Cormac McCarthy

Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme

- Une chasse à l'homme .
- Un grand frisson
- Le style percutant McCarthy.

clic !


par l'auteur de Méridien de sang, et de Villes dans la plaine .

Rotko

McCarthy, sans doute l'un des plus grands romanciers américains contemporains, dixit l'un de mes proches et la critique aussi, mais je crois plus mes proches que la critique n'est en aucun cas un auteur de polar, même pas de polar noir !

Il conviendrait donc qu'au plus vite il disparaisse d'ici et soit remis à sa place chez les auteurs américains !

Voyons

Je veux bien tout ce qu'on veut
D'autant que certains l'etiquettent comme auteur de Westerns.
Ton intervention était cependant attendue, puisque, à travers cette chasse à l'homme, m'a-t-on dit, se dessine une image de l'Amerique violente et sanglante.

résumé du livre :

Citation :

Moss, vétéran du Vietnam et tireur d'élite part chasser l'antilope près de chez lui, dans les plaines du Texas. Il découvre une scène horrible : des hommes tués, d'autres blessés, des voitures criblées de balles, bref un carnage, sans doute entre trafiquants de drogue. Moss s'empare d'une sacoche remplie de millions de dollars et enclenche ainsi une course-poursuite infernale, haletante, impitoyable, tragique à travers l'Amérique

.

Que penses-tu des ingredients ?

Cormac McCarthy
Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, éditions de l’olivier,

Au départ on suit parfaitement l’intrigue divisée en trois fils indépendants, representés en gros par trois individus

- Un chasseur, s’approprie par hasard - l’occasion fait le larron, l’argent de trafiquants de drogue et veut tout garder,
- un tueur qui s’échappe d’un poste de police,
- un sheriff.
Puis ces fils - et individus se rejoignent dans une poursuite haletante. C’est vrai qu’on est accroché.

D’accord, mais le style est si « factuel » qu’on a l’impression d’être un myope qui distingue bien tous les accidents du terrain car on ne lui fait grâce d‘aucun détail :

Citation :

« Il retourne près de la porte et il écoute. Il sort le sac en nylon de l’endroit où il l’a fourré sous le lit et le pose sous sur le fauteuil dans un coin. Il traverse la chambre et allume la lampe sur la table de chevet et s’efforce de réfléchir. Il se dit que le téléphone pourrait sonner et il retire le combiné de sa fourche et le pose sur la table. Il repose les couvertures du lit et froisse les oreillers. Il regarde le réveil. Quatre heures quarante -trois. Il regarde le téléphone posé sur la table. Il le saisit et arrache le fil et remet le combiné sur sa fourche. »

Par contre les intentions de personnages, pas moyen de les connaître avec ce regard extérieur. Comme l’auteur évite le plus possible de nommer ses personnages, utilisant toujours « il », on a parfois du mal à identifier celui dont on parle ou qui parle.

Quant aux dialogues, ils sont bâtis sur le même modèle, qu’il s’agisse du chasseur parlant à son épouse ou du sheriff conversant avec un collègue, ou d’ un automobiliste avec une autostoppeuse : des répliques brèves, des phrases allusives, et la répétition des questions . exemple :

Citation :

Il était dans une fusillade à Eagle Pass hier.
Une fusillade ?
Une fusillade. Des gens morts dans les rues. Vous ne lisez pas les journaux ?
Non je ne les lis pas.

J’ai donc lu 250 pages du livre (sur 300), mais quand ils sont tous morts et que je suis resté seul avec sans doute le shérif que je n’ai pas reconnu, je me suis dit :

« t’as eu ta dose d’émotions et d’odeur de poudre, descends parce que tu commences à perdre pied ! »

Voici l’opinion du magazine lire


Une fois de plus, McCarthy sait nous plonger au cœur du Sud-Ouest américain et nous mettre sous tension. Mais a-t-il un peu relâché son ambition romanesque?

Citation :

Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme plaira aux néophytes ; il risque de laisser les admirateurs sur leur faim. Le titre sonne ainsi comme une autocritique: par exemple, si bien écrits soient-ils, les monologues du shérif Bell qui ouvrent chaque chapitre rappellent davantage des propos de «saloon du commerce» que des soliloques mélancoliques.

Qu'importe! L'atout majeur du nouveau McCarthy réside dans une inoubliable incarnation du Diable, Chigurh. Un vrai grand méchant pour attendre un vrai grand roman de McCarthy. Un «Big Mac», quoi!

