Yoshida, Eros + massacre

Citation :

La vie de l’anarchiste Sakae Osugi, assassiné par la police en 1923, et ses relations avec trois femmes : son épouse, son second amour - une militante féministe et jalouse qui essaya de le tuer en 1916 - et son dernière maîtresse qui se fit tuer avec lui.

En parallèle à l’histoire de Osugi, deux étudiants des ’70s questionnent ses idées politiques et sa vision de l’amour libre. Les personnages du présent et du passé se rencontrent et s’interrogent sur les thèmes du film (amour, liberté, mort…).

Voici une video

Le film date de 1969 (et non de 1970) dure 3 h 36 avec un entracte qui permet de goûter au Saké.

j'ai vu la version intégrale, ce qui est exceptionnel vu qu'au Japon même , suite à un procès, des sequences entières ont été supprimées.

Eros + massacre

Un film époustouflant puisqu’il joue sur plusieurs tableaux :

- l’histoire d’Osugi, avec des retours en arrière, sa thématique politique propre, enrichie par l’apport de ses compagnes qui développent le féminisme Lui est le théoricien de l’amour libre avec la pratique de ses trois compagnes qui vivent tantôt en harmonie tantôt « à couteaux tirés ».

- le parcours des étudiants qui filment leurs interrogations, complètent ou tiennent à distance le récit de la vie d’Osegi, et se demandent où ils vont. A la fois distanciation et interrogation sur le sens politique et le spectacle.

A la fin du film, les acteurs de ces deux fils principaux se présentent sur la scène comme au théâtre et on voit même les étudiants s’éloigner par une petite porte.

Il y a un vrai travail de création sur les cadrages notamment. Si certaines scènes extérieures sont d'une beauté toute classique avec un décor naturel, de cerisiers par exemple, des cadrages géométriques sont utilisés pour les scènes intérieures :

soit en écran large d'un seul tenant, soit séparé en deux.
Il arrive même qu'une vignette étroite occupe un coin de l'écran, que les visages se détachent au bas et à droite de l'écran, ou en haut etc.

Ne pas croire pourtant que le cameraman joue les virtuoses pour donner le tournis !
Tout est étudié et relève d'une esthétique d'ensemble moderne très impressionnante.

un article interessant sur
http://www.arte.tv/fr/Cinema-erotique-asiatique/Eros-et-Thanatos/1015366.html

sexe et mort dans le cinéma japonais.

Yûkoku; l'unique film de Mishima où il interprète le rôle de l'officier qui se fait seppuku en s'eviscérant

La plus grande réussite de cette phase précoce d’ATG, si féconde pour le cinéma japonais, fut Mujô (Vie transitoire, 1970), un film de Jissôji Akio récompensé par le Grand Prix du Festival de Locarno en 1970 et qui, avec Yûkoku de Mishima, donna lieu aux plus vives controverses

La musique du film, un air très doux et prenant, se trouve sur ce site, elle est l'oeuvre de Toshi Ichiyanagi

rotko a écrit:

Le film date de 1969 (et non de 1970) dure 3 h 36 avec un entracte qui permet de goûter au Saké.

Le film est sorti au Japon le 14 Mars 1970, et à ce jour, il existe deux versions distinctes du film :

- longue, 3h30, celle du réalisateur

- courte, 2h50, la version cinéma

Heureusement pour nous, comme précisé dans cet article, le film sortira en France dans ses 2 versions !
(avec plein d'autres Yoshida)

moi je veux bien, j'ai entendu ce que je précise de la bouche même de mathieu Capel qui a doublé en français Eros + Massacre..
Il a aussi précisé que le film version longue faisait 6 minutes de moins qu'annoncé, à cause d'images techniquement irrécupérables.

J'ajouterai que la fin de la version longue est un peu répétitive sinon parfois peu cohérente dans les scènes dites de "massacre". Elles sont interessantes cependant, car conçues comme une chorégraphie.

Mais peu importe les détails, encore que tu aies raison de les donner. L'important sera de voir le film et de connaître ton avis.

D'un point de vue idéologique, Osugi ne m'a pas paru flatté : c'est un "doctrinaire" dont l'action politique passe au second plan dans le film.

Savez-vous où l'on peut trouver le film ?

rotko a écrit:

moi je veux bien, j'ai entendu ce que je précise de la bouche même de mathieu Capel qui a doublé en français Eros + Massacre.. Il a aussi précisé que le film version longue faisait 6 minutes de moins qu'annoncé, à cause d'images techniquement irrécupérables.

