Willy Sorensen (DK)

Histoires étranges, éditions du Griot.

Les nouvelles sont traduites par Sophie Grimal et Frédéric Gervais.

Sylvanus de Nazareth,

Citation :

« On raconte que pendant les premiers jours qui suivirent sa mort, le très saint Hieronymus resta en lévitation entre le sol et le plafond de sa chambre funéraire de Bethléem où on avait célébré ses funérailles ».

c'estle début !

Sorensen, philosophe de formation, développe les paradoxes de l’âne de Buridan, partagé entre le choix de l’orge et l’avoine, et incapable de se décider.

Si ce n’est pas blasphémer, c’est aussi le paradoxe de la passion du Christ, s’écriant d’un même élan « éloigne de moi cette coupe de souffrance » et « O mon père que ta volonté soit faite ! », formulations que je viens de traduire de l’araméen.

Sorensen oppose donc sur ce thème de la dualité du choix un hérétique, Sabianus, à l'évêque Sylvanus,disciple de Hieronymus; idem pour la propension à suivre le bien comme le mal etc.

Dans son histoire, plus burlesque que pieuse, le diable et Hieronymus dédoublent les personnages, les mettent tour à tour en position édifiante... et scandaleuse.

Moralité ? Y en a pas !

On trouve le même plaisir à voir le faux évêque abuser d’une jeune fille qu’à voir l’hérétique réhabilité !

Le meurtre

début :

Citation :

« Le meurtre ne pouvant rester impuni, je décidai de postuler à un emploi au sein de la police criminelle »

Ce qui vaut à l’aspirant policier de débuter dans la carrière comme inspecteur principal !

Sur quel meurtre il enquête, il n’en sait rien ! Pour l’instant il lui semble primordial de rechercher qui était la victime !

En fait tout le monde a l’air d’être au courant, sauf lui, et vu son uniforme et son grade, il ne peut qu’arborer des airs entendus, et jouer un rôle auquel il ne comprend rien.

Sorensen est un habile pasticheur réputé pour avoir parodié son compatriote Andersen.

Ici il compose une "fantaisie à la manière de Kafka", où l’ignorant, devenu officiel, doit pratiquer la langue de bois pour cacher son incompétence !

Goûtez ce petit passage philosophique :

Citation :

« A l’image de la terre qui, recouverte par la marée, reste la terre ferme même si le travail de la mer dure depuis des millénaires, une énigme demeure sans solution jusqu’au jour où elle est résolue, le travail du limier dût-il durer mille ans. »

Sorensen nous plonge dans un univers absurde, à mi-chemin entre Alfred Jarry et un Kafka de café concert,

avec musique d’Éric Satie : la preuve,

Citation :

« le glouglou des rigoles ressemblait à des fous rires étouffés. »

Amateurs d'histoires loufoques, rendez-vous chez Sorensen :

histoires étranges, éditions du griot.