Charlotte delbo

Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d'une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d'intensité au-delà duquel il ne reste que l'inconscience ou la mort. Elle n'a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; à peine parfois des prénoms. Car il n'est plus de place en ces lieux pour l'individu.

Avec son mari, elle entre dans la Résistance en 1941 et fait partie du « groupe Politzer », responsable de la publication des Lettres françaises dont Jacques Decour était rédacteur en chef. Ils sont arrêtés le 2 mars 1942 et Georges Dudach sera fusillé au Mont Valérien, le 23 mai 1942, à l'âge de 28 ans. D'abord incarcérée à la Santé, à Paris, elle est transférée à Romainville, le 24 août 1942, avant d'être déportée à Auschwitz, par le convoi du 24 janvier 1943 - un convoi de 230 femmes dont elle racontera le destin, après la guerre. Elle est l'une des 49 femmes rescapées de ce convoi et portera, le reste de sa vie, le numéro 31661 tatoué sur le bras

notice aux éditions de Minuit.

le poeme entier, extrait d'Une connaissance inutile

Charlotte Delbo, par Violaine Gelly et Paul Gradvolh,
Fayard, 324 p.

Qui rapportera ces paroles? et autres écrits inédits, par Charlotte Delbo,
Fayard, 576 p.

un article de présentation

Je n'ai pas encore lu " Aucun de nous ne reviendra " .

Merci Rotko , de ton apport , si enrichissant .

En revanche , pour connaître aussi cette auteur , je vous conseille un entretien avec Jacques Chancel lors de son émission "

Radioscopie " de 1974 .

Elle peut-être écoutée gratuitement sur : Charlotte Delbo , Ina , Radioscopie , Jacques Chancel .

Soit durant quelques minutes , ou à l'achat ( une heure , et acquise définitivement ) .

Je viens de la récouter partiellement .

A cette époque , elle avait porté au Théâtre Cyrano , une pièce " Théâtre Camp de Concentation ) dont le thème était :

Auschwitz , où elle a passé 27 mois .

Quelques paroles notées au cours de cet entretien :

" Cet enfer , a été porté au théâtre pour ne pas oublier , mais aussi vouloir porter à la conscience les faits qui doivent rester

dans l'Histoire , d'où le langage théâtral .

Par le biais de la scène , on entend les mots proférés , la parole existe .

A travers la lecture d'un livre , l'approche est differente , on est seul , on peut relire , les mots peuvent nous toucher , les

mots existent .

Ce livre , dont le titre est tiré d'Appolinaire , je m'étais promis de l'écrire dans vingt ans , si je sortais de ce camp de la

mort ".

Pour terminer , Charlotte Delbo a été la secrétaire de Louis Jouvet .

Charlotte Delbo de Violaine Gelly et Paul Gradvohl 324 p chez Fayard.

Aux États-Unis, elle est considérée comme l’équivalent d’un Primo Levi. En France, son œuvre littéraire et théâtrale est lue et jouée depuis quarante ans. Mais qui connaît réellement Charlotte Delbo, morte en 1985 ? Pour la première fois, une biographie rend hommage à cette femme d’exception.

Spoiler:

A lire les 50 premières pages, cette biographie paraît de bonne qualité, citant les textes de Charlotte D, s'interrogeant sur les lacunes d'une biographie etc.

Le sujet passionne : une femme engagée politiquement et sentimentalement. On voit aussi l'entourage intellectuel, conscient au milieu d'une certaine asthénie. Défilent des noms et personnages connus, comme Henri Lefévre ou Jeannette Casanova, par exemple.

Cette biographie, parue en 2013, alterne les épisodes avec des poèmes ou des écrits de Charlotte Delbo.
La documentation est soumise à vérification, les allusions éclaircies, le contexte précisé.

Citation :

Nous nous sommes ici assigné un seul objectif : faire revivre Charlotte Delbo pour donner envie aux lecteurs de découvrir ses textes. Rendre vie à l'écrivaine, c'est aller interroger son texte. Pas son expérience, pas son authenticité mais ses silences, ses ellipses....

Un grande sobriété dans la description de la vie des camps : Auschwitz, Birkenau, Rajsko, Ravensbrück, la solidarité de ces militantes, nécessaire pour leur survie, et aussi la mention détaillée de ce qui est vécu, ressenti, voire des griefs retenus qui seront exprimés plus tard.

Violaine Gelly et Paul Gradvohl parlent aussi de la résistance communiste, et de la vie dans les camps.

Pour traquer les résistants communistes, la police de Vichy fut très efficace avec des filatures prolongées qui permettaient de trouver tous les contacts, et d'avoir ainsi les données pour dissoudre les réseaux.

On est loin d'une collaboration passive, c'est une affaire de professionnels consciencieux et organisés, on leur doit beaucoup d'arrestations, d'exécutions, et de déportations.