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| | Italo Svevo [Italie] | |
| | Auteur | Message |
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aelita pilier
Nombre de messages : 307 Date d'inscription : 12/01/2006
| Sujet: Italo Svevo [Italie] Mer 15 Fév 2006, 23:43 | |
| Après avoir lu quelques nouvelles d'Italo Svevo, dont j'ai apprécié l'humour toujours présent tout au long de ses récits, j'ai porté mon intérêt sur le livre suivant :
La Conscience de Zeno, d'Italo Svevo Edition : L.G.F. Parution : 18.04.2000
Italo Svevo de son vrai nom Ettore Schmitz est né à Trieste en 1861 et décédé en 1926. Il doit son succès, entre autres, à James Joyce dont il a fait la connaissance en 1903.
Il a écrit son roman La conscience de Zeno, en 1923, s'inspirant de la psychanalyse telle qu'elle était pratiquée à cette époque.
Zeno, est un homme âgé de 57 ans qui se soumet à une thérapie psychanalytique en écrivant une sorte de confession, en vue de guérir, sous les conseils de son médecin. Il est atteint d'une névrose non identifiée. Cette maladie ne l'empêche pas de mener une vie privilégiée et heureuse. Il écrit pour son psychanalyste des phases de sa vie, qui se sont déroulées lorsqu'il avait entre vingt et trente ans, en y ajoutant quelques souvenirs d'enfance.
Il est très tourmenté par l'idée de vieillir et de mourir. Il est de nature jalouse et paresseuse, et a la chance de vivre sans avoir à travailler. Il suit des études dans des domaines très variés et s'adonne également à l'assouvissement d'un grand appétit sexuel! Il est très cultivé. Il est persuadé, comme l'écrit Stendhal dans le Rouge et le Noir que la parole a été donnée à l'homme pour cacher sa pensée. Les confessions de Zeno sont entre le mensonge et la vérité, il se complait dans le réel aussi bien que dans le fantasme.
Un jour, il prend la ferme décision de ne plus fumer et de de ne plus tromper sa femme. Le terme santé est un des mots qui reviendra très souvent dans ses confessions. Ses maladies imaginaires qu'il parvient magnifiquement à simuler lui donnent des prétextes pour sa tranquillité. Il a trouvé dans cette "comédie", un excellent anti-dépresseur.
J'ai trouvé une citation d'Italo Svevo que j'estime être en accord avec le raisonnement qu'il prête à son personnage :
La vie ressemble à la maladie en ce qu'elle procède par crises et usure progressive, comme elle comporte aussi ses améliorations et aggravations quotidiennes. Mais, à la différence des autres maladies, la vie est toujours mortelle. Italo Svevo décrit avec un humour très particulier les grandes étapes de la vie de Zeno, en voici trois courts exemples :
Lorsque le père du héros vit ses dernières heures, Zeno ne pense même pas à appeler le médecin afin qu'il soulage l'agonie de son pauvre père. Il se peut, qu'inconsciemment, il trahisse, par ce manque d'efficacité élémentaire, dans de telles circonstances, les sentiments peu nobles qu'il a toujours ressentis à l'égard de son père. Le mourant parviendra à se lever de son lit et à gifler son fils, juste avant de tomber par terre et de perdre la vie. Zeno épouse une femme qu'il n'aime pas, alors qu'il est amoureux fou de l'une des soeurs de son épouse. En se rendant à l'enterrement de son meilleur ami, il s'aperçoit subitement qu'il suit le corbillard d'une autre personne, etc...
En faisant une auto-critique de sa conscience, Zeno y voit des évidences qui ne sont pourtant pas claires, mais plutôt inquiétantes. Il triche en essayant de les cacher à son lecteur - son psychanalyste -
Son épouse, Augusta, ne décèle rien de mal dans la conduite de Zeno. Elle est persuadée de s'être mariée au meilleur des hommes.
Le récit de sa vie, qu'en fait Zeno, est à de multiples reprises d'un effet comique, même si cette vie lui assène parfois des méprises et des étourderies, ce qui renforce, d'ailleurs, davantage le côté burlesque de son histoire.
Par exemple, il est reconnu par ses proches, inapte à tout travail et se retrouve placé, par son père, sous tutelle administrative. Ne tenant pas compte de cette brimade, il va s'occuper de la maison de commerce de son beau-frère et diriger ses affaires à titre bénévole. La faillite en résultera à la suite d'aléas tragi-comiques pendant lesquels son beau-frère qui est lui-même un incapable, tentera de le seconder.
Italo Svevo fait de Zeno, un personnage comme il en existe beaucoup, et analyse avec acuité ses côtés bas et ses hypocrisies, que son héros tente parfois de faire passer par de grands élans de coeur, exhibés devant tous ses proches dans le but de leur dire voyez comme je suis bon!
