Vous connaissez Pont Aven, ses moulins, sa rivière, ses galettes et ses peintres. Cette charmante bourgade du Finistère, infréquentable en plein été, compte plus de galeries de peinture que de café, ce qui n'est pas négligeable en Bretagne.
Pont Aven, c'est la peinture "officielle", c'est Paul Gauguin, Émile Bernard, et Paul Sérusier, pour les plus connus.
A 4 ou 5 km de là, un bourg, des agriculteurs, des vaches, un calvaire fantôme : Nizon.
Tout a commencé là, il y a 16 ans.
Un journaliste demande aux Nizonnais de rechercher des vieilles photos racontant l'histoire du pays.
L'idée suivante, brillante, a été de leur proposer de peindre la mémoire de leur village.
Et voilà, comment est née "L'école de Nizon", qui aujourd'hui fait la nique à celle de Pont-Aven.
Bien sûr, les agriculteurs, charcutiers, cafetiers ne se sont pas transformés en peintres du jour au lendemain.
Ils ont adopté une technique de reproduction intéressante : la photo choisie est photocopiée jusqu'à faire disparaitre le plus possible les nuances pour ne garder que les oppositions franches d'ombre et de lumière. Elle est agrandie ou tirée sur diapo.
Ensuite, soit on peint sur la photocopie, soit l'image est projetée sur du contre-plaqué et redessinée, en choisissant soigneusement ce qui doit être reproduit et ce qui sera supprimé.
Dernière étape, la peinture. Toujours des couleurs saturées.
Et voilà comment l'ancêtre du village s'est un jour retrouvé à boire sous son portrait accroché sur le mur du café.
Un collectif est né de cette idée : "Le hangart".
Les tableaux sont exposés dans les commerces du village, ils "tournent".
Aucun n'est à vendre. Les habitants sont collectivement propriétaires de leurs œuvres.
L'un des artistes a conclu de cette expérience : il n'y a pas besoin d'être peintre pour faire de l'art, mais pour être paysan, il faut faire le cochon.
La plus célèbre de tous : la Marilyne de Nizon.
Tous les ans, en juin, on peut voir une rétrospective de toutes les œuvres du collectif, aujourd'hui, plus d'une centaine de tableaux, rappelant la mémoire du lieu.