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 Leconte de Lisle

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2 participants
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Vincimil
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MessageSujet: Leconte de Lisle   Leconte de Lisle EmptyMer 23 Aoû 2006, 10:56

Charles-René-Marie Leconte de Lisle naît à Saint-Paul de la Réunion en 1818. Son père, le destinant au commerce, lui fait parcourir l'Inde et les Iles de la Sonde. Mais le jeune homme préfère partir à Rennes étudier le grec et l'histoire.
S'étant fixé à Paris, acquis aux idées républicaines, il collabore à diverses revues oùil fait paraître ses premiers poèmes.
Un article dans lequel il applaudissait la suppression de l'esclavage dans les colonies le brouille avec sa famille, qui lui coupe les vivres.
Sous le second Empire il parvient à vivre -médiocrement- de sa plume. Il entreprend de traduire les chefs-d'oeuvre de la poésie grecque et latine.
La parution des
Poèmes barbares où il reprend les grands mythes religieux d'Orient et d'Occident, en 1862, fait de cet homme discret et distant le chef de file d'une nouvelle génération de poètes: Le Parnasse.
Il est élu en 1886 à l'académie française, et meurt en 1894
.


Je propose que vous livriez dans ce fil, le ou les poèmes que vous aimez de Leconte de Lisle.
Jacques
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rotko
pilier
rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

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MessageSujet: Re: Leconte de Lisle   Leconte de Lisle EmptyMer 23 Aoû 2006, 11:37

je renvoie vers la page pour que vous puissiez lire le rêve du jaguar tout en regardant le tableau du douanier Rousseau qui comme chacun sait, n'a vu de Jaguar qu'au jardin des plantes Wink

Cliquez ici

Les parnassiens sont un peu passés de mode, accusés de froideur, et sans qu'on soit toujours sensibles au théme de la souffrance vécue par les grands prédateurs eux-mêmes.

je mets le debut de midi roi des étés. Je crois qu'il ya derriére ( et dedans !) ces poémes l'idée d'une création peu faite pour le bonheur de l'homme Rolling Eyes

Midi

MIDI, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine;
La terre est assoupie en sa robe de feu.

L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.
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Vincimil
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MessageSujet: La fin de l'Homme   Leconte de Lisle EmptyJeu 31 Aoû 2006, 10:54

LA FIN DE L'HOMME

Voici. Quaïn errait sur la face du monde
Dans la terre muette Eve dormait, et Seth,
Celui qui naquit tard, en Hébron grandissait.
Comme un arbre feuillu, mais que le temps émonde,
Adam, sous le fardeau des siècles languissait.

Or, ce n'était plus l'Homme en sa gloire première,
Tel qu'Iahvèh le fit pour la félicité,
Calme et puissant, vêtu d'une mâle beauté,
Chair neuve où l'âme vierge éclatait en lumière
Devant la vision de l'immortalité.

L'irréparable chute et la misère et l'âge
Avaient courbé son dos, rompu ses bras nerveux,
Et sur sa tête basse argenté ses cheveux.
Tel était l'Homme, triste et douloureuse image
De cet Adam pareil aux Esprits lumineux.

Depuis bien des étés, bien des hivers arides,
Assis au seuil de l'antre et comme enseveli
Dans le silencieux abîme de l'oubli,
La neige et le soleil multipliait ses rides:
Parfois Seth lui disait: - Fils du très haut, mon père,

Le cèdre creux est plein du lait de nos troupeaux,
Et dans l'antre j'ai fait ton lit d'herbe et de peaux.
Viens! le lion lui-même a gagné son repaire. -
Adam restait plongé dans son morne repos.

Un soir, il se leva. Le soleil et les ombres
Luttaient à l'horizon rayé d'ardents éclairs,
Les feuillages géants murmuraient dans les airs,
Et les bêtes grondaient aux solitudes sombres.
Il gravit des coteaux d'Hébron les rocs déserts.

Là, plus haut que les bruits flottants de la nuit large,
L'Hôte antique d'Eden, sur la pierre couché,
Vers le noir Orient le regard attaché,
Sentit des maux soufferts croître la lourde charge;
Eve, Abel et Quaïn, et l'éternel péché!

Eve, l'inexprimable amour de sa jeunesse,
Par qui, hors cet amour, tout changea sous le ciel!
Et le farouche enfant, chaud du sang fraternel!...
L'Homme fit un grand cri sous la nuée épaisse,
Et désira mourir comme Eve et comme Abel!

Il ouvrit les deux bras vers l'immense étendue
Où se leva le jour lointain de son bonheur,
Alors qu'il t'ignorait, ô fruit empoisonneur!
Et d'une voix puissante au fond des cieux perdue,
Depuis cent ans muet, il dit: -Grâce, Seigneur!

Grâce! J'ai tant souffert, j'ai pleuré tant de larmes,
Seigneur! J'ai tant meurtri mes pieds et mes genoux...
Elohim! Elohim! de moi souvenez-vous!
J'ai tant saigné de l'âme et du corps sous vos armes,
Que me voici bientôt insensible à vos coups!

O jardin d'Iahvèh, Eden, lieu de délices,
Où sur l'herbe divine Eve aimait à s'asseoir;
Toi qui jetait vers elle, ô vivant encensoir,
L'arôme vierge et frais de tes mille calices,
Quand le soleil nageait dans la vapeur du soir!

