| Guillaume Apollinaire | |
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Auteur | Message |
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roudita pilier
Nombre de messages : 385 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 05/01/2006
| Sujet: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 11:30 | |
| Tiens, je suis étonnée que ce fil n'existe pas déjà... Comble du comble, pour moi qui suis une piètre lectrice de poésie, d'ouvrir un fil poétique ! Je me plonge avec grand délice dans Alcools et y retrouve maintes poésies apprises à l'école (comme le Bestiaire, le Pont Mirabeau..) et y découvre surtout bien d'autres belles choses.. Je me surprends à trouver cette lecture très agréable ! Replongez-vous y à l'occasion | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 11:45 | |
| - Citation :
- Tiens, je suis étonnée que ce fil n'existe pas déjà...
ben oui ! où avions-nous la tête ? la chanson du mal aimé : - Citation :
- Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu'il me jeta Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflotait mains dans les poches Nous semblions entre les maisons Onde ouverte de la Mer Rouge Lui les Hébreux moi Pharaon la chanson du mal aimé Certes, il lui arrivait de tenir son coeur en écharpe... | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 12:06 | |
| LUL DE FALTENIN (1) - Citation :
- LUL DE FALTENIN
A Louis de Gonzague Frick
Sirènes j'ai rampé vers vos Grottes tiriez aux mers la langue En dansant devant leurs chevaux Puis battiez de vos ailes d'anges Et j'écoutais ces choeurs rivaux
Une arme ô ma tête inquiète J'agite un feuillard défleuri Pour écarter l'haleine tiède Qu'exhalent contre mes grands cris Vos terribles bouches muettes (1) une des 4 épées de la chanson du mal aimé : Malourène, Pâline, Noubosse et Lul de Faltenin. 4 épées - Citation :
- La troisième bleu féminin
N'en est pas moins un chibriape Appelé Lul de Faltenin Et que porte sur une nappe L'Hermès Ernest devenu nain chibriape et Lul de Faltenin, masques de Priape et de f(ph)allus. | |
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roudita pilier
Nombre de messages : 385 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 05/01/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 12:19 | |
| - rotko a écrit:
(1) une des 4 épées de la chanson du mal aimé : Malourène, Pâline, Noubosse et Lul de Faltenin.
heu.. oserai-je te contredire ? je l'ai lu hier.. il me semble qu'il y en a 7 des épées.. | |
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roudita pilier
Nombre de messages : 385 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 05/01/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 12:23 | |
| Deux petits passages qui m'ont "interpelée" (bouh, je n'aime pas ce mot) : - Citation :
Mais en vérité je l’attends Avec mon coeur avec mon âme Et sur le pont des Reviens-t’en Si jamais revient cette femme Je lui dirai Je suis content
et dans Le Cortège - Citation :
Et moi aussi de près je suis sombre et terne Une brume qui vient d’obscurcir les lanternes Une main qui tout à coup se pose devant les yeux Une voûte entre vous et toutes les lumières Et je m’éloignerai m’illuminant au milieu d’ombres Et d’alignement d’yeux des astres bien-aimés
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 12:25 | |
| oui, 7 épées Pâline, Noubosse, Lul de Faltenin, Malourène, Sainte-Fabeau et les autres anonymes. toutes ces épées me troublent ! tu as bien fait de me rappeler à l'ordre ! | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 17:26 | |
| je connais par coeur plusieurs poemes d'apollinaire dont
Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la Violatres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 17:36 | |
| les saltimbanques, je les chante dans ma tête sans savoir si lamusique est de Honegger ou de Martinu "dans la plaine les baladins"
Dans la plaine les baladins S'éloignent au long des jardins Devant l'huis des auberges grises Par les villages sans églises Et les enfants s'en vont devant Les autres suivent en rêvant Chaque arbre fruitier se résigne Quand de très loin il lui font signe Ils ont des poids ronds ou carrés Des tambours des cerceaux dorés L'ours et le singe animaux sages Quêtent des sous sur leurs passage.
