Radu Milhaileanu : Le concert

Va, vis et deviens, film de Radu Milhaileanu avec Yael Abecassis.

Le drame d’un déraciné.

Dans le « rapatriement » de Juifs Éthiopiens vers la terre d’Israël, une mère voit pour son fils non- juif une occasion de salut. Le voilà donc en Israël, dans une famille adoptive, conscient de devoir sa vie actuelle à un mensonge.

Bien que le film dure 2 h 20, on ne voit pas le temps passer. Certes on peut lui reprocher de tirer sur le sentiment, de n’être pas irréprochable dans la réalisation et le jeu des acteurs, mais il pose tant de questions et de manière si intéressante qu’on est conquis. On voit, dans des situations concrètes, les pratiques discriminatoires des intégrismes religieux, des politiques « sélectives », le racisme contre ceux qui ont une couleur ou une culture différente.

En même temps ce jeune Éthiopien a le « syndrome du survivant » . On vit donc de l’intérieur ses situations et son drame, ses silences et ses demandes d’aide. Autour de lui, des intervenants différents, dont on comprend bien la façon de voir sinon les comportements.

Un film très prenant dont la dernière image est un cri.

Allez sur le site officiel du film, vous verrez le dossier, de très belles photos, un historique etc...
http://www.vavisetdeviens-lefilm.com/

Un film français de Radu Mihaileanu( réalisateur juif roumain qui a fait ses études de cinéma en France)
-avec Yaël Abecassis, Roschdy Zem, Moshe Agazai, Mosche Abele,Sirak M. Sabahat….

Présenté au Festival de Berlin dans le cadre du Panorama, « Va, vis et deviens » a décroché les deux principales récompenses de cette section : le prix du jury et le prix du public.

« Va, vis et deviens » commence comme un film historique:
Ethiopie en 1984/85 – après une famine catastrophique, des milliers de Juifs éthiopiens meurent ou fuient. L’occident chante « we are the world »Et pour sauver ce peuple des « Falashas », qui se trouvent dans un camp de réfugiés au Soudan, Israël décide de mener à bien une opération de sauvetage unique en son genre sous la direction du Mossad et avec l’aide des Etats-Unis. Presque 8 000 personnes, dont de nombreux orphelins hagards et squelettiques ont l'opportunité d'échapper à la famine et se retrouvent ainsi en Terre Sainte.

Dans le film, lors de cette opération baptisée « l’Opération Moïse » (un pont aérien), une mère chrétienne pousse son fils de neuf ans à se déclarer juif pour le sauver de la famine et de la mort. Elle lui ordonne de fuir, lui dit de partir, de vivre et de devenir. L’enfant ne comprends pas, il se sent rejeté par sa mère
Une jeune mère juive lui prend la main et le fait passer pour son fils, lui donnant le nom juif de Schlomo. Arrivée en Israêl, la jeune femme meurt d'épuisement et Schlomo est adopté par un couple israélien d’origine française (Yael Abecassis et Roschdy Zem)
Dès les premiers moments Schlomo va être obligé de mentir, pris entre sa nostalgie de l'Ethiopie et de sa mère, et son désir de s'intégrer dans cette nouvelle vie. Il grandit avec la peur que l'on découvre son double-secret et mensonge : ni juif, ni orphelin, seulement noir. Il découvrira l'amour, la culture occidentale, la judaïté mais également le racisme et la guerre dans les territoires occupés. Vivant avec l'obsession de retrouver sa mère, restée dans le camp de réfugiés, il découvre deux maux de son nouveau pays : les faucons qui souhaitent la guerre contre les Palestiniens et les racistes qui font régner une sorte d'apartheid au sein de la société israélienne. L'intégration des Falachas en Israël n'a jamais été réellement digérée. Ils sont considérés par une partie de la population, hostile au métissage, comme des juifs atypiques, pas casher.

