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| | Elif Shafak [Turquie] | |
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+7coincoin Dindon Bernique rotko Tchipette joce22 Nestor 11 participants | |
Auteur | Message |
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Nestor Admin
Nombre de messages : 1576 Date d'inscription : 25/12/2005
| Sujet: Elif Shafak [Turquie] Sam 01 Sep 2007, 17:10 | |
| - Citation :
- je note une romancière turque Elif Shafalk qui a ecrit en anglais la bâtarde d'Istambul chez Phébus
. En racontant l'histoire de deux familles, l'une turque, l'autre armenienne, l'auteur(e) ne tombe pas dans la langue de bois, par exemple elle s'y montre favorable au soufisme. - Citation :
- Machisme, censure officielle et tabou familial, occultation ou oubli du génocide arménien, tous les maux d'une histoire refoulée sont recueillis à la fois par la vitalité et l'ironie romanesques, traçant leur sillon au coeur de chaque personnage tendrement moqué, et façonné dans les contradictions.
fabienne Dumontet in lemonde.
Dernière édition par Nestor le Mer 12 Mar 2008, 21:09, édité 1 fois | |
| | | joce22 pilier
Nombre de messages : 667 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 10/09/2007
| Sujet: Elif Shafak Lun 10 Sep 2007, 14:53 | |
| Deux jeunes filles : Asya Kazanci, « bâtarde » dans une famille stambouliote composée uniquement de femmes, chacune à la personnalité affirmée – les hommes étant absents, morts ou émigrés – et Armanoush, américaine – de l’Amérique profonde – par sa mère divorcée, arménienne par son père, élevée aux États-Unis par un beau-père turc, Mustafa Kazanci, au grand dam de ladite famille paternelle. Leurs routes se rencontrent quand, à la faveur de vacances universitaires, Armanoush décide d’aller seule et en secret à Istanbul, histoire de comprendre sur quoi se fonde la haine que la diaspora arménienne voue aux Turcs. Le plus simple est de se faire inviter par la famille de son beau-père… Le séjour se révèle plein de surprises. Bien des secrets de famille voleront en éclats, mais aussi bien des préjugés. Véritable condensé de ce qu’est la Turquie contemporaine, les femmes Kazanci ne s’entendent sur rien : philosophie, religion, politique, sexe, histoire et même cuisine... Sauf qu’elles s’aiment indéniablement. Au travers de son sixième roman, Elif Shafak – avec un humour ravageur, sans provocation mais aussi sans concessions – nous convie à la découverte d’un univers généreux, gourmand et plein d’allégresse ! « La Bâtarde d’Istanbul », Elif Shafak, éditions Phébus, 20 euros | |
| | | Tchipette Animation
Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Elif Shafak - [Turquie] Mer 30 Juil 2008, 17:08 | |
| La bâtarde d'Istanbul. Deux histoires parallèles qui vont s'entrecroiser puis s'imbriquer solidement : Celle d'Armanoush Tchakhmakhchian, armeno-américaine, portant le poids de l'histoire de sa famille arménienne et tentant de s'y retrouver en faisant un voyage à Istambul à la recherche des lieux et des maisons que ses ancêtres ont habités. Sa mère américaine s'étant remariée avec un turc, elle va loger dans la famille de celui-ci. Et puis celle d'Asya Kazanci, la bâtarde, qui au sein d'une famille de femmes turques, tente elle d'oublier le poids de son histoire et l'absence de son père dont elle ne sait rien. Et au milieu de tout cela, les relations entre turcs et arméniens au sujet du génocide de 1915. Elif Shafak est turque mais vit actuellement entre l'Arizona et Istambul. Elle décrit dans ce livre non seulement les errances et les interrogations de deux jeunes filles à priori très différentes, mais en réalité très proches. D'une plume à l'humour caustique, elle nous entraîne avec bonheur dans une famille stambouliote de barges et dans son pendant arménien vivant aux Etats-Unis. Le livre se lit d'une traite, drôle et tendre, malgré le poids d'un passé très lourd dans les deux familles. C'est aussi une tentative de réconciliation entre deux peuples (deux "familles" dans le livre) dont l'histoire est aussi imbriquée et indivisible. Un vrai coup de coeur Il est à noter qu'Elif Shafak a risqué la prison pour avoir écrit sur un sujet si sensible. | |
