Tandis que je mange la terre
La terre me recrache
L’eau me démange
pour remonter à nos frémissements
Premiers
Comme ce liquide qui passe
Sans s’arrêter à ses tourbillons
Toi aussi, laisse-toi aller
Et goûte
Goûte à cette douceur
Avant qu’un crapaud ne t’avale
Avant qu’une mouette
N’avale le crapaud
Dans les sables mouvants de la langue
De même qu’ils marchent sur l’eau
L’eau les fauchera dans leur marche
~ *
Tu vois l’instant. L’après, tu ne le vois pas
Comme ce dos que tu tournes à la lune
Comme ce cri que tu n’imiteras jamais
Mais que fais-tu quand un chien aboie au
loin, quand un poisson entre avec un sursaut
dans ton sommeil, quand un serpent
est un rêve que tu n’atteindras jamais,
quand une treille est un pont qui me laissera
à mi-chemin de ton rêve
Sur quelle roche veux-tu que je délaisse la
suite même si tu ne seras plus ce que je dis
dans la faim de la langue que tu me dérobes
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