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| | Cécile Coulon | |
| | Auteur | Message |
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nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Cécile Coulon Ven 18 Mai 2012, 14:09 | |
| Cécile Coulon est un très jeune auteur puisqu’elle est née en 1990. Etudiante en Lettres modernes, elle a écrit trois romans : Le voleur de vie (à 17 ans), Méfiez-vous des enfants sages (2010), livre sélectionné pour des prix et remarqué par des critiques, et Le roi n’a pas sommeil (2012), les deux derniers publiés aux éditions Viviane Hamy. Elle se dit elle-même inspirée par Flaubert ou Proust mais aussi par Steinbeck et Bret Eason Ellis. Je n’ai pas lu les deux premiers et je viens de terminer le 3e, recommandé par une bibliothécaire. Son titre serait emprunté à la chanson de l'oiseau dans Le Roi et l'Oiseau de Prévert (autre auteur de prédilection de C. Coulon).
Incontestablement, Le roi n'a pas sommeil est un livre original, surtout dans son écriture, et, à mon avis, prometteur. Il est court (142 pages) et aurait peut-être mérité dêtre un peu plus étoffé. Il se présente en deux parties sensiblement égales, chacune comportant 8 à 13 chapitres. L’époque et le lieu sont indéterminés. On sait seulement que la 2e partie commence deux ans plus tard. Les noms utilisés donnent à penser qu’on est en Amérique : famille Hogan, William, Mary (les parents), Thomas, le fils, le docteur O’Brien. L’action se situe dans un contexte rural, le père travaille dur à la ferme comme maître scieur et, durant les week-ends, comme homme à tout faire à la caserne des policiers du bourg. Le héros, c’est le fils, Thomas, que nous découvrons arrêté par la police dès les premières lignes du roman puis mort avant la fin du premier chapitre, lequel s’achève sur un énigmatique : « Non, vraiment, personne n’a jamais su. » La suite du roman va raconter la vie de cet étrange personnage marqué dès sa naissance par une sombre fatalité. Une enfance médiocre, un père qui disparaît prématurément et tragiquement, une mère exclusive et dépassée, un engrenage d’événements qui tous semblent conduire inexorablement Thomas au malheur et à l’irréparable. Aucune lueur dans cette histoire très noire : l’amitié qui semblait possible avec Paul, un camarade de classe, échoue, l’amour avec la belle Dona qui paraissait une évidence tourne court lui aussi. Thomas n’est fait ni pour le bonheur ni pour la réussite. Le roman entier s’emploie à démontrer que tout était finalement écrit d’avance. On se croirait presque dans une tragédie antique.
On sent des défauts dans ce roman et pourtant il accroche. Le début, lui, est particulièrement réussi. L’écriture est très personnelle, avec des trouvailles au niveau des images et parfois des excès, du moins à mon avis. Ce qui est très bien rendu, c’est l’atmosphère sombre de ce lieu indéterminé, comme marqué par le destin. C’est aussi l’engrenage d’actes ou d’occasions manqués : échecs, incompréhension, incommunicabilité se succédent au fil des pages et le lecteur en est presque fasciné, sans pourtant savoir s’il éprouve ou non pitié ou simple sympathie pour tel ou tel personnage qu'il regrette parfois de ne pas mieux connaître, je pense à Dona par exemple ou à la mère. Un livre qui sort de l’ordinaire mais dont l’auteur a, je crois, besoin de vieillir un peu, de mûrir pour parvenir à mettre pleinement en oeuvre tout son talent.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Cécile Coulon Jeu 07 Juin 2012, 10:43 | |
| Cécile Coulon, Méfiez vous des enfants sages, chez Viviane Hamy.
C’était avant Le roi n'a pas sommeil, et on peut penser que cet auteur, née en 1990 a commencé à faire son chemin. Dans ce livre, l’adolescente jette sagement sa gourme en s’éloignant des adultes, pour trouver une voie mélancolique entre le rejet et le chocolat noir.
