur du devoir, Ô notre funèbre oiseau noir! {x2}
Mais, saints du ciel, en haut du chêne, Mât perdu dans le soir charmé, Laissez les fauvettes de mai Pour ceux qu´au fond du bois enchaîne, Dans l´herbe d´où l´on ne peut fuir, La défaite sans avenir. {x2} | |
| | | Razorbill Animation
Nombre de messages : 4361 Date d'inscription : 07/10/2011
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Lun 18 Mar 2013, 10:45 | |
| Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Tout est affaire de décor Changer de lit changer de corps A quoi bon puisque c´est encore Moi qui moi-même me trahis Moi qui me traîne et m´éparpille Et mon ombre se déshabille Dans les bras semblables des filles Où j´ai cru trouver un pays.
Cœur léger cœur changeant cœur lourd Le temps de rêver est bien court Que faut-il faire de mes jours Que faut-il faire de mes nuits Je n´avais amour ni demeure Nulle part où je vive ou meure Je passais comme la rumeur Je m´endormais comme le bruit.
Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent.
C´était un temps déraisonnable On avait mis les morts à table On faisait des châteaux de sable On prenait les loups pour des chiens Tout changeait de pôle et d´épaule La pièce était-elle ou non drôle Moi si j´y tenais mal mon rôle C´était de n´y comprendre rien
Dans le quartier Hohenzollern Entre la Sarre et les casernes Comme les fleurs de la luzerne Fleurissaient les seins de Lola Elle avait un cœur d´hirondelle Sur le canapé du bordel Je venais m´allonger près d´elle Dans les hoquets du pianola.
Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent.
Le ciel était gris de nuages Il y volait des oies sauvages Qui criaient la mort au passage Au-dessus des maisons des quais Je les voyais par la fenêtre Leur chant triste entrait dans mon être Et je croyais y reconnaître Du Rainer Maria Rilke.
Elle était brune elle était blanche Ses cheveux tombaient sur ses hanches Et la semaine et le dimanche Elle ouvrait à tous ses bras nus Elle avait des yeux de faïence Elle travaillait avec vaillance Pour un artilleur de Mayence Qui n´en est jamais revenu.
Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent.
Il est d´autres soldats en ville Et la nuit montent les civils Remets du rimmel à tes cils Lola qui t´en iras bientôt Encore un verre de liqueur Ce fut en avril à cinq heures Au petit jour que dans ton cœur Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent. | |
| | | Bragi pilier
Nombre de messages : 58 Date d'inscription : 25/04/2013
| Sujet: Re: Léo Ferré Poète Ven 26 Avr 2013, 10:13 | |
| Ah, Petite ! Une des plus belles chansons de Léo Férré, je trouve :
Tu as des yeux d'enfant malade Et moi j'ai des yeux de marlou Quand tu es sortie de l'école Tu m'as lancé tes petits yeux doux Et regardé pas n'importe où Et regardé pas n'importe où
Ah! petite Ah! petite Je t'apprendrai le verbe "aimer" Qui se décline doucement Loin des jaloux et des tourments Comme le jour qui va baissant Comme le jour qui va baissant
Tu as le col d'un enfant cygne Et moi j'ai des mains de velours Et quand tu marchais dans la cour Tu t'apprenais à me faire signe Comme si tu avais eu vingt ans Comme si tu avais eu vingt ans
Ah! petite Ah! petite Je t'apprendrai à tant mourir A t'en aller tout doucement Loin des jaloux et des tourments Comme je jour qui va mourant Comme je jour qui va mourant
Tu as le buste des outrages Et moi je me prends à rêver Pour ne pas fendre ton corsage Qui ne recouvre qu'une idée Une idée qui va son chemin Une idée qui va son chemin
Ah! petite Ah! petite Tu peux reprendre ton cerceau Et t'en aller tout doucement Loin de moi et de mes tourments Tu reviendras me voir bientôt Tu reviendras me voir bientôt
Le jour où ça ne m'ira plus Quand sous ta robe il n'y aura plus Le Code pénal | |
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| Sujet: Re: Léo Ferré Poète | |
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| | | | Léo Ferré Poète | |
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