les qualités d'un bon polar

Selon Borges.

SIX critères, discutables certes, mais à prendre en compte


1 Un nombre limité de personnages,

2 Exposition de tous les termes du pb,

3 Sévère économie de moyens,

4 Primauté du comment sur le qui,

5 Pudeur de la mort,

6 Nécessité et merveille de la solution.

1 Un nombre limité de personnages : du même avis , quand il y a trop de personnages, je me noie et alors l'intrigue a tendance à m'agacer

2 Exposition de tous les termes du pb : oui ....et non parce que j'aime bien être surprise

3 Sévère économie de moyens, : pourquoi donc ?

4 Primauté du comment sur le qui : oui mais aussi du pourquoi

5 Pudeur de la mort : ça veut dire quoi ? il n'aime pas le gore Borgès ?

6 Nécessité et merveille de la solution : oui bah ça, j'aime pas quand la solution ne me parvient pas ( quoique qu'avec Martinez et la morte lente de Luciana b c'était excellent ) Merveille ?

Citation :

2 Exposition de tous les termes du pb : oui ....et non parce que j'aime bien être surprise

Borges n'est pas le seul à avoir parlé des règles du roman policier, elles sont répertoriées dans Une machine à lire : Le Roman policier de Thomas Narcejac et F. Le Lionnais, 247 p chez Gonthier.

Parmi elles des règles sociales qui excluent par exemple d'être assassiné par un domestique

pour cette 2e règle, il faut l'expliquer ; elle s'applique au roman à énigme qui comporte implicitement ou explicitement un défi au lecteur.

Si le détective lui cache par exemple les résultats d'une analyse, que lui connaît, il y a escamotage.

Alors que l'enquêteur sait précisément que l'assassin est une femme, il doit le dire aussitôt qu'il le sait, et non faire gamberger son lecteur-rival sur les hommes qui trempent dans l'affaire.

1] L'atmosphère est pour moins la première qualité. Conan Doyle, Simenon, Agatha Christie ont tous ce talent de savoir très vite nous mettre dans les brumes qu'ils désirent...

2] La connaissance de tous les personnages dès le début de l'affaire. Marre des dénouements où un personnage arrive à l'avant-dernier chapitre.

3] Une trame bien construite, mais pas trop d'alambics ; quand les fils sont trop nombreux, c'est trop gros, et ça se devine aisément. C'est paradoxal, mais simple et clair, c'est meilleur et plus compliqué à comprendre !

4] De... l'humour ! Je pense que c'est important dans un polar... L'humour noir, l'ironie ou les jeux de mots sont souvent là pour quelque chose (je pense ici à Fred Vargas).

5] Éviter le thriller à deux francs : course-poursuite et autre action d'éclat sont proscrites pour moi. On est pas dans un feuilleton genre Miami Beach SuperStar du Large ; en fait, un polar doit plutôt avoir le rythme de Derrick (en moins "somnanbulique", of course)

6] L'art de faire du neuf avec les mêmes ; j'aime Maigret, Hercule Poirot, Jean-Baptiste Adamsberg. J'aime les retrouver et voir leurs évolutions. Un grand enquêteur, c'est bien, à condition que les enquêtes changent et que les personnages nous surprennent toujours et encore, mais jamais de la même façon !

Mon top 6 est moins intellectuel que celui de Borges, désolé... Mais j'avais envie d'essayer

oui Kurtyn, je te rejoins sur la plupart des points, sauf le 2e.

Il ne me paraît pas necessaire de connaître tous les personnages dès le début, comme à un lever de rideau. On sait bien qu'à enquêter sur le ou la morte, on rencontrera successivement des personnes, parfois un peu oubliées par la victime, mais qui l'ont connue à un moment ou a un autre de sa vie ; ce qui complète les différentes facettes du personnage.

Citation :

5] Éviter le thriller à deux francs : course-poursuite et autre action d'éclat sont proscrites pour moi. On est pas dans un feuilleton genre Miami Beach SuperStar du Large ; en fait, un polar doit plutôt avoir le rythme de Derrick (en moins "somnanbulique", of course)

dit Kurtyn
un thriller n'est pas une course poursuite. C'est seulement l'art de découvrir l'horreur, petit à petit, en y mettant un zest de psycho (si c'est un bon). Le chasseur réfléchit beaucoup, le chassé aussi. Il s'ensuit, pour le lecteur, une angoisse, parfois, une envie de lire la fin, qu'il réfrène. Ce n'est pas bien, pas du jeu et ça fausse tout. Et puis, qu'est ce qu'il venait chercher le lecteur ? la peur, l'angoisse, le besoin que le bon gagne. Alors, pourquoi il irait lire la fin ? surtout qu'entre le début et la fin, il y a le "souffle" ! et le souffle, c'"est ça que l'on cherche lorsque l'on prend un thriller, l'envie d'avoir peur comme lorsque nous étions enfants. Il fait noir derrière la fenêtre, qui est derrière la fenêtre ? l'homme a besoin de sensation, et la peur en est la reine.

D'où le "à deux francs", car je sais qu'il existe bien sûr de très bons thrillers (même si je n'en suis pas friand)

EDIT : bon, j'attends vos tops ! Qu'on puisse échanger un peu

rotko a écrit:

oui Kurtyn, je te rejoins sur la plupart des points, sauf le 2e.

Il ne me paraît pas necessaire de connaître tous les personnages dès le début, comme à un lever de rideau. On sait bien qu'à enquêter sur le ou la morte, on rencontrera successivement des personnes, parfois un peu oubliées par la victime, mais qui l'ont connue à un moment ou a un autre de sa vie ; ce qui complète les différentes facettes du personnage.

Oui, je ne parle pas d'une liste de personnages comme au théâtre, les personnages se dessinent au fur et à mesure. Mais je voulais souligner qu'un polar doit pouvoir être déchiffré avant la fin, et ce par le lecteur. Ne pas lui donner toutes les cartes au début du roman, c'est fausser le jeu, c'est tricher.

A lire au sujet du suspense et du secret "Les dessous de cartes d'une partie de whist" de Barbey d'Aurevilly... Nouvelle très réussie et très enrichissante (notamment quand on étudie le lecteur ou l'auteur).

Ne nous faisons pas trop d'illusion, le romancier veut nous pièger et nous surprendre, le jeu n'est pas franc du collier, on l'accepte, à condition de n'être pas roulé grossièremnt dans la farine - ceci pour le whodunit ou roman précédural ou à enigmes, comme on veut.

Mais je ne veux plus de sérial killer qui éventre les femmes ! Trop c'est trop, à se demander si ces outrances ne sont pas

1) ou le fait de desaxés ou de complaisances envers ceux-ci;

2) ou implicitement la volonté de convaincre les gens que les malfaisants sont à nos portes et qu'il faut une politique sécuritaire à la hauteur des fantasmes...