| | | joce22 pilier
Nombre de messages : 667 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 10/09/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mer 20 Aoû 2008, 14:32 | |
| Je viens de terminer Bonbon Palace, deuxième roman d'Elif Shafak traduit en français. Et c'est un délice (sans jeu de mots) ! Voici ce qu'en dit Phébus, l'éditeur : Bienvenue à Bonbon Palace ! Elif Shafak nous ouvre grand les portes de cet immeuble d’Istanbul, jadis bâti par un riche Russe pour son épouse dont le regard vide ne s’allumait plus qu’à la vue de friandises… Si l’édifice a gardé son élégance d’antan, il est aujourd’hui infesté par la vermine et les ordures, au grand dam de ses habitants. Les coups de sang ne sont pas rares à Bonbon Palace ! Appartement après appartement, nous sommes invités à rencontrer les membres aussi excentriques qu’attachants de cette petite communauté d’un quartier populaire : le religieux gérant Hadji Hadji ; la desperate housewife Nadja ; la cafardeuse Maîtresse bleue ; Meryem, mère de famille portant la culotte ; Hygiène Tijen, qui n’a pas volé son surnom ; les jumeaux coiffeurs Djemal et Djelal, au centre de tous les commérages ; notre narrateur, philosophe dépassé par les femmes…
Géniale conteuse, Elif Shafak nous fait découvrir dans ce roman choral pimenté les petits secrets, les menus drames et les grandes espérances de chacun. Ses personnages hauts en couleur composent une véritable mosaïque de la société turque actuelle, reflétant ses aspirations, ses tensions et ses contradictions. | |
| | | Tchipette Animation
Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Jeu 21 Aoû 2008, 05:20 | |
| Vile tentatrice J'ai déjà effectivement beaucoup aimé le premier... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Dim 31 Aoû 2008, 13:42 | |
| Joce 22 tire plus vite que le Monde qui fait un article sur bonbon palace - Citation :
- Elif Shafak prend moins ce Bonbon Palace pour un décor que pour un personnage à part entière, qui, dans son ventre, abrite et fait fermenter les tensions de toute la société stambouliote.
Les vagues d'immigration et de modernisation qui ont fait le visage actuel de la ville viennent mourir sur le seuil de cette bâtisse déglinguée, déposant leur lot d'histoires que Shafak entrelace avec talent. la bâtarde d'Istambul paraît en 10/18. | |
| | | Bernique pilier
Nombre de messages : 2029 Localisation : complètement à l'Ouest Date d'inscription : 03/01/2008
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 13 Jan 2009, 14:53 | |
| Je viens de finir, avec délectation La bâtarde d’Istanbul. J’y ai pris un très grand plaisir. L’Istanbul d’Elif Shafak y est fascinante, multiple, cosmopolite, orientale et occidentale, parfumée et vivante, bruyante, scintillante. On y croise un monde improbable, de la jeune femme délurée à la tante bigote et un peu sorcière, du Dessinateur Dipsomane au Scénariste Internationaliste de Films Ultranationalistes. L’auteur est particulièrement douée pour faire le récit de scène de groupes ; groupes familiaux comme groupes d’artistes nostalgiques de la rive gauche parisienne. Une mention particulière pour le Café Kundera, dont le nom donne lieu à toutes sortes d’interprétations. - Spoiler:
Le Café Kundera se trouvait dans une ruelle sinueuse de la partie européenne d'Istanbul. C'était le seul café de la ville où l'on ne perdait pas son temps et son énergie en vaines conversations et où on laissait des pourboires aux serveurs pour les encourager à se montrer désagréables. Pourquoi portait-il le nom du célèbre écrivain ? Personne ne le savait de source sûre. D'autant qu'il n'y avait rien dans ce lieu qui pût évoquer, même vaguement, Milan Kundera ou l'une de ses oeuvres.