Sirak M. Sabahat qui joue le rôle de Shlomo adulte, a lui-même vécu les événements retracés dans le film : né en Ethiopie en 1981, il quitte son pays natal à 10 ans, avec ses parents et ses trois frères cadets, pour rejoindre Israël. Après une longue marche vers la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, où il reste pendant 5 mois, il embarque avec sa famille dans un avion militaire dans le cadre de "l'opération Salomon". Arrivé en Israël, l'adaptation est difficile pour le jeune homme, seul Noir de son école. Après son service militaire, il décide de se lancer dans la comédie.

Ce film aurait pu s'appeler « L'Enfant des mères ». Schlomo a la chance de tomber sur quatre mères exceptionnelles : la sienne, capable de dire " ce n'est pas mon fils ", pour le sauver ; la deuxième, Juive éthiopienne, qui retrouve une raison de vivre en recueillant Schlomo et en l'arrachant à la mort ; la troisième, la mère adoptive issue d'une autre culture, qui accepte de faire un pas vers Schlomo ; enfin, Sarah, l'amoureuse, qui en devenant mère à son tour finit par comprendre Schlomo et le renvoie vers sa mère originelle."


La musique, superbe, reflète le mélange des cultures prôné par le film : elle mêle en effet orchestre classique, violoncelle et doudouk, un instrument traditionnel arménien (une sorte de flûte).

Mihaileanu soulève les questions d'identité, d'intégration, de racisme, d'amour filial, de judaïté, d’adoption, de déracinement, de cultures, le conflit israélo-palestinien,amour...
Ce grand et long film les aborde avec simplicité, humanité et humour.

Yaël Abecassis, la mère adoptive, est magnifique et sauvagement maternelle.

Ce film est riche de messages de paix et d'espoir, sans aucune idéologie sous-jacente. Il est d’une beauté sans pareil et les dialogues sont faits d’amour et de paix.
_________________

Je suis un tout petit peu moins enthousiaste (le film est un peu "americain", au sens de spectacle prémédité, avec des "scènes" obligatoires, jusqu'à la remise des diplômes à la Sorbonne !) mais l'impression d'ensemble est la même.

Ton développement sur les 4 mères est bien vu.

Sur l'opération de "rapatriement" elle-même, la question de savoir pourquoi on aide les fallashas et non les autres n'est même pas évoquée. Ces derniers restent dans les camps dans des conditions épouvantables.

Un autre problème : le rôle des organisations humanitaires... parfois controversé. J'avoue ne pas être documenté sur le sujet, mais si quelqu'un veut en discuter, on pourrait le faire en "humeurs du jour".

rotko a écrit:

Un autre problème : le rôle des organisations humanitaires... parfois controversé. J'avoue ne pas être documenté sur le sujet, mais si quelqu'un veut en discuter, on pourrait le faire en "humeurs du jour".

Je passe la main, j'ai déjà donné aujourd'hui question "Humeur du jour"!

Moi je suis très documentée à ce sujet car j'en ai fait partie mais n'ai aucune envie d'en parler car les polémiques et les incompréhensions habituelles autour de ce thème finissent toujours mal. Donc je passe la main :arrow:

Le concert avec Aleksei Guskov, Mélanie Laurent, Dimitri Nazarov, Miou Miou, Valeri Barinov.

Citation :

A l'époque de Brejnev, Andrei Filipov était le plus grand chef d'orchestre de l'Union soviétique et dirigeait le célèbre orchestre du Bolchoï. Mais après avoir refusé de se séparer de ses musiciens juifs, dont son meilleur ami Sacha, il a été licencié en pleine gloire. Trente ans plus tard, il travaille toujours au Bolchoï mais... comme homme de ménage.

