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| | L'Ennui... | |
| | Auteur | Message |
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Vincimil Invité
| Sujet: L'Ennui... Mar 29 Aoû 2006, 15:28 | |
| L'Ennui? une position aristocratique.
S.Gainsbourg
Dernière édition par le Ven 01 Sep 2006, 07:27, édité 1 fois |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'Ennui... Mar 29 Aoû 2006, 16:51 | |
| un fil sur l'ennui serait interessant.
Quant à la suite, je ne sais pas si c'est une boutade reposant sur l'expression "pas clair". Inconvenient de l'ecrit, on n'a pas d'indice visuel, comme une expression du visage, si bien qu'on ne sait pas toujours interprèter. | |
| | | Vincimil Invité
| Sujet: Ce mortel ennui Mar 29 Aoû 2006, 17:03 | |
| Ce mortel ennui Qui me vient Quand je suis avec toi Ce mortel ennui Qui me tient Et me suit pas à pas Le jour où j'aurai assez d'estomac Et de toi Pour te laisser choir Ce jour-là, oh oui ce jour-là, je crois Oui je crois Que Je Pourrai voir Ce mortel ennui Se tailler A l'anglaise loin de moi Bien sûr il n'est rien besoin de dire A l'horizontale Mais on ne trouv'plus rien à se dire A la verticale
Alors pour tuer le temps Entre l'amour et l'amour J'prends l'journal et mon stylo Et je remplis et des a et des o
Il faudra bien que j'me décide un jour Mon amour A me faire la malle Mais j'ai peur qu'tu n'ailles dans la salle de bains Tendr'la main Vers Le Gardénal Comme j'veux pas d'ennui Avec ma Conscience et ton père J'te laisse faire
(S.Gainsbourg)
(c)Melody Nelson Publishing
Dernière édition par le Ven 01 Sep 2006, 07:28, édité 1 fois |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'Ennui... Mer 30 Aoû 2006, 05:55 | |
| Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants Dans la ménagerie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde;
C'est l'Ennui!--L'oeil chargé d'un pleur involontaire, Il rêve d'échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, --Hypocrite lecteur,--mon semblable,--mon frère!
Baudelaire | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 06:26 | |
| L'ENNUI
Le tic tac de la trotteuse,
Grinçant supplice chinois,
Martèle les heures creuses
Étirées dix mille fois.
Du lit à la kitchenette,
Des pantoufles qui se traînent,
Un frottement d’allumette,
Velours Noir qui entre en scène,
Transpirant tout son arôme…
Et attendre qu’il soit prêt
Lorsque déjà, en binôme,
Les persans lapent leur lait.
S’installer chez Leymergie,
Plonger son nez dans Le Monde
Comme pour tromper l’ennui
Qui ralentit les secondes…
Le matin dure trois jours,
Midi ne se presse pas,
Le cœur et l’âme sont gourds ;
Plus personne ne viendra
Réveiller quelque enthousiasme,
Fleurir avril en la cage
Qui s’empuantit des miasmes
D‘une mort qui s‘envisage.
Le tic tac de la trotteuse,
Grinçant supplice chinois,
Martèle les heures creuses
Étirées dix mille fois.
source : NhandéplaiZ ! vol.2 / mots, textes & poèmes de Ny-Haja Andrianaly (Nhand) http://www.toutelapoesie.com/blog/NH/15456/#c16856 | |
| | | Vincimil Invité
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 07:47 | |
| ... Pour tuer l'ennui j'ai dans ma veste Les extraits du Reader Digest Et dans c'bouquin y a écrit Que des gars s'la coulent douce à Miami Pendant c'temps que je fais l'zouave Au fond d'la cave Paraît qu'y a pas d'sot métier Moi j'fais des trous dans des billets ...