LIRE

No country for old men , c'est le film réalisé par les frères Cohen, Ethan & Joel Coen.
j'en entends dire du bien, et pas seulement à cause de la bonne réputation des 2 frères. Ceci dit, Fargo c'etait vraiment bon

un diaporama et les bonnes impressions se confirment.

Citation :

C’est un film violent (presque un film d’action) contrebalancé par une réflexion douce-amère sur la mémoire et les espoirs des hommes.
C’est un film dense et précis… C’est un film à ne pas rater.

dit commeaucinema.

Rotko, je sais, bis repetita non placet, mais quand même

Trouve-moi une seule bonne raison qui explique que tu maintiennes McCarthy chez les auteurs de polars et non en littérature américaine !

???

je veux bien tout ce que tu veux

pour moi, un livre qui commence par une avalanche de cadavres, de l'argent dérobé, et une traque mortelle relève du polar.

Que l'auteur soit renommé et ait du talent ne change rien à l'affaire, sauf à laisser entendre que les "mauvais genres" sont réservés aux seconds couteaux de l'écriture.

Que ta volonté soit faite !

Le dernier roman de McCarthy commence ainsi, certes, mais les autres ?
C'est une oeuvre qui s'attache à la peinture de personnages issus d'une Amérique sauvage, illettrée, violente... L'enjeu romanesque ni les "codes narratifs" ne sont les mêmes que ceux du roman noir.
Loin de moi l'idée de considérer les "mauvais genres " comme des sous-genres Il y a de grands écrivains comme Ellroy ou Peace qui se revendiquent auteurs de "noir", mais ce n'est pas le cas de McCarthy. La frontière est parfois ténue entre un roman qui parle de morts violentes (et il y en a pléthore !) et certains romans noirs, mais elle existe.
Chez Ellroy comme chez Peace ou d'autres, il y a toujours enquête, flics ou privé... bref comme je le disais plus haut, un certain nombre de codes qui attestent l'appartenance à ce genre littéraire.

CQFD

eh bien voila suffit de s'expliquer ! quant à moi, j'ai lu un seul livre de McCarthy. Quel livre conseilles-tu pour la suite des opérations ? ?

Essaie L'Obscurité du dehors...

Mais dans la famille Maïa, à vrai dire, je ne suis pas la spécialiste de McCarthy

Citation :

les "codes narratifs" ne sont pas les mêmes que ceux du roman noir.
[il existe] un certain nombre de codes qui attestent l'appartenance à ce genre littéraire

.

Eclaire-nous avec tes codes ...

Ne fais pas celui qui ne comprend pas ce que je veux dire !
Tout le monde sait que même si aucun grand écrivain ne peut se réduire à une fiche signalétique, ni ne peut être mis dans un tiroir dûment étiqueté, il existe néanmoins des genres littéraires "codifiés".
Ça date d'Aristote, tout ça !
Comédie et tragédie, lyrisme et épique, chaque genre, chaque registre se caractérisent par des règles plus ou moins contraignantes selon les époques...
Et même si aujourd'hui les frontières sont plus floues, ne serait-ce que pour que les éditeurs placent certains romans dans certaines collections, il faut bien des critères de tri

Un nouveau Cormac McCarthy, La route, chez l’Olivier.
prix Pulitzer 2007
deux millions d’exemplaires vendus aux Etats-Unis,
Un magnifique roman crépusculaire et dépouillé à l’extrême.

Un homme et son fils traversent les Etats-Unis après l’apocalypse.

Citation :

Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté. Les nuits obscures au-delà de l'obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d'avant. Comme l'assaut d'on ne sait quel glaucome froid assombrissant le monde sous sa taie. A chaque précieuse respiration sa main se soulevait et retombait doucement.

Il repoussa la bâche en plastique et se souleva dans les vêtements et les couvertures empuantis et regarda vers l'est en quête d'une lumière mais il n'y en avait pas. Dans le rêve dont il venait de s'éveiller il errait dans une caverne où l'enfant le guidait par la main.

Citation :

“La Route” est comme une métaphore plurielle. Globale. A l’heure où, allongement de la durée de vie et clonage faisant, l’homme a un rapport de moins en moins rationnel à sa vie et à sa mort, le livre de McCarthy agit comme le roman d’une autre rationalité. D’un monde où l’homme n’est plus seul, mais où il n’a pas conscience de ce qui l’accompagne. Il n’a plus conscience que de sa survie.

Ici, le père "ne savait qu’une chose, que l’enfant était son garant. Il dit: 'S’il n’est pas la parole de Dieu, Dieu n’a jamais parlé'". Ici, les survivants sont "assis au bord de la route comme des aéronautes en détresse".