Un soir, il tombe sur un fax adressé au directeur : il s'agit d'une invitation du théâtre du Châtelet conviant l'orchestre du Bolchoï à venir jouer à Paris... Soudain, Andrei a une idée de folie : pourquoi ne pas réunir ses anciens copains musiciens, qui vivent aujourd'hui de petits boulots, et les emmener à Paris, en les faisant passer pour le Bolchoï ?

résume Telerama qui n'est pas enthousiaste, à la différence du Monde et de certains spectateurs.

melanie Laurent en violoniste, une bonne idée

Citation :

Parfois poussive, portée par une énergie typiquement slave, l'épopée trouve sa vraie raison d'être artistique dans ce dernier quart d'heure qui dénoue les nœuds de l'intrigue et sublime cette fameuse idée d'une "ultime harmonie", illustrant l'instant magique où le violon entraîne l'orchestre, où l'individu et le collectif ne font qu'un.

Spoiler:

rotko a écrit:

Le concert avec Aleksei Guskov, Mélanie Laurent, Dimitri Nazarov, Miou Miou, Valeri Barinov.

J'ai vu le film et l'ai vraiment beaucoup apprécié, si ce n'est deux petits bémols :
- ce parti pris ridicule (probablement imputable à la production ou à la distribution et non au metteur en scène) de sous-titrer en français les comédiens slaves parlant... français, sous prétexte qu'ils ont un accent... Si leur français est quelque peu décalé (source d'effets comiques), il est parfaitement compréhensible.
- une légère difficulté à achever le film après toutes les promesses, même s'il y a jusqu'à la fin de très belles scènes.

Spoiler:

Mais ces bémols mis à part, c'est une idée formidable, un scénario extrêmement riche et poignant, un sens du tragi-comique très réussi, et surtout des comédiens époustouflants. Bref, à voir!

Seb a écrit:

c'est une idée formidable, un scénario extrêmement riche et poignant, un sens du tragi-comique très réussi, et surtout des comédiens époustouflants. Bref, à voir!

oui, je te suis sur cette recommandation : allez le voir !

- comédie burlesque et satire des régimes totalitaires ou autoritaires : ils utilisent par exemple des figurants pour écouter et applaudir les discours officiels, ça s'est vu, et pas seulement en Russie.

- le drame des artistes brisés : là j'ai pensé à Galina Vichnevskaia qui raconte ( dans Galina)comment, à cause de son amitié pour Prokofiev et Chostakovitch, Rostro son mari était relègué aux oubliettes et perdait son talent.

- les différentes facettes de la musique dans ce film etc.

- la fin est très émouvante, tu l'as bien dit, Seb.

(En fait je peux encore modérer mes sujets, quelle joie ! Enfin, je le fais pas pour l'instant...)

Quelqu'un est allé voir Le Concert de Radu Mihaileanu. Un film brillant dont on ressort fou. J'ai emmené mon frère récalcitrant à la musique classique (plutôt métal cheveux long et chiant), il a adoré le film, l'humour, les acteur... et le Concerto de Tchaïkovski. Moi j'ai... et Splendide !

Bravo aux acteurs

Bon allez je vais faire un tour par là-bas euh... Non au cinéma pardon.

A plus !

alinea a écrit:

Le concert,
Une histoire abracadabrantesque, bourrée de clichés, une grosse farce, très drôle au second degré.
Beaucoup d'émotion à l'écoute du concerto. En prime, M Laurent utilise son archet correctement, serait-elle violoniste?

j'ai bien aimé le film, mais je ne crois pas que Mélanie Laurent soit violoniste : j'ai cru voir des gestes qui ne correspondaient peu à la musique...

je peux me tromper

rotko a écrit:

alinea a écrit:

Le concert,
Une histoire abracadabrantesque, bourrée de clichés, une grosse farce, très drôle au second degré.
Beaucoup d'émotion à l'écoute du concerto. En prime, M Laurent utilise son archet correctement, serait-elle violoniste?

j'ai bien aimé le film, mais je ne crois pas que Mélanie Laurent soit violoniste : j'ai cru voir des gestes qui ne correspondaient peu à la musique...

je peux me tromper

Réponse dans les "secrets de tournage" d'Allociné:
L'actrice a dû suivre un apprentissage du violon pendant 3 mois avec Sarah Nemtanu, premier violon soliste de l'Orchestre National de France: "Grâce à elle, j'ai vécu avec un orchestre et j'ai vu comment il fonctionnait. Cela m'a aidée à aborder le personnage et à acquérir certaines techniques de maniement du violon et de l'archet (...) Je suis gauchère et le violon est le seul instrument qui ne s'inverse pas : la main droite tient l'archet, ce qui est un véritable cauchemar pour moi ! C'est un mouvement qui est si peu naturel pour moi que j'ai fini par avoir une tendinite !"