Au départ, le style se veut impassible, mais épris d’exactitudes dans les détails : le baiser de 45 secondes, le prix des tickets de train, la couleur de la poubelle. Les personnages ne sont pas nommés, mais identifiés par un détail vestimentaire, comme l’inscription sur un tee-shirt. - ce qui ne facilite pas la tâche à ma lecture distraite.
Puis apparaît la verve caustique dans la description de lycéens :
« la cour ressemblait à un vaste terrain vague crasseux, jonché de corps adolescents, encore informes et dénués de toute beauté;
A droite une petite dizaine de gothiques, filles et garçons confondus, se remaquillaient tant bien que mal, l’œil poussiéreux rivé sur un miroir de poche.
A l’opposé, un petit gang de mini-rappeurs, joggings blancs et casquettes imprimées...».
Les ados plus avantageux, les « frimeurs », ne sont pas ses chouchous :
« les jours de réunion administrative, ils accompagnaient leur parents tenaient leurs bras d’une main sûre et virile, et les mères leur jetaient des regards pleins de fierté et de reconnaissance, à cause de toute cette aura factice qu’ils créaient pour elles, divines génitrices aux seins lourds, mères nourricières d’enfants rois »
Dans un second temps, on en vient au loufoque ou au terrifiant, avec une mygale cachée dans la maison.
Ce sont à mon avis les meilleurs moments de ce récit, où je me suis un peu égaré.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Cécile Coulon Dim 15 Juil 2012, 19:07 | |
| 152 p chez Viviane Hamy l'éloge de Nicyrle vien de trouver un écho dans mes oreilles par l'intermediaire d'une bibliothécaire que je compte bientôt cuisiner... | |
| | | Modiano pilier
Nombre de messages : 231 Age : 33 Date d'inscription : 23/01/2009
| Sujet: Re: Cécile Coulon Lun 16 Juil 2012, 09:32 | |
| Ai lu ce livre cette année, séduit par une si jeune auteure au thème d'écriture si désuet...
Il m'a désarçonné et j'ai été bluffé par ses qualités d'écriture ! Quelques moments un peu longuets, mais elle sait ménager son suspense, etc.
Une belle expérience de lecture. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Cécile Coulon Ven 05 Avr 2013, 07:32 | |
| Cécile Coulon, Méfiez vous des enfants sages, chez Points Seuil Opération publicitaire de Points Ce Manifeste a été imprimé à 10 000 exemplaires et tracté sur les campus de grandes villes étudiantes de France (Paris, Nantes, Rouen, Grenoble, Lyon…) à l'occasion de la sortie en poche chez Points du premier roman de Cécile Coulon (écrit à 18 ans !), Méfiez-vous des enfants sages. - Spoiler:
Jamais personne ne pourra dire que nous sommes restés silencieux.
Puisque la lumière peut frapper le pire, en faire jaillir le meilleur, puisque personne n'épuise les forces de ceux qui n'ont rien à prouver et tant à offrir, puisque le monde regorge de beautés sordides et d'humanités divines, nous ne voulons pas baisser les yeux comme de vieux chiens fatigués d'avoir longtemps couru, nous ne pouvons pas travestir nos principes, les déguiser quand la tendance nous l'ordonne.
Nos vices sont simples, nos caresses aussi, nous savons qui nous sommes et nous saurons qui vous êtes. Quand la musique n'est plus, des voix hurlent, des cordes grincent, des vents soufflent en nous plus fort, toujours plus fort, encore plus fort, jusqu'à ce que les douleurs se taisent enfin, tranchées par des mains de fer, jetées à ceux qui ne se doutent pas que nos drapeaux se sont levés plus haut pour ne jamais redescendre.
