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| | Nazim Hikmet | |
| | Auteur | Message |
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Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Nazim Hikmet Jeu 20 Avr 2006, 13:30 | |
| Autobiographie
Je suis né en 1902 Je ne suis jamais revenu dans ma ville natale Je n'aime pas les retours. A l'âge de trois ans à Alep, je fis profession de petit-fils de pacha, à dix-neuf ans, d'étudiant à l'université communiste de Moscou à quarante-neuf ans à Moscou, d'invité du Comité central, et depuis ma quatorzième année, j'exerce le métier de poète
Il y a des gens qui connaissent les divers variétés de poissons moi celle des séparations. Il y a des gens qui peuvent citer par coeur le nom des étoiles, moi ceux des nostalgies.
J'ai été locataire et des prisons et des grands hôtels, J'ai connu la faim et aussi la grève de la faim et il n'est pas de mets dont j'ignore le goût. Quand j'ai atteint trente ans on a voulu me pendre, à ma quarante-huitième année on a voulu me donner le Prix mondial de la paix et on me l'a donné. Au cours de ma trente-sixième année, j'ai parcouru en six mois quatre mètres carrés de béton, Dans ma cinquante-neuvième année j'ai volé de Prague à la Havane en dix-huit heures. Je n'ai pas vu Lénine, mais j'ai monté la garde près de son catafalque en 1924, En 1961 le mausolée que je visite ce sont ses livres.
On s'est efforcé de me détacher de son parti çà n'a pas marché Je n'ai pas été écrasé sous les idoles qui tombent.
En 1951 sur une mer, en compagnie d'un camarade, j'ai marché vers la mort En 1952, le coeur fêlé, j'ai attendu la mort quatre mois allongé sur le dos.
J'ai été fou de jalousie des femmes que j'ai aimées. Je n'ai même pas envié Charlot pour un iota. J'ai trompé mes femmes Mais je n'ai jamais médit derrière le dos de mes amis.
J'ai bu sans devenir ivrogne, par bonheur, j'ai toujours gagné mon pain à la sueur de mon front. Si j'ai menti c'est qu'il m'est arrivé d'avoir honte pour autrui, J'ai menti pour ne pas peiner un autre, Mais j'ai aussi menti sans raison.
J'ai pris le train, l'avion, l'automobile, la plupart des gens ne peuvent les prendre. Je suis allé à l'opéra la plupart des gens ne peuvent y aller et en ignorent même le nom, Mais là où vont la plupart des gens, je n'y suis pas allé depuis 1921 : à la mosquée, à l'église, à la synagogue, au temple, chez le sorcier, mais j'ai lu quelquefois dans le marc de café.
On m'imprime dans trente ou quarante langues mais en Turquie je suis interdit dans ma propre langue.
Je n'ai pas eu de cancer jusqu'à présent, On n'est pas obligé de l'avoir je ne serai pas Premier ministre, etc. et je n'ai aucun penchant pour ce genre d'occupation.
Je n'ai pas fait la guerre, Je ne suis pas descendu la nuit dans les abris, Je n'étais pas sur les routes d'exode sous les avions volant en rase-mottes, mais à l'approche de la soixantaine je suis tombé amoureux. En bref camarade, aujourd'hui à Berlin, crevant de nostalgie comme un chien, je ne puis dire que j'ai vécu comme un homme mais le temps qu'il me reste à vivre, et ce qui pourra m'arriver qui le sait ?
Ecrit le 11 septembre 1961 à Berlin-Est.
J'ai un arbre en moi
J'ai un arbre en moi Dont j'ai rapporté le plant du soleil, Poissons de feu ses feuilles se balancent Ses fruits tels des oiseaux gazouillent.
Les voyageurs depuis lontemps sont descendus de leur fusée Sur l'étoile qui est en moi, Ils parlent ce langage entendu dans mes rêves, Ni ordres, ni vantardises, ni prières.
J'ai une route blanche en moi Y passent les fourmis avec les grains de blé, Les camions pleins de cris de fête, Mais cette route est interdite aux corbillards.
Le temps reste immobile en moi, Comme un odorante rose rouge, Que l'on soit vendredi et demain samedi Que soit passé beaucoup de moi, qu'il en reste peu ou prou Je m'en fous !