Italo Svevo m'a donné l'impression que La conscience de Zeno pouvait être lue au deuxième degré. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Jeu 16 Fév 2006, 10:23 | |
| Aelita : - Citation :
- j'ai apprécié l'humour toujours présent tout au long de ses récits
on est sur la même longueur d'ondes !Aelita : - Citation :
- Un jour, il prend la ferme décision de ne plus fumer et de de ne plus tromper sa femme
je ne sais pas ce qu'il est advenu des promesses pour sa femme mais je peux te dire ce qu'il en est par rapport au tabac car j'ai lu son livre ! Italo Svevo, Dernières cigarettes, rivage poche, Petite bibliothèque. où Humour et tabac ne font pas mauvais ménage... extraits (presque) sans commentaires :-) " - Citation :
- Du moment que l'on fume, mieux vaut fumer gaiement, parce que cela fait moins mal[...]Après avoir fumé gaiement, on peut écrire avec sérieux un article contre le tabac, touta fait digne de foi et pelin d'autorité parcequ'emanant d'une autorité en matière de tabac
" pp 18-19 " - Citation :
- Je me permets de conseiller au législateur de faire une loi speciale qui autoriserait les adultes à rosser toutes les personnes mineures surprises en train de fumer; et qu'il soit précisé dans cette loi que l'adulte qui se livrerait à un telacte humanitaire ne serait pas obligé de jeter sa cigarette pour l'exécuter
" P 23 " - Citation :
- Si j'avais arrêté de fumer, peut-être serais je devenu l'homme ideal et fort que j'escomptais. C'est peut être ce doute qui me lia à mon vice car c'est une façon commode de vivre que de se croire grand d'une grandeur latente."
p 34 chapitre : dernières cigarettes p 27 à 59 différents essais :-) " Je pense que la cigarette a un goût plus intense quand elle est la dernière". p 35 A defaut d'abandonner le tabac, vous aurez du plaisir à lire le livre | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Jeu 16 Fév 2006, 21:47 | |
| - rotko a écrit:
- Citation:
Je me permets de conseiller au législateur de faire une loi speciale qui autoriserait les adultes à rosser toutes les personnes mineures surprises en train de fumer; et qu'il soit précisé dans cette loi que l'adulte qui se livrerait à un telacte humanitaire ne serait pas obligé de jeter sa cigarette pour l'exécuter çà me va très bien, çà !!! Bon j'ai lu La Conscience de Zeno l'été dernier sur les bons conseils d'une amie. Beaucoup apprécié, l'écriture et l'humour. Et le tragique qui pointe parfois, sous couvert d'humour justement. J'en ai un autre à lire, Sénilité. Si j'arrive à m'y mettre je vous en parlerai... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| | | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Ven 17 Fév 2006, 07:05 | |
| Provence dit : - Citation :
- J'en ai un autre à lire, Sénilité. Si j'arrive à m'y mettre je vous en parlerai
Merci d'y penser, mais on a le temps ! | |
| | | Marie kiss la joue Animation
Nombre de messages : 2576 Age : 36 Localisation : Rennes/Paris Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Sam 23 Jan 2010, 17:35 | |
| Je viens d'achever la lecture de La conscience de Zeno, et décidément, ce livre me conforte dans mon goût pour les écrivains de "l'entre-deux", qui ont connu la fin du XIXème et le début du XXème. C'est à la fois un roman de la décadence, du déclin, puisque l'on suit le parcours de Zeno, un homme débile, incapable de la moindre décision, choisissant même son épouse par défaut (c'est d'ailleurs assez drôle à lire, Provence, les messages ci-dessus, parlait d'humour, et c'est vrai que le tragique et l'humour se côtoient souvent). Les évènements nous sont relatés par Zeno lui-même, qui suit une psychanalyse et consigne tout dans ses cahiers, jusqu'à l'éclatement de la première guerre mondiale. On y retrouve vraiment beaucoup de points communs avec La montagne magique de Thomas Mann, avec toujours cette obsession de la maladie et de la santé, Zeno étant persuadé, pendant longtemps, d'être malade, et recherchant à tout prix cet état. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Ven 26 Nov 2010, 07:51 | |
| UNE VIE (UNA VITA), SENILITÀ, LA CONSCIENCE DE ZENO (LA COSCIENZA DI ZENO) d'Italo Svevo. Edition établie et présentée par Mario Fusco, traductions de l'italien de Mario Fusco, Georges Piroué et Paul-Henri Michel. Gallimard, "Quarto". - Citation :
- Comme les trois antihéros de ses trois livres, Alfonso Nitti (Une vie), Emilio Brentani (Senilità) et surtout Zeno (La Conscience de Zeno), Italo Svevo passe continuellement des propos les plus héroïques aux défaites les plus surprenantes.
