poemes gourmands

Sujet: poemes gourmands Sam 03 Oct 2009, 10:52

Bernique a écrit:: Quimper, 1e édition de l'Odyssée des mots.

du 10 au 18 octobre

Le thème : la gourmandise

bon appétit, donc ! Happy

clic !

anthologie: poètes de la bonne chère de de kilien stengel, la petite vermillon- éditions de la table ronde.

Au menu copieux !

Citation :: Repas ridicule (Bisque), Boileau
Repas ridicule (Chapon), Boileau
Troisième satire (cuisine), Boileau
Repas ridicule (Godiveau), Boileau
Repas ridicule (pois), Boileau
Troisième satire (potage), Boileau
Bonnet d’évêque, Léon de Fos
Sans titre (couvert), Léon de Fos
Sel, Léon de Fos

et bien d'autres !

Spoiler:

Sujet: Re: poemes gourmands Sam 03 Oct 2009, 10:57

un petit en-cas pour rehabiliter les haricots qui ont, aux yeux de la science, mauvaise réputation :

Citation :

Or, je ne sais aucune viande
qui me soit plus chère et friande
que ces haricots désastreux.
Quoi que la Faculté prononce,
il s'en faut bien que j'y renonce.
S'ils sont nocifs, tant pis pour eux!

Je m'en suis flanqué des bitures,
et je m'en flanquerai des futures,
avec le mépris du danger.
Et que s'ils me rendent malade
croyez-le bien mes camarades,
ce sera pour en trop manger."

"les haricots homicides"- Raoul Ponchon

texte complet :

Spoiler:

Sujet: Re: poemes gourmands Ven 09 Oct 2009, 18:09

Du même Raoul Ponchon,

Quand mon verre est vide,
je le plains,
Quand mon verre est plein,
je le vide !

Sujet: Re: poemes gourmands Sam 10 Oct 2009, 14:36

La boisson intrépide affûtée

La Guinness : une gorgée d'affût de canon dilué,
l'âme du pirate, fraîche autour du boulet -
sans cesse rincée d'arraisonnement frais.

Jacques Kober

("Connemara black", éditions Raphaël de Surtis)

Sujet: Re: poemes gourmands Mar 13 Oct 2009, 09:30

Le nain nonagénaire
dans un dernier murmure
de grâce au moins la bière
grandeur nature

Samuel Beckett

(Poèmes suivi de mirlitonnades)

Sujet: Re: poemes gourmands Mar 13 Oct 2009, 09:52

Allons-y pour le bière, avec Rimbaud

Oraison du soir

Je vis assis, tel qu'un ange aux mains d'un barbier,
Empoignant une chope à fortes cannelures,
L'hypogastre et le col cambrés, une Gambier
Aux dents, sous l'air gonflé d'impalpables voilures.

Tels que les excréments chauds d'un vieux colombier,
Mille Rêves en moi font de douces brûlures :
Puis par instants mon coeur triste est comme un aubier
Qu'ensanglante l'or jeune et sombre des coulures.

Puis, quand j'ai ravalé mes rêves avec soin,
Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes,
Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin :

Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes,
Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin,
Avec l'assentiment des grands héliotropes.

pilier Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009

Au bord du Loujiji qu'embaument les arômes
des toumbos, le bon roi Makoko s'est assis.
Un m'gannga tatoua de zigzags polychromes
sa peau d'un noir vineux tirant sur le cassis.

Il fait nuit : les m'pafous ont des senteurs plus frêles;
sourd, un marimeba vibre en des temps égaux;
des alligators d'or grouillent parmi les prêles;
un vent léger courbe la tête des sorghos;

et le Mont Koungoua rond comme une bedaine
sous la lune aux reflets pâles de molybdène,
se mire dans le fleuve au bleuâtre circuit.

Makoko reste aveugle à tout ce qui l'entoure :
avec conviction ce potentat savoure
un bras de son grand-père et le juge trop cuit.

Georges Fourest

pilier Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 23/01/2010

Une petite gourmandise:

J’ai trempé mon doigt
Dans la confiture
Ça sentait le soleil
Ça sentait les abeilles
Ça sentait les groseilles
Puis je l’ai sucé
Tellement sucé
Que je l’ai avalé

René de OBALDIA

pilier Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005

Deux exemples qui montrent que l'humour et la poésie font ici des mariages heureux Smile

pilier Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 23/01/2010

Le dramaturge et critique gastronomique Charles Monselet a chanté, au XIXe siècle, les vertus de la vraie andouillette: de quoi s’en lécher les babines (pour les amateurs!) :

Dédaignons la mouillette
Et la côte au persil.
Crépite sur le gril,
Ô ma fine andouillette.
Certes, ta peau douillette
Court un grave péril.
Pour toi, ronde fillette,
Je défonce un baril.
Siffle, crève et larmoie,
Ma princesse de Troyes,
Au flanc de noir zébré.
Mon appétit te garde
Un tombeau de moutarde
De Maille ou du Vert-Pré.

pilier Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 23/01/2010

Monselet a composé d'ailleurs sa future épitaphe:

«Versez sur ma mémoire chère
Quelques larmes de Chambertin
Et sur ma tombe solitaire
Plantez des soles… au gratin.»

pilier Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 23/01/2010

Julien MORRONI: LA CHANSON DE L'ALCOOLIQUE

Avec l'âge, je prends d'la bouteille
J'aime son goût, et son goulot
Le vin qui descend de la treille
En voir le bout, c'est du boulot

On dit qu' le vert, ça porte bonheur
Mais l'verre de trop, ça c'est l'horreur
Ça calle sec, tous ces p'tits culs secs
D'abord, ça te mouille, puis t'es à sec

Certains font des filles
Et d'autres des fils
Moi, je n'ai qu'un vice
Un vice de famille
C'est mon vice unique
Je suis alcoolique

Commandant de bar
J'te commande à boire
Mais, tiens bon la barre
Derrière ton comptoir

Me laisse pas en rade
Au milieu d'ton bar
Où l'alcool se brade
Quand le jour se barre

Avec l'âge, je prends d'la bouteille
J'aime son goût, et son goulot
Le vin qui descend de la treille
En voir le bout, c'est du boulot

J'en bois des verres et des pas mûres
Et j'en bois de toutes les couleurs
Rouges ou blancs, coupés ou purs
Mais, l'addition, c'est la douleur

Certains font des filles
Et d'autres des fils
Moi, je n'ai qu'un vice
Un vice de famille
C'est mon vice unique
Je suis alcoolique

Quand j'peux plus me voir
Je commande à boire
Un whisky sans glace
Pour que tout s'efface

Je m'enfile un gin
Je me colle un scotch
Derrière la bobine
Et, plus rien n'est moche

» Riadh El Salah El Houcine [Syrie]