extrait du Poinçonneur des Lilas, de Serge Gainsbourg |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 16:46 | |
| « Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde : C'est l'ennui ! » Charles Baudelaire, Spleen | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 16:46 | |
| « Oui, j'ai le spleen, compliqué de mélancolie, avec la nostalgie, plus l'hypocondrie, et je bisque, et je rage, et je bâille, et je m'ennuie, et je m'assomme, et je m'embête ! » Victor Hugo, Les Misérables | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 22:33 | |
| "L’ennui ne disparaît que dans les paysages qui n’existent pas, dans les livres que je ne lirai jamais. La vie est pour moi une somnolence qui ne parvient pas jusqu’à mon cerveau. Je le garde libre, au contraire, pour pouvoir y être triste." Fernando Pessoa | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 22:53 | |
| Je me doutais bien que chez mon cher Pessoa je trouverais de quoi alimenter ce fil... Texte extrait du recueil Le livre de l'intranquillité :28 septembre 1932 "Personne encore n'a défini, dans un langage pouvant être compris de ceux-là mêmes qui n'en ont jamais fait l'expérience, ce qu'est l'ennui. Ce que certains appellent l'ennui n'est que de la lassitude; ou bien ce n'est qu'une sorte de malaise; ou bien encore, il s'agit de fatigue. Mais l'ennui, s'il participe en effet de la fatigue, du malaise et de la lassitude, participe de tout cela comme l'eau participe de l'hydrogène et de l'oxygène dont elle se compose. Elle les inclut, sans toutefois leur être semblable. Si la plupart donnent ainsi à l'ennui un sens restreint et incomplet, quelques rares esprits lui prêtent une signification qui, d'une certaine façon, le transcende: c'est le cas lorsqu'on appelle ennui ce dégoût intime et tout spirituel qu'inspirent la diversité et l'incertitude du monde. Ce qui nous fait bâiller, et qui est la lassitude; ce qui nous fait changer de position, et qui est le malaise; ce qui nous empêche de bouger, et qui est la fatigue - rien de tout cela n'est vraiment l'ennui; mais ce n'est pas non plus le sens profond de la vacuité de toute chose, grâce auquel se libère l'aspiration frustrée, se relève le désir déçu et se forme dans l'âme le germe d'où naîtra le mystique ou le saint. L'ennui est bien la lassitude du monde, le malaise de se sentir vivre, la fatigue d'avoir déjà vécu; l'ennui est bien, réellement, la sensation charnelle de la vacuité surabondante des choses. Mais plus que tout cela, l'ennui c'est aussi la lassitude d'autres mondes, qu'ils existent ou non; le malaise de devoir vivre, même en étant un autre, même d'une autre manière, même dans un autre monde; la fatigue, non pas seulement d'hier et d'aujourd'hui, mais encore de demain et de l'éternité même, si elle existe - ou du néant, si c'est lui l'éternité. Ce n'est pas seulement la vacuité des choses et des êtres qui blesse l'âme, quand elle est en proie à l'ennui; c'est aussi la vacuité de quelque chose d'autre, qui n'est ni les choses ni les êtres, c'est la vacuité de l'âme elle-même qui ressent ce vide, qui s'éprouve elle-même comme du vide, et qui, s'y retrouvant, se dégoûte elle-même et se répudie. L'ennui est la sensation physique du chaos, c'est la sensation que le chaos est tout. Le bâilleur, le maussade, le fatigué se sentent prisonniers d'une étroite cellule. Le dégoûté par l'étroitesse de la vie se sent ligoté dans une cellule plus vaste. Mais l'homme en proie à l'ennui se sent prisonnier d'une vaine liberté, dans une cellule infinie. Sur l'homme qui bâille d'ennui, sur l'homme en proie au malaise ou à la fatigue, les murs de la cellule peuvent s'écrouler, et l'ensevelir. L'homme dégoûté de la petitesse du monde peut voir ses chaînes tomber, et s'enfuir; il peut aussi se désoler de ne pouvoir les briser et, grâce à la douleur, se revivre lui-même sans dégoût. Mais les murs d'une cellule infinie ne peuvent nous ensevelir, parce qu'ils n'existent pas; et nos chaînes ne peuvent pas même nous faire revivre par la douleur, puisque personne ne nous a enchaînés. Voilà ce que j'éprouve devant la beauté paisible de ce soir qui meurt, impérissablement. Je regarde le ciel clair et profond, où des choses vagues et rosées, telles des ombres de nuages, sont le duvet impalpable d'une vie ailée et lointaine. Je baisse les yeux vers le fleuve, où l'eau, seulement parcourue d'un léger frémissement, semble refléter un bleu venu d'un ciel plus profond. Je lève de nouveau les yeux vers le ciel, où flotte déjà, parmi les teintes vagues qui s'effilochent sans former de lambeaux dans l'air invisible, un ton endolori de blanc éteint, comme si quelque chose aussi dans les choses, là où elles sont plus hautes et plus frustes, connaissait un ennui propre, matériel, une impossibilité d'être ce qu'elles sont, un corps impondérable d'angoisse et de détresse. Quoi donc? Qu'y a-t-il d'autre, dans l'air profond, que l'air profond lui-même, qui n'est rien? Qu'y a-t-il d'autre dans le ciel qu'une teinte qui ne lui appartient pas? Qu'y a-t-il dans ces traînées vagues, moins que des nuages et dont je doute déjà, qu'y a-t-il de plus que les reflets lumineux, matériellement incidents, d'un soleil déjà déclinant? Dans tout cela, qu'y a-t-il d'autre que moi? Ah, mais l'ennui c'est cela, simplement cela. C'est que dans tout ce qui existe - ciel, terre, univers -, dans tout cela, il n'y ait que moi!" | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 22:58 | |
| Fernando Pessoa
Extrait du Livre de l'Intranquillité: 1er décembre 1931.