qui chante ? leo Ferré ? Montand ? | |
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roudita pilier
Nombre de messages : 385 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 05/01/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 04 Juil 2007, 17:41 | |
| - rotko a écrit:
- les saltimbanques,
je les chante dans ma tête sans savoir si lamusique est de Honegger ou de Martinu "dans la plaine les baladins" (...) qui chante ? leo Ferré ? Montand ? Montand Musique de Bessieres et voilà, je l'ai dans la tête pour la soirée, merci Rotko | |
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berne pilier
Nombre de messages : 2144 Date d'inscription : 11/11/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Jeu 05 Juil 2007, 15:12 | |
| Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine. Je l'ai en disque de Serge REGGIANI en scène production jacques Canetti | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Jeu 05 Juil 2007, 16:00 | |
| Apollinaire fait partie de ces poètes dont les vers nous reviennent quand on se promène dans Paris. - Citation :
- Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s'écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine C'est la dernière strophe de Marie. que je n'ai jamais entendu chanter par Leo Ferré. Que penseriez-vous d'ouvrir un fil (dans poésie ininterrompue ou vos pratiques culturelles) sur évocation d'une ville, on y mettrait des poemes, le rappel de scènes de films ou de romans ? | |
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Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mar 18 Sep 2007, 15:25 | |
| Nuit Rhénane
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme Écoutez la chanson lente d'un batelier Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde Que je n'entende plus le chant du batelier Et mettez près de moi toutes les filles blondes Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter La voix chante toujours à en râle-mourir Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire | |
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June pilier
Nombre de messages : 35 Date d'inscription : 24/03/2008
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mar 25 Mar 2008, 20:33 | |
| Allez comme ça à brûle pourpoint, quelques bribes d'Alcools qui me viennent spontanèment:
" Ta mère fit un pet foireux et tu naquis de sa colique" dans Réponse des cosaques zaporogues au sultan de Constantinople ( je plaisante... encore que, voilà qui est pratique pour envoyer balader poétiquement un importun , ça fait lettré de suite)
" Et moi j'ai le coeur aussi gros Q'un cul de dame damascène Ô mon amour je t'aimais trop Et maintenant j'ai trop de peine
Sept épées de mélancolie Sans morfil ô claire douleur Sont dans mon coeur et la folie Veut raisonner pour mon malheur Comment voulez-vous que j'oublie "
ou encore: " Et la septième s'exténue Une femme une rose morte Merci que le dernier venu Sur mon amour ferme la porte Je ne vous ai jamais connue" dans Les sept épées
Pis aussi:
" L'angoisse de l'amour te serre le gosier Comme si tu ne devais jamais plus être aimé" dans Zone
ça y est, j'ai fini mon brûle-pourpoint | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mer 26 Mar 2008, 05:10 | |
| Apollinaire manie aussi l'humour dans - Citation :
- LUL DE FALTENIN
Sirènes j'ai rampé vers vos Grottes tiriez aux mers la langue En dansant devant leurs chevaux Puis battiez de vos ailes d'anges Et j'écoutais ces choeurs rivaux titre bizarre que certains interprètent comme un anagramme approximatif du phallus (fallul). | |
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Tchipette Animation
Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Mar 20 Mai 2008, 17:31 | |
| J'ai un faible pour les calligrammes... clic ! - Citation :
Reconnais-toi Cette adorable personne c'est toi Sous le grand chapeau canotier Oeil Nez La bouche Voici l'ovale de ta figure Ton cou exquis Voici enfin l'imparfaite image de ton buste adoré vu comme à travers un nuage Un peu plus bas c'est ton coeur qui bat
Mais le plus beau pour moi, c'est celui-ci (pas très original, je le crains ) Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre. | |
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Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Ven 13 Fév 2009, 16:52 | |
| Zone
À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes La religion seule est restée toute neuve la religion Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X Et toi que les fenêtres observent la honte te retient D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux Il y a les livraisons à vingt-cinq centimes pleines d'aventures policières Portraits des grands hommes et mille titres divers