Tu as d'autres infos de ce côté là ? C'est tellement rare d'entendre quelqu'un parler de ce genre de films... totalement oubliés de nos jours (et pourtant Eros fut bel et bien projeté à Paris en 70-71). Tu as découvert le film à sa sortie ?

Tu parlais précédemment de Yukoku, saches que le film est depuis quelques temps disponible au Japon en DVD, avec intertitres en anglais ET français (peu de problèmes à ce niveau là, le film se passe de dialogues, le travail visuel est d'ailleurs superbe).

@Vodash> Le DVD sort en France début Avril prochain ! Plus que quelques mois d'attente pour découvrir ce morceau de la Nouvelle Vague Japonaise !

j'ai vu le film en novembre cette année, ainsi que plusieurs films japonais qui figurent sur ce fil.

As-tu ecouté la musique que j'ai trouvée sur le web ? elle rend le film poignant.

Merci de tes précisions, et bienvenue sur GDS*

Je n'ai vu qu'un passage de yukoku de Mishima, le "décisif" si on peut dire. Je vais reprendre bientôt le fil "érotisme japonais", j'ai parcouru le livre d'Anne Giard qui est ma source principale.

Vodash a écrit:

Savez-vous où l'on peut trouver le film ?

Dans toutes les bonnes crémeries à partir du 09 avril 2008, ainsi qu'une floppée d'autres films de Kiju Yoshida, l'éditeur Carlotta ayant l'intention de sortir l'intégralité de sa filmo en DVD en France :
http://www.dvdclassik.com/Critiques/newsv2_z2.htm

Tout un article sur libération

Citation :

En 1969, radicalisant sa démarche, il réalise Eros + Massacre, premier volet d’une trilogie consacrée aux idéologies extrêmes du Japon. Ce chef-d’œuvre - à l’origine de 3 h 45 - devient, malgré la censure, le film flambeau de la nouvelle génération.

C’est le drame d’une étudiante qui flirte avec des inconnus parce qu’elle a peur d’être frigide… Poursuivie pour prostitution, elle se réfugie dans des rêves étrangement sensuels de mains fantômes qui la caressent à travers le verre ou d’amour platonique avec un pyromane. Eros + Massacre déroule en parallèle l’histoire tragique d’Osugi, un anarchiste de l’ère Taisho qui fut le chantre de l’amour libre…

Dans ce film onirique et violent, Yoshida pousse ses expérimentations à l’extrême. Il s’agit de détruire «la structure masculine du pouvoir», y compris sur le plan formel. Défiant l’ordre moral, linéaire, hiérarchique qui est celui du phallus, il construit le film comme un délire, reniant les règles spatio-temporelles afin de mieux nous bouleverser

Je viens de découvrir un film que j'ai emprunté à la médiathèque, qui m'a émue, d'une sensibilité extrême, mais peut-être que le sujet a déjà été évoqué ...

Femmes en miroir



Femmes en miroir (鏡の女たち, Japon – France, 2002) Un film de Yoshishige Yoshida avec Mariko Okada, Yoshiko Tanaka, Issiki Sae, Hideo Murota, Tokuma Nishioka, Mirai Yamamoto, Miki Sanjô, Hinoshi Inuzuka.

"Ultime film de Yoshishige Yoshida, Femmes en miroir voit le retour, après 20 ans d’absence, de Mariko Okada devant la caméra de son époux. Elle y incarne Ai Kawase, une vieille femme de fière allure qui se rend avec son ombrelle pour la protéger du soleil aux services sociaux où elle apprend qu’on aurait retrouvé sa fille disparue depuis 24 ans. Cette fille prénommée Miwa (Yoshiko Tanaka), elle va chez elle pour la rencontrer avec son fidèle aide de vie Gôda (Hideo Murota). Cette fille prodigue ne reconnait absolument pas cette mère putative. Elle a perdu la mémoire depuis des années. Madame Kawase va tout faire pour tenter de lui faire se rappeler des souvenirs de cette vie enfouie au plus profond d’elle. L’indice qui a permis de retrouver Miwa est la date du 11 où elle se retrouve chaque moi dans un parc en train d’approcher des enfants. Pour Ai, c’est une première preuve car sa fille a eu un grand traumatisme un 11 juillet..."