Des centaines de cadres de toutes tailles et de toutes formes tapissaient l'endroit. À tel point qu'on pouvait se demander s'ils cachaient vraiment des murs ou si l'édifice reposait sur eux. Tous, sans exception, contenaient des photos, des tableaux ou des croquis de routes.[… ] . Les clients appréciaient beaucoup ce décor qu'ils considéraient comme une alternative agréable aux conversations qui ne menaient nulle part. Chaque fois qu'ils se sentaient las de discuter, ils choisissaient le tableau qui correspondait le mieux à leur humeur du moment, y plongeaient leur regard brumeux et se laissaient pénétrer par l'atmosphère de cet ailleurs auquel ils aspiraient. […] La véritable raison pour laquelle ce bistro portait le nom de Kundera était, selon certains, que cet endroit était un débris de l'imagination du grand auteur. Un lieu tout aussi fictif que ses habitués. Kundera aurait commencé à écrire un livre sur ce café respirant la vie et le chaos, puis, distrait par des projets plus importants - invitations, jurys, prix littéraires -, il aurait oublié ce trou minable d'Istanbul qu'il avait inventé. Si bien que, depuis, les clients et les serveurs du Café Kundera luttaient contre un sentiment de vide, s'échinant sur de tristes scénarios futuristes, grimaçant devant leurs cafés turcs servis dans des tasses à espresso, espérant tenir un rôle dans un quelconque drame intellectuel qui donnerait un sens à leur vie. De toutes les théories, la dernière était la plus largement acceptée. Et pourtant, de temps à autre, un nouveau client, ou un habitué en quête d'attention, avançait une nouvelle explication que chacun s'amusait à croire jusqu au moment où la lassitude s'emparait à nouveau de lui, qui le ramenait à son silence marécageux.
L’intérêt est aussi dans la confrontation de deux visions de l’histoire : vision des Turcs, pour lesquels le génocide arménien appartient à une autre époque, celle d’avant la République ; d’ailleurs est-ce un génocide, n’y a-t-il pas manipulation d’informations ? Les héritiers sont-ils coupables de ce que leurs arrières grands-parents ont fait ? Doivent-ils s’en excuser ? Non, eux sont tournés vers l’avenir. Vision des arméniens exilés en Amérique : installés dans le souvenir de ces horreurs qu’ils ne faut surtout pas oublier au risque de perdre son identité. Eux sont tournés vers le passé, vers le regret d’un monde qui était le leur et dont ils ont été chassés. Pourtant quand Asya la Turque et Armanoush l’Arménienne se rencontrent, elles ont tout en commun, elles pourraient être sœurs. | |
| | | Bernique pilier
Nombre de messages : 2029 Localisation : complètement à l'Ouest Date d'inscription : 03/01/2008
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Dim 25 Jan 2009, 12:14 | |
| Un extrait pour faire saliver Rotko. Une soirée au restaurant dont le chef néerlandais " avait trois aspirations dans la vie : devenir philosophe, devenir peintre, et devenir chef cuisinier. Ayant lamentablement échoué en philosophie et en art, il avait décidé de concentrer tous ses talents sur sa cuisine, et s'enorgueillissait d'être capable de matérialiser l'abstrait et d'insérer dans le corps humain des œuvres extériorisant l'état émotionnel d'un artiste. Dîner à "La Fenêtre tordue" était moins une expérience culinaire que philosophique, et l'acte de se nourrir, loin d'être tenu pour une nécessité physiologique, devait se concevoir comme l'aboutissement d'une danse cathartique." - Spoiler:
Après moult hésitations, Armanoush opta pour le « Tartare de thon ahi en croûte de sésame et son foie gras yakiniku », et Matt pour une « Entrecôte à la crème de moutarde chaude sur lit de fruits de la passion vinaigrette et jicama ». […]
Armanoush regarda le serveur déposer devant elle son plat composé de nuances de rouge, de beige et de blanc. Trois cercles de thon cru et un jaune d'oeuf brillant posés sur une sauce qui semblait avoir été étalée à la brosse à cheveux. L'ensemble évoquait un visage triste aux yeux creux. Elle se demandait comment elle pourrait trouver le courage de manger cette chose quand une voix lui cria dans l'oreille […]
Elle coula un regard gêné à Matt, mais se détendit en voyant qu'il inspectait toujours son plat. Son assiette était rectangulaire, et les aliments y étaient organisés de sorte à former deux zones partagées par une ligne droite de crème de moutarde. Il semblait impressionné par la parfaite rectitude de la composition, qu'il n'osait pas déranger.