J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom Neuve et propre du soleil elle était le clairon Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent Le matin par trois fois la sirène y gémit Une cloche rageuse y aboie vers midi Les inscriptions des enseignes et des murailles Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent J'aime la grâce de cette rue industrielle Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes
Voilà la jeune rue et tu n'es encore qu'un petit enfant Ta mère ne t'habille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize Vous n'aimez rien tant que les pompes de l'Église Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège Tandis qu'éternelle et adorable profondeur améthyste Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ C'est le beau lys que tous nous cultivons C'est la torche aux cheveux roux que n'éteint pas le vent C'est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère C'est l'arbre toujours touffu de toutes les prières C'est la double potence de l'honneur et de l'éternité C'est l'étoile à six branches C'est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs Il détient le record du monde pour la hauteur
Pupille Christ de l'œil Vingtième pupille des siècles il sait y faire Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte dans l'air Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder lls disent qu'il imite Simon Mage en Judée Ils crient qu'il sait voler qu'on l'appelle voleur Les anges voltigent autour du joli voltigeur Icare Énoch Élie Apollonius de Thyane Flottent autour du premier aéroplane Ils s'écartent parfois pour laisser passer ceux que transporte la Sainte-Eucharistie Ces prêtres qui montent éternellement élevant l'hostie L'avion se pose enfin sans refermer les ailes Le ciel s'emplit alors de millions d'hirondelles À tire-d'aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux D'Afrique arrivent les ibis les flamants les marabouts L'oiseau Roc célébré par les conteurs et les poètes Plane tenant dans les serres le crâne d'Adam la première tête L'aigle fond de l'horizon en poussant un grand cri Et d'Amérique vient le petit colibri De Chine sont venus les pihis longs et souples Qui n'ont qu'une seule aile et qui volent par couples Puis voici la colombe esprit immaculé Qu'escortent l'oiseau-lyre et le paon ocellé Le phénix ce bûcher qui soi-même s'engendre Un instant voile tout de son ardente cendre Les sirènes laissant les périlleux détroits Arrivent en chantant bellement toutes trois Et tous aigles phénix et pihis de la Chine Fraternisent avec la volante machine
Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent L'angoisse de l'amour te serre le gosier Comme si tu ne devais jamais plus être aimé Si tu vivais dans l'ancien temps tu entrerais dans un monastère Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière Tu te moques de toi et comme le feu de l'Enfer ton rire pétille Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie C'est un tableau pendu dans un sombre musée Et quelquefois tu vas le regarder de près
Aujourd'hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées C'était et je voudrais ne pas m'en souvenir c'était au déclin de la be
Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m'a regardé à Chartres Le sang de votre Sacré-Coeur m'a inondé à Montmartre Je suis malade d'ouïr les paroles bienheureuses L'amour dont je souffre est une maladie honteuse Et l'image qui te possède te fait survivre dans l'insomnie et dans l'angoisse C'est toujours près de toi cette image qui passe
Maintenant tu es au bord de la Méditerranée Sous les citronniers qui sont en fleur toute l'année Avec tes amis tu te promènes en barque L'un est Nissard il y a un Mentonasque et deux Turbiesques Nous regardons avec effroi les poulpes des profondeurs Et parmi les algues nagent les poissons images du Sauveur
Tu es dans le jardin d'une auberge aux environs de Prague Tu te sens tout heureux une rose est sur la table Et tu observes au lieu d'écrire ton conte en prose La cétoine qui dort dans le creux de la rose
Épouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit Tu étais triste à mourir le jour où t'y vis Tu ressembles au Lazare affolé par le jour Les aiguilles de l'horloge du quartier juif vont à rebours Et tu recules aussi dans ta vie lentement En montant au Hradchin et le soir en écoutant Dans les tavernes chanter des chansons tchèques