Il n'est jamais trop tard pour comprendre que des pièges ont été posés à l'intérieur même de nos cages. Aujourd'hui, nos ailes sont lisses et soyeuses et refusent de se battre. Nos estomacs n'ont pas connu la faim, au contraire. Lourds et pleins, voilà ce que nous sommes devenus. Pourtant, nous avons soif, nos gueules ouvertes ont séché, nos cerveaux comprimés respirent comme des enfants malades. Nos plumes, ce sont des pierres. Longtemps, nous avons cru qu'il existait une vérité suprême ; maintenant notre unique combat ressemble à l'animal qui se dévore lui-même.
Assez.
Avant de vouloir changer le monde, épuisons-nous : ce que nous sommes capables d'accomplir dépasse notre pouvoir d'imagination. Il n'y a pas de honte à connaître ses limites, mais cessons d'appeler courage le simple fait de les franchir. La force ne suffit pas, l'amour non plus. Le désir est un moteur qui s'essouffle trop vite pour que l'on puisse s'y fier. La confiance est un instrument toujours mal accordé, l'affection un amour tiède et sans profondeur.
Nos familles explosent, nos lits sont défaits, nos draps sales et troués abritent des hommes incapables de grandir, effrayés par la vieillesse, alors qu'ils sont nés avec des rides plein les entrailles et des cadenas autour des aortes. Embourbés dans la paresse, la bouche remplie des boyaux d'idées cent fois reçues et cent fois renvoyées, ils vivent avec nous, sur nous, en nous, ils prennent la place de nos émotions, ils s'insinuent dans nos discours, ils font l'amour quand nous dormons et accouchent d'êtres monstrueux qui naissent avec un gésier à la place du cœur.
Puisqu'il ne suffit pas de résister pour se sentir vivant, puisque croire en l'homme ce n'est pas lui faire la guerre mais lui procurer la paix, puisque rien ne peut détruire la puissance de ce qui nous paraît juste, nous voulons boire à la source de la joie, régner avec sagesse sur nos univers intérieurs avant de donner des leçons à nos voisins. Ces mots ne demandent rien, n'inventent rien, ne proposent rien. C'est un souffle, un corps sans arme et sans défense, un point d'interrogation dont la courbe ressemble à la corde d'un pendu qu'une main bienveillante aurait dénouée.
Et puisque nous savons que marcher derrière ou à l'avant du troupeau ne signifie pas que nous cessons d'en faire partie, nous ne sommes sûrs de rien. Pourtant, il est hors de question que nous nous contentions d'exister : nous voulons vivre, une bonne fois pour toutes.
et d'indiquer 7 romans où les jeunes auraient la parole moi, je reste perplexe. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Cécile Coulon Ven 05 Avr 2013, 07:38 | |
| - rotko a écrit:
- Cécile Coulon, Méfiez vous des enfants sages, chez Points Seuil
Opération publicitaire de Points
Ce Manifeste a été imprimé à 10 000 exemplaires et tracté sur les campus de grandes villes étudiantes de France (Paris, Nantes, Rouen, Grenoble, Lyon…) à l'occasion de la sortie en poche chez Points du premier roman de Cécile Coulon (écrit à 18 ans !), Méfiez-vous des enfants sages.
- Spoiler:
Jamais personne ne pourra dire que nous sommes restés silencieux.
Puisque la lumière peut frapper le pire, en faire jaillir le meilleur, puisque personne n'épuise les forces de ceux qui n'ont rien à prouver et tant à offrir, puisque le monde regorge de beautés sordides et d'humanités divines, nous ne voulons pas baisser les yeux comme de vieux chiens fatigués d'avoir longtemps couru, nous ne pouvons pas travestir nos principes, les déguiser quand la tendance nous l'ordonne.
Nos vices sont simples, nos caresses aussi, nous savons qui nous sommes et nous saurons qui vous êtes. Quand la musique n'est plus, des voix hurlent, des cordes grincent, des vents soufflent en nous plus fort, toujours plus fort, encore plus fort, jusqu'à ce que les douleurs se taisent enfin, tranchées par des mains de fer, jetées à ceux qui ne se doutent pas que nos drapeaux se sont levés plus haut pour ne jamais redescendre.
