Calvo, Dancette, la bête est morte !

une histoire animalière dans laquelle les loups (les nazis), après avoir asservi les lapins (les Français), tentent de conquérir le monde, mais en sont empêchés par les dogues (les Anglais), les bisons (les Américains) et les ours (les Russes).

la premiere bande dessinée paraît en 1944 et 1945 sous la forme de fascicules et s’intitule La bête est morte ! par Calvo et Dancette. Là, dans d’immenses vignettes disneyennes, les enfants relisent l’histoire immédiate sous les auspices du premier résistancialisme, racontant un peuple uni et souffrant contre l’ennemi.écrit Libé.

découverte grâce à l'exposition «Traits résistants» Centre d’histoire de la Résistance et de la déportation, Espace Berthelot, 14, avenue Berthelot, Lyon VIIe.

L' exposition ausculte l’imaginaire des représentations de la Résistance dans la BD depuis 1944.

c'est un grand album, où le grand père écureuil unijambiste raconte ses souvenirs à l'auditoire de ses petits-fils ecureuils.

Les vignettes sont numerotées 1, 2, 3 sur chaque page, parfois une page entière regorge de dessins d'animaux dans la nature (les racines d'arbres en particulier).

Entre bande dessinée et livre d'enfant, on explique comment on est passé d'une joie de vivre à une periode plus que difficile, la faute revenant à Hitler "le loup fureur", et à son gros cochon de compagnon (comprenez Goebbels).

Il y a beaucoup de texte, mais c'est passionnant à lire, ce que je fais actuellement. Une cliente de la bilbiothèque voyant cet album m'a demandé à le feuilleter, et s'est empressée d'en emprunter un double !

Cette idée de donner aux différents protagonistes des apparences animales, tout en leur conservant des attitudes et physionomies très expressives, est une trouvaille qui aura des conséquences.

Les planches sont très soignées, parfois elles occupent toute la page A3, avec des dessins réalistes (explosions, attitudes guerrières de tireurs, combats d'avions etc.), et la verve satirique, voire caricaturale, qui anime les personnages et l'ensemble de la page.

On a donc les loups allemands, les hyènes italiennes, les dogs anglais, les bisons américains, ce qui amène un décryptage historique de l'album ;

Ainsi les évenements doivent être traduits, les alliances explicitées, les lieux identifiés. Si on recourt à la metaphore des "dix plaies" pour caractériser l'Egypte (je crois), la tâche devient plus difficile quand il s'agit des îles du Pacifique...

Tout renvoie à la fois à une vision historique du moment, et à une conception de l'histoire.

En 1945, on remarque une certaine complaisance pour l'URSS (les ours) et son pacte avc l'Allemagne, l'oubli des déportations de Juifs, et un certain racisme envers les singes jaunes (comprenez les Japonais).

Enfin pour la conception de l'histoire, la primauté de la stratégie guerrière et de l'histoire évenementielle, aux dépens de la vie quotidienne, et des pratiques ( la Collaboration et les dénonciateurs).

C'est sans doute attendre trop d'un album, mais il est à mes yeux d'une telle qualité graphique et verbale qu'on peut, sans trop lui nuire, établir certains constats ponctuels, qui relèvent essentiellement de la vision de l'époque.