Te voici à Marseille au milieu des pastèques
Te voici à Coblence à l'hôtel du Géant
Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon
Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu trouves belle et qui est laide Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde On y loue des chambres en latin Cubicula locanda Je m'en souviens j'y ai passé trois jours et autant à Gouda
Tu es à Paris chez le juge d'instruction Comme un criminel on te met en état d'arrestation
Tu es fait de douloureux et de joyeux voyages Avant de t'apercevoir du mensonge et de l'âge Tu as souffert de l'amour à vingt et à trente ans J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps Tu n'oses plus regarder tes mains et à tous moments je voudrais sangloter Sur toi sur celle que j'aime sur tout ce qui t'a épouvanté
Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres immigrants Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare Ils ont foi dans leur étoile comme les rois-mages Ils espèrent gagner de l'argent dans l'Argentine Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre coeur Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels Quelques-uns de ces immigrants restent ici et se logent Rue des Rosiers ou rue des Écouffes dans des bouges Je les ai vus souvent le soir ils prennent l'air dans la rue Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque Elles restent assises exsangues au fond des boutiques
Tu es debout devant le zinc d'un bar crapuleux Tu prends un café à deux sous parmi les malheureux
Tu es la nuit dans un grand restaurant
Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant Elle est la fille d'un sergent de ville de Jersey
Ses mains que je n'avais pas vues sont dures et gercées
J'ai une pitié immense pour les coutures de son ventre
J'humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible me bouche
Tu es seul le matin va venir Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues La nuit s'éloigne ainsi qu'une belle Métive C'est Ferdine la fausse ou Léa l'attentive
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie
Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d'Océanie et de Guinée lls sont des Christs d'une autre forme et d'une autre croyance Ce sont les Christs inférieurs des obscures espérances
Adieu Adieu
Soleil cou coupé | |
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Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Ven 13 Fév 2009, 18:36 | |
| Crépuscule
Frôlée par les ombres des morts Sur l'herbe où le jour s'exténue L'arlequine s'est mise nue Et dans l'étang mire son corps
Un charlatan crépusculaire Vante les tours que l'on va faire Le ciel sans teinte est constellé D'astres pâles comme du lait
Sur les tréteaux l'arlequin blême Salue d'abord les spectateurs Des sorciers venus de Bohême Quelques fées et les enchanteurs
Ayant décroché une étoile Il la manie à bras tendu Tandis que des pieds un pendu Sonne en mesure les cymbales
L'aveugle berce un bel enfant La biche passe avec ses faons Le nain regarde d'un air triste Grandir l'arlequin trismégiste | |
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Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Ven 20 Fév 2009, 12:34 | |
| Je n'ai pas encore lu de plus beau poème chez Apollinaire.
Le brasier
A Paul-Napoléon Roinard
J'ai jeté dans le noble feu Que je transporte et que j'adore De vives mains et même feu Ce Passé ces têtes de morts Flamme je fais ce que tu veux
Le galop soudain des étoiles N'étant que ce qui deviendra Se même au hennissement mâle Des centaures dans leurs haras Et des grand'plaintes végétales
Où sont ces têtes que j'avais Où est le Dieu de ma jeunesse L'amour est devenu mauvais Qu'au brasier les flammes renaissent Mon âme au soleil se dévêt
Dans la plaine ont poussé des flammes Nos coeurs pendent aux citronniers Les têtes coupées qui m'acclament Et les astres qui ont saigné Ne sont que des têtes de femmes
Le fleuve épinglé sur la ville T'y fixe comme un vêtement Partant à l'amphion docile Tu subis tous les tons charmants Qui rendent les pierres agiles | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Dim 14 Juin 2009, 19:08 | |
| - Citation :
- et l'unique cordeau des trompettes marines
Ce site raffine ici dans l'analyse de ce vers, mais risque l'erreur dans l'interprétation du mot marine - Citation :
- doit peut être son nom aux matelots qui l'auraient inventé (il était utilisé dans la marine anglaise au XVIIème siècle) et à sa parfaite imitation du chant de la trompette ordinaire.
