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| | Maurice Rollinat | |
| | Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Maurice Rollinat Jeu 16 Oct 2008, 07:34 | |
| Deux bons vieux coqs.
Le cabaret qui n’est pas neuf Est bondé des plus anciens ivrognes Dont rouge brique sont les trognes Entre les grands murs sang de bœuf.
L’un d’entre eux, chenu comme un œuf D’une main sur la table cogne Et, son verre dans l’autre, il grogne
« Aussi vrai que j’ suis de Chateauneuf ! J’reste un bon coq, et l’diab’ me rogne ! Je r’prendrais femm’ si j’devenais veuf »
« Dam ! Moi, fait le père Tuboeuf J’suis bien dans mes quatre-vingt-neuf Et je m’acquitte encore de ma besogne ! » | |
| | | dp. pilier
Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 05/08/2011
| Sujet: Re: Maurice Rollinat Mar 08 Nov 2011, 13:35 | |
| Pour les curieux et/ou voyageurs (il y a de quoi se loger), nous nous réunissons comme chaque année autour de Maurice Rollinat et son oeuvre :
--> Pour s'inscrire à la Rencontre annuelle de la Société des Amis de Maurice Rollinat
Je souligne une conférence de M. Jean Hautepierre (poète et dramaturge) sur le "Prosodie de Maurice Rollinat" (20/11/11) | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Maurice Rollinat Mar 08 Nov 2011, 15:53 | |
| fais-tu partie du jury du prix Maurice Rollinat ? | |
| | | dp. pilier
Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 05/08/2011
| Sujet: Re: Maurice Rollinat Mar 08 Nov 2011, 19:09 | |
| - rotko a écrit:
- fais-tu partie du jury du prix Maurice Rollinat ?
Non, je ne fais pas partie du jury. Je suis un membre certes actif mais pas en ce qui concerne le prix. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Maurice Rollinat Mar 08 Nov 2011, 19:15 | |
| j'ai choisi ce texte car il est dans la tonalité des poemes d'un ami qui a eu le prix maurice Rollinat ces dernières années. | |
| | | dp. pilier
Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 05/08/2011
| Sujet: Re: Maurice Rollinat Dim 27 Nov 2011, 16:25 | |
| Le Meneur de loups (in Les Névroses, 1883) Chant Royal
À Jules Barbey d’Aurevilly.
Je venais de franchir la barrière isolée, Et la stupeur nocturne allait toujours croissant Du ravin tortueux à la tour écroulée, Quand soudain j’entendis un bruit rauque et perçant. J’étais déjà bien loin de toute métairie, Dans un creux surplombé par une croix pourrie Dont les vieux bras semblaient prédire le destin : Aussi, la peur, avec son frisson clandestin, Me surprit et me tint brusquement en alerte, Car à cent pas de moi, là, j’en étais certain, Le grand meneur de loups sifflait dans la nuit verte.
Il approchait, guidant sa bande ensorcelée Que fascinait à peine un charme tout puissant, Et qui, pleine de faim, lasse, maigre et pelée, Compacte autour de lui, trottinait en grinçant. Elle montrait, avec une sourde furie, Ses formidables crocs qui rêvaient la tuerie, Et ses yeux qui luisaient comme un feu mal éteint ; Cependant que toujours de plus en plus distinct, Grave, laissant flotter sa limousine ouverte, Et coupant l’air froidi de son fouet serpentin, Le grand meneur de loups sifflait dans la nuit verte.
Le chat-huant jetait sa plainte miaulée, Et de mauvais soupirs passaient en gémissant, Quand, roide comme un mort devant son mausolée, Il s’en vint près d’un roc hideux et grimaçant. Tous accroupis en rond sur la brande flétrie, Les fauves regardaient d’un air de songerie Courir les reflets blancs d’une lune d’étain ; Et debout, surgissant au milieu d’eux, le teint Livide, l’œil brûlé d’un flamboiement inerte, Spectre encapuchonné comme un bénédictin, Le grand meneur de loups sifflait dans la nuit verte.
Mais voilà que du fond de la triste vallée Une jument perdue accourt en hennissant, Baveuse, les crins droits, fumante, échevelée, Et se rue au travers du troupeau rêvassant. Prompts comme l’éclair, tous, ivres de barbarie Ne firent qu’un seul bond sur la bête ahurie. Horreur ! Sous ce beau ciel de nacre et de satin, Ils mangeaient la cervelle et fouillaient l’intestin De la pauvre jument qu’ils avaient recouverte ; Et pour les animer à leur affreux festin, Le grand meneur de loups sifflait dans la nuit verte.