Il s'agissait des répliques de deux tableaux expressionnistes. Le plat d'Armanoush s'inspirait d'un Francesco Boretti intitulé La Pute aveugle, et celui de Matt, d'un Rothko justement intitulé Sans titre
[…] . Le repas se révéla délicieux et ils s'habituèrent si bien à dévorer des oeuvres d'art que lorsque leurs desserts arrivèrent, Matt n'eut aucun mal à bouleverser les rangées de myrtilles de l'April Blues Bring May Yellows de Peter Kitchell, et Armanoush n'hésita pas à enfoncer sa cuillère dans la crème pâtissière veloutée figurant la Shimmering Substance de Jackson Pollock.
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| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Sam 12 Sep 2009, 20:59 | |
| Bonbon PalaceLivre génial et dans la veine de ces auteurs Turcs, conteurs nés et envoûtés par leur ville phare - Istanbul - et leur sagesse ancestrale - le soufisme. A recommander vivement pour la richesse de la langue, des images, des réflexions, des sentiments humains, des dialogues, des nuances, etc... Bref, c'est du très bon ! | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Lun 14 Sep 2009, 18:43 | |
| Interview !
http://www.magazine-litteraire.com/content/newsletter_focus/article.html?id=14235 | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 03 Nov 2009, 04:53 | |
| Dans Lait noir, chez Phébus, Elif Shafak, livre une réflexion érudite, profonde et pleine d'humour sur le thème de la maternité et de la création littéraire. - Citation :
- « J'ai emprunté ce titre à ma grand-mère qui m'a dit 'Si tu pleures trop, ton lait va tourner et devenir noir'. »
Le résumé selon Ouest-France : Son livre met en scène une romancière dans la tête de laquelle la bataille fait rage au sujet de la maternité. Six petites créatures, sortes de djinns tirés de l'imaginaire turc, s'y agitent : Miss Ego Ambition qui refuse que les femmes soient esclaves de leur mari, de leur travail et de leurs marmots ; Miss Intelligence pratique qui estime qu'elle trouvera bien les moyens de jongler ; Maman Gâteau qui passerait bien son temps dans la cuisine à mitonner des petits plats, etc. | |
| | | coincoin habitué(e)
Nombre de messages : 17 Localisation : Nancy Date d'inscription : 06/10/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Dim 28 Mar 2010, 22:09 | |
| Bien aimé. Une famille turque un peu déjantée - mais moderne. Une rencontre avec une jeune américaine d'origine arménienne. L'occasion d'évoquer un thème tabou en Turquie, le livre étant d'ailleurs passé devant les tribunaux. Espérons qu'il sera un petit caillou sur la réconciliation entre les deux peuples. (y'a encore du boulot !) | |
| | | Tchipette Animation
Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 08 Mar 2011, 19:15 | |
| Je viens de finir bonbon palace et oui c'est un régal... Il y a les coiffeurs jumeaux Djemal et Djellal, la maîtresse bleue, sidar et son chien gaba (comme gabaOH) et aussi Hadji Hadji, sa belle fille et ses petits enfants, à qui Hadji raconte les légendes qui font tourner le monde... Et le narrateur bien sûr. Une brochette de personnages magnifiques. | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 03:55 | |