Comprendre
Des berceuses que chantent les mères Aux nouvelles que lit le speaker Vaincre le mensonge partout dans le monde Dans le coeur, dans le livre, dans la rue. Quel bonheur fantastique que de comprendre Comprendre ce qui s'en va et ce qui vient. | |
| | | swallow pilier
Nombre de messages : 820 Localisation : Espagne Date d'inscription : 16/03/2006
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Jeu 20 Avr 2006, 14:30 | |
| Là au moins, au rayon "Poésie" je suis gâtée.... le texte y est, c´est incontournable ( j´ai horreur de ce dernier mot!). Mais il y en a plein d´autres qui m´ennervent, je vous les dirai petit à petit... | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Jeu 11 Jan 2007, 13:09 | |
| J'ai cité Nazim Hikmet dans un fil sur Robert Guédiguian, qui dans son film Mon père est ingénieur, fait lire à haute voix par son héros le poème suivant : Je suis communiste, je suis amour des pieds à la tête amour : voir, penser, comprendre, amour : l'enfant qui nuit la lumière qui avance, amour : accrocher une balançoire aux étoiles, amour : tremper l'acier avec mille peines. Je suis communiste, je suis amour des pieds à la tête... Quelques liens intéressants à propos de Nazim Hikmet : http://www.kultur.gov.tr/FR/BelgeGoster.aspx?4C64CBA40EAEACBDAAF6AA849816B2EF3D26410A22C2CA34 http://www.bleublancturc.com/TurcsconnusFR/Nazim_Hikmet.htm http://www.francopolis.net/Vie-Poete/nazimhikmet.htm | |
| | | ekwerkwe pilier
Nombre de messages : 780 Date d'inscription : 18/12/2006
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Jeu 11 Jan 2007, 14:41 | |
| Quelle surprise! Venue voir le fil sur Nazim Hikmet en suivant le lien à partir de Guédiguian, je tombe sur un poème, Autobiographie, étudié en troisième, que j'avais à l'époque beaucoup aimé, et complètement oublié depuis. Les mots ressurgissaient à la lecture avec l'écho du souvenir... Merci Provence! | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Jeu 11 Jan 2007, 16:06 | |
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Mar 06 Jan 2009, 05:40 | |
| clic ! - Citation :
- Je suis dans la clarté qui s'avance
Mes mains sont toutes pleines de désir Le monde est beau Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres Les arbres si verts, les arbres si pleins d'espoir Un sentier s'en va à travers les mûriers Je suis à la fenêtre de l'infirmerie Je ne sens pas l'odeur des médicaments Les oeillets ont dû s'ouvrir quelque part Être captif, là n'est pas la question Il s'agit de ne pas se rendre Voilà. Nazim Hikmet,retrouve à titre posthume la nationalité turque dont il avait été déchu en 1951 pour marxisme. prix international de la paix en 1955, il termina sa vie en exil comme citoyen polonais etl mourut à Moscou où il est inhumé. | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Mer 07 Oct 2009, 11:38 | |
| Ce poème a été magnifiquement repris par Yves Montand, mais je n'ai pas trouvé d'enrégistrement à vous faire partager. La plus drôle des créatures
Comme le scorpion, mon frère, Tu es comme le scorpion Dans une nuit d’épouvante.
Comme le moineau, mon frère, Tu es comme le moineau Dans ses menues inquiétudes.
Comme la moule, mon frère, Tu es comme la moule Enfermée et tranquille.
Tu es terrible, mon frère, Comme la bouche d’un volcan éteint. Et tu n’es pas un, hélas, Tu n’es pas cinq, Tu es des millions.
Tu es comme le mouton, mon frère, Quand le bourreau habillé de ta peau Quand le bourreau lève son bâton Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
Tu es la plus drôle des créatures, en somme, Plus drôle que le poisson Qui vit dans la mer sans savoir la mer.
Et s’il y a tant de misère sur terre C’est grâce à toi, mon frère,
Si nous sommes affamés, épuisés, Si nous somme écorchés jusqu’au sang, Pressés comme la grappe pour donner notre vin, Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non ... ... Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.
("C'est un dur métier que l'exil", aux éditions "Le temps des cerises" | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Ven 30 Oct 2009, 11:53 | |
| Sur la vie
La vie n’est pas une plaisanterie Tu la prendras au sérieux, Comme le fait un écureuil, par exemple, Sans rien attendre du dehors et d’au-delà Tu n’auras rien d’autre à faire que de vivre.
La vie n’est pas une plaisanterie, Tu la prendras au sérieux, Mais au sérieux à tel point, Qu’adossé au mur, par exemple, les mains liées Ou dans un laboratoire
En chemise blanche avec de grandes lunettes, Tu mourras pour que vivent les hommes, Les hommes dont tu n’auras même pas vu le visage, Et tu mourras tout en sachant Que rien n’est plus beau, que rien n’est plus vrai que la vie. Tu la prendras au sérieux Mais au sérieux à tel point Qu’à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras des oliviers Non pas pour qu’ils restent à tes enfants Mais parce que tu ne croiras pas à la mort Tout en la redoutant mais parce que la vie pèsera plus lourd dans la balance.
(Anthologie poétique, éditions Temps actuels) | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Jeu 12 Nov 2009, 16:12 | |
| Enfant il n'a pas arraché les ailes des mouches accroché des boites de conserve à la queue des chats ni emprisonné les cafards dans les boites d'allumettes ou détruit des fourmilières il a grandi et toutes ces choses on les lui fit j'étais à son chevet quand il mourut récite un poème, dit-il, sur le soleil et sur la mer sur les cuves atomiques et les lunes artificielles sur la grandeur de l'humanité.
(Il neige dans la nuit) | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Nazim Hikmet Mer 01 Mai 2013, 14:00 | |
| Aujourd'hui 1er mai, je suis entré dans une "cabine d'isolation poétique". Une sorte de cabine-confessionnal où se trouvaient plusieurs recueils de poésie. J'ai choisi Il neige dans la nuit de nazim Hikmet. Je l'ai donné à une jeune fille qui l'a lu dans mon oreille, avec un tube de carton : Dimanche,
Aujourd'hui c'est dimanche pour la première fois aujourd'hui ils m'ont laissé sortir au soleil et moi, pour la première fois de ma vie, m'étonnant qu'il soit si loin de moi qu'il soit si bleu qu'il soit si vaste j'ai regardé le ciel sans bouger. Puis je me suis assis à mêmela terre, avec respect, je me suis adossé au mur blanc. En cet instant, pas question de gamberger. En cet instant, ni combat, ni liberté, ni femme. Je suis heureux. 1938 | |
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| Sujet: Re: Nazim Hikmet | |
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| | | | Nazim Hikmet | |
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