pierre Christin : petits crimes contre les humanités

petits crimes contre les humanités, chez Métailié.

Appréciez le titre !

Vous le connaissez, Christin ! Pierre Christin, voyons !

le Christin de Mézières (Valerian) de Bilal les phalanges de l'ordre noir, partie de chasse, de Goetzinger etc.

fondateur de l'école de journalisme de Bordeaux, scénariste de Bd..etc

là il commet un « roman universitaire », avec décor approprié, locaux pourris, commission de recrutement truquées...

on s'amuse !

Citation :

« Cent candidats tous surdiplômés pour un poste. Vingt pinpins convoqués, courant pour arriver à l'heure, toujours à leurs frais évidemment, à l'autre bout de la France. A peine le temps de dire trois mots par tête de pipe. »

on plonge dans les mystères de la fac :

Citation :

« matières confidentielles affectées à des salles immenses, cours magistraux bondés placés dans des boyaux en sous-sols, sans compter toutes les autres combinaisons possibles dont celles -les plus fréquentes- de la salle sans clé, ou sans chauffage, ou sans chaise, ou sans prof ou sans étudiant, ou sans rien »

A suivre.

Savoureux en effet : titre et citations mettent l'eau à la bouche !

Citation :

« Tout le but, c’était de prendre le candidat local, le régional de l’étape, pire encore un foutu régionaliste ! Mille deux cent cinquante-cinq pages sans les annexes sur la tradition narrative orale dans les familles rurales de la Nièvre ! Elles ne font plus que regarder la télé les familles rurales, tout le monde sait ça ! »

Ces petites réflexions des candidats floués par les commissions de recrutement correspondent bien au film candidature d’ Emmanuel Bourdieu.


L’intrigue de ce polar fait le tour des lieux et des carnassiers de l’université, en prenant comme point de départ la mort d’un universitaire : était-ce à la suite d’une accusation de plagiat ?

Et en voilà un autre qui disparaît, avec les copies d’agrégation !

Pas étonnant que cela remonte jusqu’au ministère !

Au passage certaines silhouettes ont un air connu, mais vous verrez vous-mêmes !

Je l'ai lu; savoureux; une critique acide et drôle du milieu universitaire.

Le récit des intrigues universitaires n’oublie pas les étudiants à différents moments : voici dans l’ordre,

- le CEVU (conseil des études de la vie universitaire - dont le procès verbal est un modèle du genre, p. 126 sq)

Citation :

Un petit groupe d’étudiants aux allures de conspirateurs fit son entrée, mené par un jeune homme aux yeux de braise et au look prolétarien symbolisé par une casquette à carreaux qu’il ne quittait jamais même en cours. C’était évidemment un trotskyste, de la variété ouvriériste la plus dure ce qui lui assurait une autorité indiscutable sur ses camarades petits-bourgeois..

- et la rentrée ordinaire, un jour de fac :

Citation :

Il les voyait arriver le matin […] pauvrement habillés pour la plupart et, garçons et filles, de façon parfaitement homogène pour la saison : jeans effrangés, baskets fatiguées, blousons tachés, T-shirts à la gloire de marque sportive, sacs à dos en toile pendant bas dans le dos. Personne ne lisait de livre, nul ne regardait au dehors et pas grand monde ne parlait.

Un livre à pratiquer dans tous les amphis, parce que bien documenté, comme en témoignent les remerciements.