| Pour mieux plonger dans l'univers d'Elif Shafak, j'ai d'abord lu son livre le plus porte sur la spiritualite Soufi, mon amour Parce que l’amour est l’essence même, le but de la vie. Comme Rûmi nous le rappelle, il frappe tout le monde, y compris ceux qui le fuient, y compris ceux qui utilisent le mot « romantique » pour marquer leur réprobation.Deux intrigues, separees de 8 siecles mais qui se repondent, se developpent en parallele, traversent ce roman: D’abord, il y a le 13eme siecle et la ville de Konya en Turquie. Tres interessee par le soufisme depuis sa jeunesse, l’autreure est inspiree par par l’histoire du derviche voyageur Shams de Tabriz (dont le nom peut etre traduit par « soleil de la religion ». )et l’ecclesiastique, mystique et poete medieval Rumi. Pendant une epoque de fanatisme et prejuges de classe, ils defendent et cherchent a promulguerla spiritualite qu’ils portent dans leur cœur en ouvrant la porte a des gens de toutes les couches sociales. Ils ont une foi inebranlable en l’amour en tant qu’element principal edifiant la vie humaine, ils croienten l’amour qui a uni les gens a travers des siecles, cultures et latitudes.Avant de devenir un poete mondialement connu, Djalāl ad-Dīn Muḥammad Rūmī en turc: Mevlânâ, est tout le temps a la recherche de lui-meme dans une solitude inexplicable, il sent toujours une lacune existeren lui. derviche voyageur Shams de Tabriz arrive, en reopnse de ses prieres et leur amitie modifie definitivement la vie de Rumi. Puis, il y a notre epoque. Ella, femme au foyer américaine de 40 ans et lectrice pour un éditeur de la côte est, et dont l’univers pourtant bien ancré dans le matérialisme, bascule à la lecture de Doux Blasphème. La vie d’Ella est un plan d’eau tranquille. Une vie monotone, sans éclat, un mariage sans passion avec un homme avec qui elle ne communique pas sur le plan spirituel, et qui la trompe. Mais cela lui convient. C’est une vie finalement assez cliché : maison, enfants, chien, assurance-vie. L’amour n’a pas sa place dans cette existence. Et puis, un jour, une pierre vient troubler la sérénité de ce plan d’eau, qui ne sera alors plus jamais le même. Ella est lectrice pour une agence littéraire, et c’est ainsi qu’atterrit dans ses mains Doux Blasphème, d’un certain A. Z. Zahara, un roman à la fois historique et mystique. Un roman qui va bouleverser sa vie, et qui lui était en quelque sorte personnellement destiné. Un roman (que le lecteur peut lire en même temps qu’Ella) qui raconte la rencontre du poète Rûmi et du derviche Shams de Tabriz. Un roman dont l’amour est la clé.L’histoire de cette transformation d’une femme en une autre par le biais de sa lecture est reellement fascinante, tout comme le roman à l’interieur du roman. Mais surtout, au fil du texte s’egrainent les quarante regles de vie de Shams de Tabriz, que medite Ella, et avec elle le lecteur. Rumi, mon amour est une sorte d’union de l’Orient et de l’Occident. Union du passe et de l’actuel, destine a donner au lecteur une histoire essoufflee, dramatique et captivante sur l’amour. La repose a la question « Comment l’amour peut changer notre vie ? » | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 04:08 | |
| Citations:Bienheureuse et riche est votre vie, pleine et complète --- à ce que vous croyez. Jusqu'à ce que quelqu'un arrive et vous fasse comprendre ce que vous avez raté tout ce temps. Tel un miroir qui reflète plus ce qui manque que ce qui est là, il montre les vides de votre âme -- les vides que vous avez refusé de voir. Cette personne peut être un amant, un ami ou un maître spirituel. Parfois il peut être un enfant sur lequel veiller. Ce qui compte, c'est de trouver l'âme qui va compléter la vôtre. Tous les prophètes ont donné le même conseil : trouvez celui qui sera votre miroir ! Pour moi ce miroir est Shams de Tabriz. RûmiBien souvent, les gens à l'esprit étroit disent que danser est sacrilège. Ils pensent que Dieu nous a donné la musique - pas seulement la