Hervé Kempf

J'ai terminé il y a peu un essai très intéressant d'Hervé Kempf, journaliste au Monde et qui analyse les crises que notre société connait actuellement : crise écologique, crise économique, crise sociale.

Hervé Kempf nous le dit sans détour : ces trois crises bien détaillées par les médias ne sont pas séparables. Ce ne sont que trois aspects d'un seul et même évènement planétaire. Les dissocier est une erreur car cela conduit à une vision fractionnée des enjeux considérables.

Pour Kempf, ce sont les riches les responsables. Non, ce n'est pas un anarchiste votant Lutte ouvrière. Il ne manque pas de justifier son propos. Deux raisons sont avancées :

• Une cause directe : les riches sont les puissants. Ce sont eux qui ont le pouvoir, ce sont eux qui contrôlent les industries, le commerce, les emplois. Ce sont eux qui entretiennent les inégalités sociales.
  
• Une cause indirecte : Kempf part du principe que chaque couche sociale tente d'imiter la couche juste au dessus le lui. Singeant son comportement de consommateur, enviant sa voiture, sa maison et faisant tout pour lui ressembler et consommer autant. La couche la plus haute, ceux qui sont les maitres de nos oligarchies, influencent donc de proche en proche, toute la société. Or, ils consomment à outrance, et sont responsable d'un gâchis immense.

Mon résumé ne rend pas compte de tout l'essai que je vous encourage donc à lire. Kempf tire la sonnette d'alarme et nous engage à changer nos comportements au risque d'aggraver la crise (triple).

Citation :

Présentation de l'éditeur
Nous sommes à un moment de l'histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d'orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C'est un défi magnifique, mais redoutable. Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse. Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures. Pour l'auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s'attaquer à la crise sociale concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd'hui les riches qui menacent la planète.

Citation :

Biographie de l'auteur
Hervé Kempf est un des journalistes d'environnement les plus réputés. Depuis près de vingt ans, il travaille à faire reconnaître l'écologie comme un secteur d'information à part entière, et a défriché nombre de dossiers sur le changement climatique, le nucléaire, la biodiversité ou les OGM. Après avoir fondé Reporterre, il a travaillé à Courrier international, à La Recherche, et maintenant au Monde.

Harelde78 a écrit:

, ce n'est pas un anarchiste votant Lutte ouvrière.

Est-ce un reproche ?

Amies et Camarades !! etc. ]

bonne lecture, Harelde !

rotko a écrit:

Harelde78 a écrit:

, ce n'est pas un anarchiste votant Lutte ouvrière.

Est-ce un reproche ?

Amies et Camarades !! etc. ]

bonne lecture, Harelde !

Du tout !
Plus le temps passe, et plus je vote à gauche.
Je vais bientôt demander à Marie de me présenter sa copine Arlette.

J'ai lu également les arguments d'Hervé Kempf que j'ai trouvés très pertinents et nuancés car enfin, tout le monde a coutume d'accuser les "sales" riches, sauf que tout le monde rêve de faire comme eux et ferait comme eux avec la même quantité de fric.

Le fric anesthésiant la conscience, comme chacun sait.

Il élargit en fait sa pensée à la nature humaine : égoïste, éprise d'un confort facile même si factice, amoureuse des apparences et de pseudo-prestige, adorant la servilité d'autrui...

J'avais été convaincue par tout cela et dans le fond, toutes les classes sociales sont interchangeables dans leur rapport à la consommation effrénée, sans discernement et destructrice.

Crevette a écrit:

J'ai lu également les arguments d'Hervé Kempf que j'ai trouvés très pertinents et nuancés car enfin, tout le monde a coutume d'accuser les "sales" riches, sauf que tout le monde rêve de faire comme eux et ferait comme eux avec la même quantité de fric.

Tu m'étonnes.
C'est pour cela qu'il dit que rien ne changera tant que les inégalités sociales ne seront pas réduites, tant que les différences de salaires entre le bas et le haut (jusqu'à 200 SMIC mensuels) ne seront pas réduites, tant que les plus riches ne réveront pas leurs mode de vie, rien ne sera possible. Car il est impossible d'imposer des contraintes aux plus pauvres en leur demandant de faire des efforts si les plus riches ne montrent pas l'exemple.

Harelde78 a écrit:

tant que les différences de salaires entre le bas et le haut (jusqu'à 200 SMIC mensuels) ne seront pas réduites, tant que les plus riches ne réveront pas leurs mode de vie, rien ne sera possible.

réviseront, sans doute ?

rotko a écrit:

Harelde78 a écrit:

tant que les différences de salaires entre le bas et le haut (jusqu'à 200 SMIC mensuels) ne seront pas réduites, tant que les plus riches ne réveront pas leurs mode de vie, rien ne sera possible.

réviseront, sans doute ?

Oui, bien sur.
Suis fatigué !

Le boulet !

Oui, Harelde.

Mais les riches n'ont aucune raison de changer leur consommation excessive.
Les "nouveaux" riches les imitent spontanément.

On revient à une problématique de fond : l'être humain en quête d'un bonheur rapide, instantané et confortable, largement illusoire mais rassurant.

