Gwen Edelman, Dernier refuge avant la nuit, Belfond.
Un amant obsédant.
Kitty prend le train pour Vienne. Joseph, son amant disparu vient d'y mourir. Dans le train qui roule dans les plaines enneigées, les souvenirs reviennent, par bribes.
Leur rencontre dans une librairie, leur immédiate entente physique, malgré la différence d'âge, et leurs conversations quotidiennes, marquées par le passé de Joseph.
Ce roman est d'une grande unité de ton, même si la voix d'un narrateur parfois s'intercale entre les conversations remémorées par Kitty. Joseph domine tout l'ouvrage, avec son corps, ses confidences morcelées, ses mots tour à tour cinglants et tendres, ses invitations à aller au lit, pour un plaisir impérieux, un recours, un lien.
On croit aux histoires de Joseph ; écrivain, acteur, juif à la vie mouvementée, il est obsédant parce que lui-même obsédé par la guerre. L'érotisme lui sert de refuge, et prend le relais d'une parole qui n'en finit pas de se dire. Kitty prendra la suite.
Pour ouvrir cette histoire d'amour et de chair, l'éditeur a mis sur la couverture une courte jupe sur des genoux entr'ouverts. C'est un tableau de Balthus.
Au final, un roman d'un ton très prenant. Prix du Premier Roman Etranger 2002.