musique que nous faisons avec notre voix et nos instruments, mais la musique qui sous-tend toute forme de vie - et qu'il nous a ensuite interdit de l'écouter. Ne voient-ils pas que toute la nature chante ? Tout dans cet univers bouge en rythme - les battements du coeur ou les ailes des oiseaux, le vent les nuits d'orage, le forgeron à son enclume ou ce qu'entend dans le ventre de sa mère un bébé à naître -, tout participe, passionnément, spontanément, à une mélodie magnifique. La danse des derviches tourneurs est un maillon dans cette chaîne perpétuelle. Telle la goutte d'eau qui porte en elle tout l'océan, notre danse reflète et voile à la fois les secrets du cosmos.Le passé est une interprétation. L’avenir est une illusion. Le monde ne passe pas à travers le temps comme s’il était une ligne droite allant du passé à l’avenir. Non, le temps progresse à travers nous, en nous, en spirales sans fin. L’éternité ne signifie pas le temps infini mais simplement l’absence de temps. Si tu veux faire l’expérience de l’illumination éternelle, ignore le passé et l’avenir, concentre ton esprit et reste dans le moment présent. | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 04:47 | |
| Iskender – le titre en bulgare, c’est “Honneur” En france : Crime d'honneur de Elif Shafak, 410 p. PHEBUS EDITIONS. Iskender (devenu Alexandre en Europe) est le fils d'une mere et d'un pere kurdes. La famille a vecu a Istanbul et a emigre de Turquie a Londres. Iskender a un frere et une sœur – Esma et Yunus. Еnfant egarre, св entre dans un gang. Amoureux d’une fille, Katei il la met enceinte. Par une douce soiree a Londres ou l’air a la couleur de lavende, la vie d’Iskender, Esma et Yunus bascule suite d’un meutre cruel et brutal – leur mere est poignardee. et c’est un crime d’honneur. Ce roman d’Elif Shafik est un beau recit sur la douleur et la perte, sur la fidelite et la trahison, sur les peines de la vie en immigration et la confrontation entre les tradition et l’actualite. L’histoire commence en Turquie, va jusqu'à Londres et puis, jusqu’aux Emirats. A travers ce long voyage, le roman traite non seulement les themes de la fidelite familiale et la douleur que nous imposonssouvent a nos proches, mais aussi les themes de l’espoir, la redemption. C’est un roman sur le destin, sur sur les blessures les plus graves que nous portons le plus souvent a ceux que nous aimons le plus. Pembe Kader et Jamila Yeter – Destin Rose et Grande Beaute – voila les prenoms des jumelles nees dans un village sur la rive d’Efrat. Le destin les fait suivre des routes difficiles car la beaute, c’est difficile a trouver. Jamila reste toute seule dans le village natal et Pembe se marie a Istanbul, puis emigre avec sa famille a Londres. Mais le passe, celui des deux sœurs marque ses enfants – Iskender – le fils tant convoite par la mere, Yunus qui porte le nom du prophete Jonas et Esma, la fille qui reve de devenir ecrivain et qui ecrit cette histoire, l’histoire de sa mere morte suite d’un crime d’honneur. Dans la chaine il y a le pere – un homme triste, cherchant desesperement le changement et craignant le changement en meme temps. Il y a Elias, le cuisinier, le poete des epices qui connaît leur langue sans connaître sans avoir connu sa maison car il est habitue de vivre un peu partour, un caractere tres lumineux dont Pembe tombe amoureuse. Il y a meme une bulgare, Roxana qui se fait passer pour danseuse russe dans les bars de Londres. Tous les personnages sont touches par le vent des changements. « Toute chose dans l’univers, quelque petite qu’elle soit – dit tante Jamila – est destine a donner une reponse a une autre chose. Dans le roman Iskender, toutes les petites choses sont aussi des raisons. Les raisons, concentrees dans le crime d’Ikender, auteur du crime le plus terrifiant, le crime au nom de l’honneur. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 05:22 | |