l'article du Monde. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Jeu 30 Déc 2010, 07:49 | |
| UNE VIE (UNA VITA), SENILITÀ, LA CONSCIENCE DE ZENO (LA COSCIENZA DI ZENO 910 p. Svevo avait tout deviné du malaise contemporain, avec son ironie cinglante et sa cruauté raffinée. Une vie, d'abord, est la confession d'un inetto, un bon à rien : Alfonso Nitti, obscur employé de banque aux prises avec des passions foireuses - il finira par retourner contre lui-même la rancoeur qu'il voue à son inaccessible amour et il se suicidera en ouvrant le gaz, parce qu'il se sent "impropre à la vie".
Même amertume dans Senilità, récit d'un fiasco psychologique assumé avec une délectation masochiste : celui d'Emilio Brentani, autre gratte-papier minable qui sort des officines kafkaïennes pour réaliser sa pitoyable vocation - "échouer de mieux en mieux", comme dirait Beckett -, avant de se réfugier, à 35 ans, dans une sénilité aussi précoce que risible.
Quant à La conscience de Zeno, c'est l'histoire désormais universelle d'un éternel aboulique qui découvre, en ricanant, les avantages d'être un antihéros.
Complice dans l'autodérision d'un certain Ulrich - le loser fétiche de Musil -, Zeno Cosini, 50 ans, est fatigué de vivre, névrosé, accro à la nicotine - ah ! les pages sur sa "dernière cigarette" -, velléitaire, hypocondriaque. Et mal marié avec la plus laide des quatre soeurs Malfenti dont les prénoms commencent tous par un A, alors qu'il n'a droit, lui, qu'à la dernière lettre de l'alphabet : Z comme Zeno et surtout comme Zéro.
Afin de se soulager, il griffonne des carnets destinés à son psychanalyste et ses notes s'accumulent dans un joyeux désordre qui n'a d'égal que le chaos de son existence. Mais il restera divinement lucide, sur lui-même et sur une humanité déconfite qu'il observe en moraliste voltairien.présentation dans l'Express | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Lun 30 Jan 2012, 12:57 | |
| je rapatrie ici le beau billet qu' Aglaé avait réservé initialement au "confiseur". - Citation :
- La Conscience de Zeno est un roman. C'est l'histoire d'un homme qui n'arrive pas à arrêter de fumer, il en est toujours à ses ''dernières cigarettes" (et ses dernières femmes). Il se lance dans une psychanalyse et comprend que sa vie n'est qu'un ramassis d'échecs. Mais tout est raconté avec humour: rire de ses malheurs, rien de plus vivifiant!
Zeno fait aussi dans l'humour, disons ''misogyne'', qui me fait personnellement beaucoup sourire. Des extraits pour illustrer:
Une ancienne maîtresse devenue amie lui demande: Pourquoi m'avez-vous quittée ? Pris de court, je n'eus pas le temps de fabriquer un mensonge. Aussi fus-je sincère : - Je ne sais plus... j'ignore tant de choses de ma propre vie.
En faisant le point sur ses relations amoureuses: La valeur d'une femme peut être grande le matin, nulle à midi, très grande un peu plus tard, nettement négative au soir. J'expliquai le concept de valeur négative : une femme prend une valeur négative quand un homme calcule en lui-même quelle somme il donnerait volontiers pour la savoir très loin de lui.
Et arrive à la conclusion qu' une femme est un objet dont le prix varie bien davantage que celui de n'importe quelle valeur de bourse.
Plus loin: Dans la vie de la plupart des femmes, tout, même le plus grand chagrin, aboutit à une question d'essayage.
Ou encore: Les femmes avec qui j'avais eu affaire jusqu'alors, je les traitais différemment: les mains en avant, tout de suite. la verve et l'humour de Svevo sont contagieuses. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Italo Svevo [Italie] Jeu 02 Fév 2012, 13:50 | |
| Pour connaître Svevo sous un autre jour: Diario per la fidanzata /Journal pour la fiancée.
Très utile pour comprendre la psychologie de l'auteur, ce journal révèle ses attentes romantiques et ses craintes d'écrivain; ces deux points paraissant comme fondamentalement liés.
"Livia n'a ni le caractère de Nella, ni celui de Olga [...] et je pensais: pas celui de Nella, pas celui de Olga, mais mieux pour moi. Elle m'aimera comme je voudrai être aimé, et elle me supportera; elle supportera mes lubies et mes maladies, elle m'aimera en entier, fou, imbécile, vieux. Je les laissais parler, dire du bien ou du mal de toi, je pensais: Livia n'a ni défauts ni vertus. Livia est Livia." |
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