Moi-même, on me donnerait un beau palais, avec des millions de livres ( ), du mobilier de qualité, quelques jolies robes (pour jouer ma demoiselle), des mets raffinés, des toiles, du TEMPS pour moi, eh bien, moi-même, dis-je, à ma grande honte, de naturel plutôt ascétique, je changerais sans doute et me sentirais...immortelle !

La misère du monde ne serait qu'une abstraction...

Crevette a écrit:

Mais les riches n'ont aucune raison de changer leur consommation excessive.

Dans une logique de préservation des ressources naturelles, si !
Il semble maintenant évident pour tout le monde que notre société ne peut poursuivre dans cette voie de consommation à outrance. La planète ne peut plus fournir. La croissance infinie, ça n'existe pas.

Mais en même temps, consommer moins pour eux signifie renoncer aux fameux signes extérieurs de richesse.


Alors, comment vont-ils faire pour s'écraser les uns les autres ? (Jeu de massacre favori des élites !) ?

C'est justement l'enjeu.
Modifier ses habitudes...

A la suite de son premier livre Comment les riches détruisent la planète, Hervé Kempf reprend sa plume et signe un second opus : Pour sauver la planète, sortez du capitalisme.


La 4e de couverture :

Citation :

Un autre monde est possible, il est indispensable, il est à notre portée. Le capitalisme, après un règne de deux cents ans, s'est métamorphosé en entrant dans une phase mortifère : il génère tout à la fois une crise économique majeure et une crise écologique d'ampleur historique. Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l'économie n'est pas reine mais outil, où la coopération l'emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit. Dans un récit original, l'auteur explique comment le capitalisme a changé de régime depuis les années 1980 et a réussi à imposer son modèle individualiste de comportement, marginalisant les logiques collectives. Pour en sortir, il faut prioritairement se défaire de ce conditionnement psychique. L'oligarchie cherche à détourner l'attention d'un public de plus en plus conscient du désastre imminent en lui faisant croire que la technologie pourrait surmonter l'obstacle. Cette illusion ne vise qu'à perpétuer le système de domination en vigueur. Comme l'illustre la démonstration ancrée dans la réalité et animée de nombreux reportages, l'avenir n'est pas dans la technologie, mais dans un nouvel agencement des relations sociales. Ce qui fera pencher la balance, c'est la force et la vitesse avec lesquelles nous saurons retrouver l'exigence de la solidarité.

J'ai trouvé ce second livre plus intéressant que le premier. Deux ans les séparent. Le premier reprenait beaucoup d'idées que nous avons l'habitude d'entendre assez couramment. Ce second livre me semble plus abouti. Il va plus loin. Il condamne sans appel l'individualisme, l'extraordinaire égoïsme de nos sociétés. Nos dirigeants désireux de sauvegarder et d'accroitre leurs privilèges, s'évertuent à diviser les classes sociales inférieures. Et y arrivent parfaitement. Chacun envie son voisin et rêve de posséder ce qu'il ne possède pas encore, engendrant une consommation toujours plus effrénée.

Il tape sur le nucléaire en le ramenant à sa juste place : le ministère de l'énergie aux USA (très pro nucléaire) a calculé qu'en 2050, le parc des réacteurs nucléaires pourrait augmenter d'un facteur 2 ou 2.5 au maximum. Tout en avouant que cette perspective est difficilement réalisable : cet horizon nécessiterait la mise en fonctionnement de N réacteurs par ans jusqu'à cette date (je ne me souviens plus de la valeur de N). Chaque mise en service revenant à 6 milliards d'euros... Trop coûteux pour être réalisé !
Or, dans l'hypothèse où cet objectif serait tout de même réalisé (utopique, donc), cela conduirait à une diminution des émissions de gaz à effet de serre de...6%
C'est peu au regard des coût et du problème des déchets.

Il donne sa solution : les économies d'énergie. Selon lui, rien ne sert de chercher à produire propre (éolien, solaire...) si on continue de gaspiller. Car produire propre et plus conduit, selon lui, à une baisse des coûts de production. Donc une baisse des tarifs. Et donc une hausse de la consommation.
Ce sont nos habitudes qui doivent évoluer prioritairement.

Le livre s'achève sur une note d'optimisme. L'auteur nous dit que le nouveau monde n'est plus à imaginer et qu'il existe déjà. Encore à l'état d'embryon.

Harelde: je viens de lire ton intéressant article sur les livres de Hervé Kempf. Je ne suis pas savante en économie, un peu plus sur écologie, très actuel de nos jours, mais avoir l’illusion de changer l’Etre humain, qu’il devienne plus juste envers ses semblables, partager la richesse, reste une utopie. Toutes les religions, tous les différents régimes politiques ont prôné cette méthode et ont échoué malheureusement. L’auteur finit avec
un regard optimiste sur l’approche d’un nouveau monde.
Je plaisante, mais je te dis que moi j’habite dans « le nouveau monde » et si tu savais
combien, d’oligarchie, d’injustice et de pauvreté nous entourent.
Tu devrais devenir Ministre des Finances.

Ce n'est plus un livre mais un article.
Publié dans le Monde

Le changement climatique est une réalité.
Propos recueillis par Hervé Kempf et visibles à cette adresse

Merci pour le lien, j'avais lu avec beaucoup d'intérêt ces deux livres d'Hervé Kempf, donc je file voir l'article.