Il n'est jamais trop tard pour comprendre que des pièges ont été posés à l'intérieur même de nos cages. Aujourd'hui, nos ailes sont lisses et soyeuses et refusent de se battre. Nos estomacs n'ont pas connu la faim, au contraire. Lourds et pleins, voilà ce que nous sommes devenus. Pourtant, nous avons soif, nos gueules ouvertes ont séché, nos cerveaux comprimés respirent comme des enfants malades. Nos plumes, ce sont des pierres. Longtemps, nous avons cru qu'il existait une vérité suprême ; maintenant notre unique combat ressemble à l'animal qui se dévore lui-même.
Assez.
Avant de vouloir changer le monde, épuisons-nous : ce que nous sommes capables d'accomplir dépasse notre pouvoir d'imagination. Il n'y a pas de honte à connaître ses limites, mais cessons d'appeler courage le simple fait de les franchir. La force ne suffit pas, l'amour non plus. Le désir est un moteur qui s'essouffle trop vite pour que l'on puisse s'y fier. La confiance est un instrument toujours mal accordé, l'affection un amour tiède et sans profondeur.
Nos familles explosent, nos lits sont défaits, nos draps sales et troués abritent des hommes incapables de grandir, effrayés par la vieillesse, alors qu'ils sont nés avec des rides plein les entrailles et des cadenas autour des aortes. Embourbés dans la paresse, la bouche remplie des boyaux d'idées cent fois reçues et cent fois renvoyées, ils vivent avec nous, sur nous, en nous, ils prennent la place de nos émotions, ils s'insinuent dans nos discours, ils font l'amour quand nous dormons et accouchent d'êtres monstrueux qui naissent avec un gésier à la place du cœur.
Puisqu'il ne suffit pas de résister pour se sentir vivant, puisque croire en l'homme ce n'est pas lui faire la guerre mais lui procurer la paix, puisque rien ne peut détruire la puissance de ce qui nous paraît juste, nous voulons boire à la source de la joie, régner avec sagesse sur nos univers intérieurs avant de donner des leçons à nos voisins. Ces mots ne demandent rien, n'inventent rien, ne proposent rien. C'est un souffle, un corps sans arme et sans défense, un point d'interrogation dont la courbe ressemble à la corde d'un pendu qu'une main bienveillante aurait dénouée.
Et puisque nous savons que marcher derrière ou à l'avant du troupeau ne signifie pas que nous cessons d'en faire partie, nous ne sommes sûrs de rien. Pourtant, il est hors de question que nous nous contentions d'exister : nous voulons vivre, une bonne fois pour toutes.
et d'indiquer 7 romans où les jeunes auraient la parole
moi, je reste perplexe. Pour le moment, moi aussi, pour ne pas dire que je suis réservée devant le ton adopté. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Cécile Coulon Mar 10 Sep 2013, 05:33 | |
| Le Rire du grand blessé, par Cécile Coulon. Viviane Hamy, 136 p., - Citation :
- parabole impeccable sur un totalitarisme sans mémoire,
dit l'Express ; c'est un roman d'anticipation. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Cécile Coulon Dim 15 Sep 2013, 16:13 | |
| Le Rire du grand blessé, par Cécile Coulon. Viviane Hamy, 136 p., - Citation :
- parabole impeccable sur un totalitarisme sans mémoire,
dit l'Express ; c'est un roman d'anticipation. je ne suis pas entré dans ce livre qui reprend le thème de farenheit , avec de petites variantes : seances collectives de lectures à sensation, sous la surveillance étroites d'analphabètes promus au service d'ordre. L'ensemble m'a paru soit confus, soit prévisible, faute d'une histoire qui porterait l'ensemble, comme dans des larmes sous la pluie de Montero. J'ai donc lu sans entrain la première partie, et décroché à la seconde. l'aarticle du monde est élogieux | |
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| Sujet: Re: Cécile Coulon | |
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| | | | Cécile Coulon | |
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