En vain, rampant au bas de la croix désolée, Je sentais mes cheveux blanchir en se dressant, Et la voix défaillir dans ma gorge étranglée : J’avais bu ce spectacle atroce et saisissant. Puis, après un moment de cette boucherie Aveugle, à bout de rage et de gloutonnerie, Repu, léchant son poil que le sang avait teint, Tout le troupeau quitta son informe butin, Et quand il disparut louche et d’un pas alerte, Plein de hâte, aux premiers rougeoiements du matin, Le grand meneur de loups sifflait dans la nuit verte.
ENVOI
Monarque du Grand Art, paroxyste et hautain, Apprends que si parfois à l’heure du Lutin, J’ai craint de m’avancer sur la lande déserte, C’est que pour mon oreille, à l’horizon lointain, Le grand meneur de loups sifflait dans la nuit verte. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Maurice Rollinat Lun 30 Jan 2012, 16:30 | |
| Etude de chat ( M.Rollinat )
Etude de chat, poème de Maurice Rollinat
Longues oreilles, des crocs intacts, de vrais ivoires,
Le corps svelte quoique râblu,
Son beau pelage court et gris à barres noires
Lui faisant un maillot velu;
Des yeux émeraudés, vieil or, mouillant leur flammes
Qui, doux énigmatiquement,
Donnent à son minois le mièvre et le charmant,
D'un joli visage de femme.
Avec cela rôdeur de gouttières, très brave,
Fort et subtil, tel est ce chat,
Pratiquant à loisir le bond et l'entrechat,
Au grenier comme dans la cave.
Aujourd'hui depuis l'aube, ayant bien ripaillé
Au vieux château qui le vit naître,
Il est, sur son fauteuil poudreux et dépaillé,
Accroupi devant la fenêtre.
Il pleuvasse un peu, mais pour ce craintif de l'eau
L'ondée a trop de violence;
Il reste au gîte, y fait son ronronnant solo
Dans la musique du silence.
Confit en sa mollesse, il peine à s'étirer,
Piète, sort sa griffe, la rentre;
Pour le moment, sans puce, et gavé son plein ventre
Il n'a plus rien à désirer.
Une poussière ayant picoté son nez rose,
Il éternue, et comme un loir,
Il s'étend paresseux, chargé de nonchalaloir,
Et genoux pliés se repose.
L'oeil mi-clos, rêvassant plutôt qu'il ne sommeille,
Gardant l'ouïe et l'odorat,
Il guigne le grillon du mur, flaire le rat,
Écoute ronfler une abeille.
Le temps passe, à la fin, de sieste en somnolence,
Il s'endort, puis, se réveillant,
Se rendort de nouveau, se réveille en baîllant,
Tant qu'il sort de son indolence.
Il toussote, se mouche et se désassoupit,
Bombe son échine et la creuse
En redressant sa queue alerte, toute heureuse
D'avoir terminé son répit.
( Les bêtes ) Poème extrait du magnifique livre " Le chat" Il est ici ! | |
| | | dp. pilier
Nombre de messages : 327 Date d'inscription : 05/08/2011
| Sujet: Re: Maurice Rollinat Mer 15 Fév 2012, 23:07 | |
| Rollinat, formidable créateur d'atmosphères... et son goût pour l'héroï-comique...
La Vache
Une vache gisait, sombre, la bave au mufle, Et les yeux imprégnés d’une immense terreur, Tandis qu’un taureau noir, farouche comme un buffle, Semblait lui regarder le ventre avec horreur.
Le pacage ! c’était la pénombre béante. L’arbre y devenait spectre, et le ruisseau marais. Un ciel jaune y planait sur une herbe géante. A droite, un vieux manoir — à gauche, des forêts.
Et la vache geignait dans ce lieu fantastique. On eût dit qu’un pouvoir occulte et magnétique Élargissait encor ses grands yeux assoupis.
Ma curiosité devint alors féroce, Et, m’approchant, je vis, — ô nourrisson atroce ! — Un énorme crapaud qui lui suçait le pis.
Dans les brandes (1877) | |
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| | | | Maurice Rollinat | |
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