"Enclin comme je le suis à l'ennui, il est curieux que je ne me sois jamais avisé, jusqu'à aujourd'hui, de me demander en quoi il consiste. Je me trouve vraiment aujourd'hui dans cet état d'âme intermédiaire où l'on n'a envie ni de la vie, ni d'autre chose. Et j'utilise cette idée soudaine - n'avoir jamais réfléchi à ce que c'était que l'ennui - pour rêver, mi-réflexions, mi-impressions, à l'analyse, toujours un peu factice, de ce qu'il peut être.
Je ne sais vraiment pas si l'ennui n'est que l'équivalent éveillé de la somnolence du vagabond, ou si c'est quelque chose, en fait, de plus noble que cet engourdissement. L'ennui est fréquent chez moi, mais son apparition - pour autant que je sache et que j'y aie prêté attention - n'obéit pas à des règles précises. Je peux passer un dimanche inerte sans le moindre ennui; je peux le ressentir brusquement, comme un nuage extérieur, alors que je me trouve en plein travail. Je ne parviens pas à établir de lien entre l'ennui et ma bonne ou mauvaise santé; je ne parviens pas à y reconnaître l'effet de causes situées dans la partie la plus évidente de moi-même.
Dire que c'est le masque d'une angoisse métaphysique, que c'est quelque grande déception inconnue, que c'est une sourde poésie de l'âme, affleurant, désenchantée, à la fenêtre de la vie - dire des choses de ce genre, ou d'autres semblables, peut colorier l'ennui comme font les enfants sur leurs dessins, dont ils finissent par dépasser et effacer les contours, mais cela ne m'apporte rien d'autre que l'écho de mots vides se répercutant dans les caves de la pensée.
L'ennui... Penser sans rien qui pense en nous, mais avec la fatigue de penser; sentir sans rien qui sente en nous, mais avec l'anxiété de sentir; ne pas vouloir, sans rien qui refuse en nous de vouloir, mais avec la nausée de ne pas vouloir - tout cela se trouve dans l'ennui sans être l'ennui, et n'en est que la paraphrase ou la métaphore. C'est, directement ressentie, l'impression que se dresse soudain le pont-levis, par-dessus les douves entourant le château de notre âme, et qu'il ne reste, entre le château et les terres avoisinantes, que la possibilité de les regarder, mais non celle de les parcourir. C'est un isolement de nous-mêmes logé tout au fond de nous, mais ce qui nous sépare est aussi stagnant que nous-mêmes, fossé d'eaux sales encerclant notre intime désaccord. " | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 23:01 | |
| «L'ennui! Mot terrible et justement redouté! Que de remèdes l'homme n'a-t-il pas inventés contre ce mal, remèdes, hélas!, souvent plus ennuyeux encore que l'ennui même. Leur nom général est « plaisirs », qu'il ne faut pas confondre avec « plaisir ».
Le plaisir est un fait, quoique rare; les plaisirs, quoique abondants et communs, sont une recherche, et presque toujours vaine. Quand on réussit à opposer au géant Ennui l'armée des nains Plaisirs, le géant étouffe les nains en quelques gestes et reprend sa pose lassée. L'ennui, à vrai dire, est invincible. On naît ennuyé comme on naît jovial. Cependant, à côté de cet ennui fondamental, dont certains humains sont victimes et que l'ancienne médecine appelait hypocondrie, il y a diverses variétés d'ennuis qui tiennent aux circonstances de la vie et par conséquent peuvent n'avoir qu'une existence passagère. Ils ont une cause occasionnelle, prêts à disparaître avec la cause elle-même.
Ces ennuis secondaires prennent différents noms, mélancolie, nostalgie, tristesse, mais leur classement est assez difficile, parce qu'ils se modifient à l'infini selon les sensibilités, selon les lieux, selon les âges et même selon les siècles.»
Remy de Gourmont, "Essai sur l'ennui" | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 23:03 | |
| l «Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, Quand sous les lourds flocons des neigeuses années L'ennui, fruit de la morne incuriosité, Prend les proportions de l'immortalité. - Désormais tu n'es plus, ô matière vivante! Qu'un granit entouré d'une vague épouvante, Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux; Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux, Oublié sur la carte et dont l'humeur farouche Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couches.»
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, LXXVI | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'Ennui... Ven 01 Sep 2006, 23:03 | |
| «Je me disais donc que le monde est dévoré par l'ennui. Naturellement, il faut un peu réfléchir pour se rendre compte, ça ne se saisit pas tout de suite. C'est une espèce de poussière. Vous allez et venez sans la voir, vous la respirez, vous la mangez, vous la buvez, et elle est si fine, si ténue qu'elle ne craque même pas sous la dent. Mais que vous vous arrêtiez une seconde, la voilà qui recouvre votre visage, vos mains. Vous devez vous agiter sans cesse pour secouer cette pluie de cendres. Alors, le monde s'agite beaucoup.»
Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'Ennui... Sam 02 Sep 2006, 04:05 | |
| - Citation :
- " Ennui. Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement. "
"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre." Blaise Pascal. | |
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| Sujet: Re: L'Ennui... | |
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