| Très bien, ta présentation d'Elif Shafak. Je n'exclus pas de lire la batarde d'istambul dès que possible, à moins que tu me suggères un autre titre ? j'ai aussi soufi et bonbon palace. | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 05:38 | |
| Elif Shafak a un grand talent de conteuse, c'est incontestable. Je pense qu'elle est meilleure dans les livres ou il y a plus de spiritualite comme Soufi, mon amour et Lait noir (pas traduit en bulgare, malheureusement ) que dans les romans comme La batarde d'Istanbul. Ce dernier est un livre sympa, mais je l'ai trouve moins convaincant et trop previsible. Pourtant, Shafak est un phenomene: - Citation :
- La critique note qu’elle mêle en permanence avec talent les traditions romanesques occidentale et orientale, donnant naissance à une œuvre à la fois « locale » et universelle. Féministe engagée, cosmopolite, humaniste et profondément imprégnée par le soufisme et la culture ottomane, Şafak défie ainsi par son écriture toute forme de bigoterie et de xénophobie.
Elle vaut la peine de lui consacrer ce fil. | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 06:25 | |
| Excellente ta présentation Maya Je pense lire Lait noir prochainement, c'est un récit plus ou moins autobiographique à ce que j'ai lu ici ou là | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 07:12 | |
| Merci, ma chere Nat! Lait noir - 352 pages , pas dans la catégorie des livres voyageurs. , mais je crois qu'on le traduira bientot en bulgare, ici Elif Sjafak a un succes grandiose. Je vois de belles citations de Lait noir: Dans le domaine de la maternité, toutes les portes sont grandes ouvertes. De jour comme de nuit, été comme hiver. On y circule comme dans un moulin. Les enfants entrent par n’importe quelle porte et se promènent à leur guise. Finis les coins secrets, finis les refuges. C’en est fini des subterfuges et de la sacro-sainte intimité. Désormais, plus de « chambre à soi » où se retirer pour écrire.Le romancier est par nature égoïste. La maternité élimine l’égoïsme par les voies naturelles. Le romancier est tourné vers lui-même. Quant à la maternité, elle est on ne peut plus tournée vers l’extérieur. Le romancier se construit une petite pièce privée dans son cerveau et, pour que personne ne puisse y pénétrer, il en ferme un à un tous les verrous. Il y range ses secrets, ses désirs. Loin des regards. Une phrase d’Anaïs Nin me revient à l’esprit: « Une vie ordinaire ne m’attire pas. » (…) Elle mena une vie désordonnée et eut toujours plusieurs relations en même temps. Son mari était au courant et fermait les yeux. « La largesse ou l’étroitesse de notre existence dépend de l’audace que nous avons », disait-il. Mais pourquoi est-ce que nous recherchons, pourquoi est-ce que je recherche toujours « la largesse de l’existence » à l’extérieur ? Pourquoi suis-je persuadée que la vie devient étriquée lorsqu’elle prend un tour domestique, apprivoisé, et qu’elle est plus vaste lorsqu’elle est chaotique et tournée vers l’extérieur ? Est-ce réellement ainsi ? - (…) - (…) A force de réfléchir à l’existence tapageuse de ce genre d’excentrique tu as fini par te persuader qu’on ne peut être à la fois femme, écrivain et normale. Mais ce n’est pas vrai. Tu peux très bien être une personne normale, voire totalement ordinaire. Cela aussi a ses vertus. Tu ne dois pas avoir peur de la normalité. (p. 157-158, “Passager clandestin”, Partie IV, Chapitre IV). | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mar 11 Sep 2012, 09:05 | |