McCarthy, dans son style toujours très resserré, allie roman réaliste et récit new age. Un livre narratif et puissamment philosophique. Qui unit le défini et l’indéfini: ici, peu de faits, peu d’histoire, seulement le souffle pur de ce qui fait survivre.

dit rue89 qui rappelle :


"Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme" sort en format poche chezPoints/Seuil.

L’adaptation cinématographique par les frères Coen avec Tommy Lee Jones, Woddy Harrelson et Javier Bardem sortira en salles le 6 février.

rotko a écrit:

No country for old men , c'est le film réalisé par les frères Cohen, Ethan & Joel Coen.
j'en entends dire du bien, et pas seulement à cause de la bonne réputation des 2 frères. Ceci dit, Fargo c'etait vraiment bon

Le film est en effet très réussi, dans la veine de Sang froid (premier film des réalisateurs) et de Fargo, mais avec quelque chose en plus. C'est l'une de leur plus grandes réussites, à mes yeux.

La route sera d'aprés mes sources un grand roman de la rentrée

La Route, "c'est Pompéi sculpté par Beckett, avec une référence discrète au Robinson Crusoé de Daniel Defoe".

André Clavel, le temps.

Citation :

« En ce temps-là déjà tous les magasins d'alimentation avaient fermé et le meurtre régnait partout sur le pays. Le monde allait bientôt être peuplé de gens qui mangeraient vos enfants sous vos yeux et les villes elles-mêmes seraient entre les mains de hordes de pillards au visage noirci. »

in La Route.

Entretien de Cormac McCarthy et Oprah Winfrey.
Je devrai écouter encore une ou 2 fois de plus les 5 videos, car l´accent americain de Santa Fe ne simplifie pas les choses.
http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/01/16/en-ecoutant-se-taire-cormac-mccarthy.html

"sur le mutisme de Cormac : « Enfin le sphinx a montré le bout de son museau ! Le monstre sacré des lettres américaines a accepté de se mettre à table. C’était en juin dernier. L’animatrice d’un célèbre talk-show new-yorkais, Oprah Winfrey, avait daigné se déplacer jusqu’à Santa Fe, au Nouveau Mexique, où se cache l’immense McCarthy. Aux questions raplaplates de son intervieweuse, il a répliqué par des réponses tout aussi fumeuses. L’événement fut donc un flop. Vissé sur un canapé, Big Cormac n’était plus ce cow-boy métaphysique que burine la légende, mais un papy courtois, timide, plus laconique encore que ses romans. Et puis l’auteur de «La Route» est reparti vers sa tour d’ivoire, comme Pynchon et Salinger, se mordant peut-être les doigts de s’être frotté à la sirène cathodique. »

Je confirme ce que disent les critiques de "La route"

Un grand roman, inclassable : il ressemble à de la SF postapocalyptique mais va bien au delà du genre, ne serait ce que par le style dépouillé et percutant, et le rythme...
Obsédant, poignant,horrible et magnifique...
mon coup de coeur du mois

fontelle a écrit:

Obsédant, poignant, horrible et magnifique...
mon coup de coeur du mois

Merci Fontelle, ça va peut-être me décider!

fontelle a écrit:

Je confirme ce que disent les critiques de "La rue"

Un grand romazn, inclassable : il ressemble à de la SF postapocalyptique mais va bien au delà du genre, ne serait ce que par le style dépouillé et percutant, et le rythme...
Obsédant, poignant,horrible et magnifique...
mon coup de coeur du mois

Comme Fontelle...
Je lis très peu de SF... mais là, j'ai été très touchée.
Tout est épuré, à l'image des paysages décimés que les personnages traversent tout le long du livre.
Les dialogues sont minimalistes, mais dotés d'une crédibilité déconcertante.
Et pourtant, on retrouve les thématiques proches de tous les films de zombis
(apocalypse, cannibalisme, survie à tout prix, deshumanisation (les personnages n'ont plus de noms), et j'en passe).
Mais on est loin de la frayeur ou de l'hémoglobine à base de ketchup.

J'ai pris ça comme une belle métaphore pour toujours avancer...
c'est un totalement mystique.

Amen.

Un roman terrifiant... avec si peu de chose : la route, un homme, un enfant, un caddie, fuyant vers la côte, vers un improbable meilleur....

Survivre à tout prix pour certains, pas n'importe comment pour d'autres....et pourquoi, puisque rien n'est plus ?

L'homme porteur de feu et porteur d'espoir malgré tout

une écriture qui fait que vous croyez vraiment être là dans ce paysage de cendre, affamé, transi de froid, la peur au ventre...

à lire absolument