les musicologues pensent plutôt que cet instrument etait utilisé pour les litanies de Marie : Son nom provient de l'usage, musical, qu’en faisaient les religieuses dès le XIIIe siècle pour remplacer la trompette. Auf Deutsch : Marientrompette ou Nonnengeige (Marieken = religieuses). voici l'instrument
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Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Sam 12 Déc 2009, 18:38 | |
| clic ! | |
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MdSA pilier
Nombre de messages : 78 Date d'inscription : 25/11/2009
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Dim 13 Déc 2009, 12:33 | |
| Selon "La littérature française pour les nuls", le poème "Marie" de Guillaume Apollinaire est un des dix plus beaux poèmes de la littérature française: Marie
Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C'est la maclotte qui sautille Toutes les cloches sonneront Quand donc reviendrez-vous Marie
Les masques sont silencieux Et la musique est si lointaine Qu'elle semble venir des cieux Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine Et mon mal est délicieux
Les brebis s'en vont dans la neige Flocons de laine et ceux d'argent Des soldats passent et que n'ai-je Un cœur à moi ce cœur changeant Changeant et puis encor que sais-je
Sais-je où s'en iront tes cheveux Crépus comme mer qui moutonne Sais-je où s'en iront tes cheveux Et tes mains feuilles de l'automne Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s'écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine
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MdSA pilier
Nombre de messages : 78 Date d'inscription : 25/11/2009
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Dim 13 Déc 2009, 12:39 | |
| - rotko a écrit:
- oui, 7 épées
Pâline, Noubosse, Lul de Faltenin, Malourène, Sainte-Fabeau et les autres anonymes. toutes ces épées me troublent ! tu as bien fait de me rappeler à l'ordre ! Ce poème reste une énigme pour moi. Est-ce les 7 épées, dira-t-on de "l'amour", qu'Apollinaire s'est fait planter, étant donné qu'il s'appelle le "Mal-Aimé"? Je connais ses histoires avec Marie Laurencin et Annie Playden, mais s'il existe 7 épées, il devrait y avoir 5 autres femmes... Pardon pour le double-post. - rotko a écrit:
clic ! Connais-tu le calligramme de la tour Eiffel? C'est à cause de sa ressemblance avec une femme qu'Apollinaire traite la Tour Eiffel, dans le poème Zone, de "bergère" | |
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Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Dim 13 Déc 2009, 13:06 | |
| - Citation :
- Selon "La littérature française pour les nuls", le poème "Marie" de Guillaume Apollinaire est un des dix plus beaux poèmes de la littérature française:
Comme quoi "les nuls" ne sont jamais du côté où l'on pourrait imaginer qu'ils se trouvent ... ceux-là qui s'érigent en thaumaturges staliniens de la poésie, voire en représentants de l'Opus Dei poétique, auraient mieux fait de s'abstenir de se concerter pour écrire une telle connerie ... | |
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MdSA pilier
Nombre de messages : 78 Date d'inscription : 25/11/2009
| Sujet: Re: Guillaume Apollinaire Dim 13 Déc 2009, 13:12 | |
| - Constance a écrit:
-
- Citation :
- Selon "La littérature française pour les nuls", le poème "Marie" de Guillaume Apollinaire est un des dix plus beaux poèmes de la littérature française:
Comme quoi "les nuls" ne sont jamais du côté où l'on pourrait imaginer qu'ils se trouvent ... ceux-là qui s'érigent en thaumaturges staliniens de la poésie, voire en représentants de l'Opus Dei poétique, auraient mieux fait de s'abstenir de se concerter pour écrire une telle connerie ... Eh, il est sur ma liste de Noël. C'est vrai que ce n'est pas un des plus beaux en français, mais c'est toujours une question de goût à mon avis. | |
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| Guillaume Apollinaire | |
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