| - Citation :
- pas dans la cathegorie des livres voyageurs
Hélas non car il appartient à ma bibliothèque | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Jeu 13 Sep 2012, 14:59 | |
| - Maya a écrit:
Rumi, mon amour est une sorte d’union de l’Orient et de l’Occident. Union du passe et de l’actuel, destine a donner au lecteur une histoire essoufflee, dramatique et captivante sur l’amour. La repose a la question « Comment l’amour peut changer notre vie ? » oui, j'ai parcouru le livre : c'est un va-et-vient quasi constant entre le récit du XIIIe siècle que doit lire une Americaine devenue récemment conseillère littéraire, et les sentiments de cette Americaine jusque là bien rangée qui avait tout misé sur sa vie familiale (mari, maison, enfants). les épisodes de chaque fil sont relativement courts, mais je crains un peu le décalage temporel, et trop de sentiment. Rassure-moi, j'ai besoin d'un coup de pouce. | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Jeu 13 Sep 2012, 19:12 | |
| Rotko, si tu continues, tu liras de belles pensees et histoires qui font voir comment les musulmans cherchent a donner de la lumiere aux esprits. Ce n'est pas bete, mais tout le livre est ecrit a la turque - oui, des sentiments poignats, souvent menes au paroxysme. C'est l'ame de ce peuple, leur sang qui bouillonne. Les deux sages cherchent justement a montrer le chemin vers la tolerance, la douceur, la maitrise, la reflexion, la meditation.
Quant a Ella, la "disappointed wife", son histoire est sympa sous plusieurs aspects meme si l'on pourrait le trouver naif.
La mentalite des turcs m'est connue et j'ai voulu connaitre les livres de cette auteure tellement lue.
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| | | darabesque pilier
Nombre de messages : 2846 Age : 81 Localisation : picardie Date d'inscription : 03/09/2009
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Mer 28 Nov 2012, 13:37 | |
| je viens de terminer " la batarde d'Istambul" mais est-ce parce que je n'étais pas vraiment disponible, je n'ai pas vraiment accroché. Cela dit je l'ai lu jusqu'au bout et ne regrette pas. Je viens de relire tout ce que vous avez écrit sur ce roman et j'adhère vraiment pour reconnaître que c'est un très bon livre. Voilà je ne suis pas très bavarde mais j'ai effectivement du mal à exprimer mon ressenti profond sur cette histoire. Je parle de l'histoire de la famille, pas de l'Histoire avec un grand H de la Turquie et des Arméniens. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Elif Shafak [Turquie] Lun 16 Déc 2013, 11:39 | |
| Crime d'honneur de Elif Shafak, 410 p. PHEBUS EDITIONS L'histoire, d'abord, de sa grand-mère dans le village de Mala Çar Bayan, désespérée de ne mettre au monde que des filles, elle qui sait combien la vie ne les épargnera pas. L'histoire de sa mère, Pembe la superstitieuse, et de sa tante, Jamila la guérisseuse, soeurs jumelles aux destins très différents. L'histoire des hommes aussi, celle de son père, tour à tour aimant, violent, fuyant, et celle de ses frères, Yunus le rêveur, et Iskenderce livre est très apprécié, j'en ai des echos très favorables, de plus choisi par des bibliothécaires pour un défi lecteurs, une oeuvre avec laquelle il faudra compter ! | |
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