Cet inconnu SEMMELWEIS
Vienne 1847, un obscur obstétricien hongrois, découvre la solution d'un problème qui avait tenu le corps médical en échec durant des siècles: la fièvre puerpérale, terrible fléau qui ravageait les maternités de cette époque, dans toute l'Europe, tuant des milliers de mères et avec elles leurs enfants nouveau-nés. Entre les années 1652 et 1862, il y eut deux cents "épidémies" comme on disait alors.
En 1773, mourraient plus d'une accouchée sur dix dans les maternités et cela dura pendant trente ans. En Lombardie, assurent les chroniques, le mal atteignit une violence telle que, d'une année sur l'autre, pas une femme ne survécut à ses couches.
Vers 1750, le premier hôpital pour accouchements fut ouvert en Grande-Bretagne et, cette même année l'épidémie éclata à Londres faisant deux dizaines de victimes en six mois.
La fièvre puerpérale est une septicémie qui s'attaque d'abord à l'utérus et à la matrice.
Aux temps bibliques des lois très strictes édictaient les soins à donner aux femmes en couches et ces lois les protégeaient indirectement contre l'infection.
La fondation de grands établissements hospitaliers, bondés, mal nettoyés, méconnaissant les causes pathogènes de la maladie, transmettant de malade en malade les microbes (dont on ne soupçonnait même pas l'existence) avec des mains sales et des instruments pollués, alimentèrent de façon presque inévitable le "épidémies"
Les médecins d'alors, qu'elle que soit leur notoriété, auscultaient, disséquaient, en redingote et haut-de-forme et ne se lavaient les mains qu'une fois le travail terminé quel que soit le nombre des patientes. Il apportaient l'infection chez leurs malades privés. Dans les grands hôpitaux, sages-femmes, médecins et étudiants allaient d'un lit à l'autre avec la mort sur les mains!.
Semmelweis, dans l'hôpital de Vienne où il avait la responsabilité de la maternité, par de simples méthodes de lavage de mains à l'eau chlorée après chaque auscultation, de fréquents changements de draps souillés, de nettoyages profonds des salles d'accouchement, prouva que le taux de mortalité pouvait être abaissé jusqu'au zéro. Mais il dut faire face à l'incompréhension de ses pairs qui refusaient le lavage de mains, des infirmières qui sabotant ses prescriptions, relançaient "l'épidémie". Impuissant à se faire entendre, profondément déprimé physiquement et psychiquement par l'indifférence du corps médical pour ses méthodes, il perdit peu à peu la raison.
On raconte qu'il s'est volontairement infecté en s'entaillant profondément la main avec un scalpel souillé, afin de prouver que sa thèse de la propagation du fléau était crédible.
Il mourut le 13 août 1865 dans un asile. La même année où Lister commençait à mettre en pratique l'antisepsie et la stérilisation de tout ce qui peut-être une source d'infection.
Thomson Morton est l'auteur de "Tu enfanteras dans la souffrance" qui de façon romancée raconte la vie et la mort de ce "Martyr de la science" Editions Presses de la Cité 1952.
F.G. Slaughter est l'auteur d'une biographie "Cet inconnu Semmelweis" parue également aux Presses de la Cité collection Coups d’œil.
Céline a vu ses études de médecine couronnées par une thèse sur Semmelweis en 1924.