Beaux lions qui dormiez, innocents, sous les palmes,
Aigles et passereaux qui jouiez dans les bois,
Fleuves sacrés, et vous, Anges aux douces voix,
Qui descendiez vers nous, à travers les cieux calmes,
Salut! Je vous salue une dernière fois!

Salut, ô noirs rochers, cavernes où sommeille
Dans l'immobile nuit tout ce qui me fut cher...
Hébron! muet témoin de mon exil amer,
Lieu sinistre où, veillant l'inexprimable veille,
La femme a pleuré mort le meilleur de sa chair!

Et maintenant Seigneur, vous par qui j'ai du naître,
Grâce! Je me repens du crime d'être né...
Seigneur, je suis vaincu, que je sois pardonné!
Vous m'avez tant repris! Achevez, ô mon Maître!
Prenez aussi le jour que vous m'avez donné. -

L'homme ayant dit cela, voici, par la nuée,
Qu'un grand vent se leva de tous les horizons
Qui courba l'arbre altier au niveau des gazons,
Et, comme une poussière au hasard secouée,
Déracina les rocs de la cime des monts.

Et sur le désert sombre, et dans le noir espace,
Un sanglot effroyable et multiple courut,
Choeur immense et sans fin, disant: -Père, salut!
Nous sommes ton péché, ton supplice et ta race...
Meurs, nous vivrons! -Et l'Homme épouvanté mourut.
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Vincimil
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MessageSujet: Re: Leconte de Lisle   Leconte de Lisle EmptyVen 22 Sep 2006, 13:21

LA MORT DU SOLEIL

Le vent d'automne, aux bruits lointains des mers pareil,
Plein d'adieux solennels, de plaintes inconnues,
Balance tristement le long des avenues
Les lourds massifs rouges de ton sang, ô soleil!

La feuille en tourbillons s'envole par les nues;
Et l'on voit osciller, dans un fleuve vermeil,
Aux approches du soir inclinés au sommeil,
De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues.

Tombe, Astre glorieux, source et flambeau du jour!
Ta gloire en nappes d'or coule de ta blessure,
Comme d'un sein puissant tombe un suprême amour.

Meurs donc, tu renaîtras! L'espérance en est sûre.
Mais qui rendra la vie et la flamme et la voix
Au coeur qui s'est brisé pour la dernière fois?
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lorèle
habitué(e)
lorèle


Nombre de messages : 27
Localisation : Auvergne / Vosges
Date d'inscription : 14/08/2011

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MessageSujet: Leconte de Lisle   Leconte de Lisle EmptyDim 28 Aoû 2011, 07:56

Christine

Une étoile d'or là-bas illumine
Le bleu de la nuit, derrière les monts.
La lune blanchit la verte colline:
- Pourquoi pleures-tu, petite Christine ?
Il est tard, dormons.

- Mon fiancé dort sous la noire terre,
Dans la froide tombe il rêve de nous.
Laissez-moi pleurer, ma peine est amère;
Laissez-moi gémir et veiller, ma mère:
Les pleurs me sont doux.-

La mère repose, et Christine pleure,
Immobile auprès de l'âtre noirci.
Au long tintement de la douzième heure,
Un doigt léger frappe à l'humble demeure:
- Qui donc vient ici ?

- Tire le verrou, Christine, ouvre vite :
C'est ton jeune ami, c'est ton fiancé.
Un suaire étroit à peine m'abrite;
J'ai quitté pour toi, ma chère petite, mon tombeau glacé.-

Et coeur contre coeur tous deux ils s'unissent.
Chaque baiser dure une éternité:
Les baisers d'amour jamais ne finissent.
Ils causent longtemps; mais les heures glissent,
Le coq a chanté.

Le coq a chanté, voici l'aube claire;
L'étoile s'éteint, le ciel est d'argent.
- Adieu, mon amour, souviens-toi, ma chère !
Les morts vont rentrer dans la noire terre,
Jusqu'au jugement.

- Ô mon fiancé, souffres-tu, dit-elle,
Quand le vent d'hiver gémit dans les bois,
Quand la froide pluie aux tombeaux ruisselle ?
Pauvre ami, couché dans l'ombre éternelle,
Entends-tu ma voix ?

- Au rire joyeux de ta lèvre rose,
Mieux qu'au soleil d'or le pré rougissant,
Mon cercueil s'emplit de feuilles de rose;
Mes tes pleurs amers dans ma tombe close
Font pleuvoir du sang.

Ne pleure jamais ! Ici-bas tout cesse,
Mais le vrai bonheur nous attend au ciel.
Si tu m'as aimé, garde ma promesse:
Dieu nous rendra tout, amour et jeunesse,
Au jour éternel.

- Non! je t'ai donné ma foi virginale;
Pour me suivre aussi, ne mourrais-tu pas ?
Non ! je veux dormir ma nuit nuptiale,
Blanche, à tes côtés, sous la lune pâle,
Morte entre tes bras ! -

Lui ne répond rien. Il marche et la guide.
A l'horizon bleu le soleil paraît.
Ils hâtent alors leur course rapide,
Et vont, traversant sur la mousse humide
La longue forêt.

Voici les pins noirs du vieux cimetière.
- Adieu, quitte-moi, reprends ton chemin;
Mon unique amour, entends ma prière ! -
Mais elle au tombeau descend la première,
Elle lui tend la main.

Et depuis ce jour, sous la croix de cuivre,
Dans la même tombe ils dorment tous deux.
Ô sommeil divin dont le charme enivre !
Ils aiment toujours. Heureux qui peut vire
Et mourir comme eux !


Poèmes barbares
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