Il doit bien y avoir des violonistes gauchers, non ?

rotko a écrit:

Il doit bien y avoir des violonistes gauchers, non ?

oui mais apparemment, ils jouent quand même sur des violons de droitiers

Suffit de trouver la bonne boutique

rotko a écrit:

Il doit bien y avoir des violonistes gauchers, non ?

Bien sûr, gauchers dans la vie mais droitiers avec leur instrument, ils doivent s'adapter et apprendre"dans le bon sens" en tous cas en cursus classique, un peu comme pour l'apprentissage de l'écriture il y a quelques années.
Imagine un orchestre ou un groupe de musique de chambre déséquilibré.
Après avoir vu le film, j'ai réalisé n'avoir pas été gênée par des tirés poussés anarchiques, il ne devait donc pas y avoir d'erreurs trop grossières comme on en voit si souvent avec les mains et surtout les pieds des pianistes.
Sans commentaires sur la direction d'orchestre.

Citation :

gauchers dans la vie mais droitiers avec leur instrument, ils doivent s'adapter et apprendre"dans le bon sens"

je veux bien, mais pourquoi parler de violons gauchers comme dans le message au-dessus du tien ?

j'imagine que ce que nous disons s'applique aux violons d'orchestre, si le gars joue tout seul, il peut bien faire ce qu'il veut

Bon; pour revenir au film que j'ai vu après-midi... J'en suis sortie toute émue. Tchaikovski bien sur et une très belle interprétation musicale. La langue russe. L'âme slave. Un film drôle et sérieux à la fois. De bons acteurs. Une histoire tragicomique menée tambour (ou orchestre) battant. Art et dictature. L'absurde. La passion.
Et on excusera la mauvaise tenue de l'archet. Et il n'y avait pas de sous-titres quand les russes parlaient français (Mais ce n'étaient pas des russes...).
Un beau film.

Sur la révélation finale des vrais parents de la violoniste, la formule du Temps :

Citation :

le spectateur comprend alors que le billet de cinéma qu’il a acheté deux heures plus tôt est en réalité une ordonnance pour un paquet de mouchoirs triple épaisseur

.

il y a du vrai.

rotko a écrit:

Sur la révélation finale des vrais parents de la violoniste, la formule du Temps :

Citation :

le spectateur comprend alors que le billet de cinéma qu’il a acheté deux heures plus tôt est en réalité une ordonnance pour un paquet de mouchoirs triple épaisseur

.

il y a du vrai.

Beaucoup de vrai, oui.

C'est un film que j'aurais aimé aimer mais...
L'humour m'a paru lourdingue, c'est plein de clichés sur les nationalités (les juifs essaient de faire des affaires, les romanichels leur fournissent de faux passeports, le directeur du Châtelet est une tantouze-parce-qu'artiste, etc...) et surtout - et j'avoue que c'est de ma faute - j'étais partie sur une fausse piste, je crois que rotko est tombé dans le même piège:

L'invitation est envoyée par fax. Le grand chef d'orchestre est toujours condamné à être homme de ménage. Du coup, j'étais persuadée qu'on était encore sous le régime de la dictature soviétique. Et je ne comprenais pas qu'ils aient le e-mail, des téléphones mobiles, des écrans plats... Non, on est bien au XXIème siècle Il me semble que dans la Russie post-communiste, le grand chef d'orchestre aurait été rétabli dans ses fonctions, non?

Le seul moment où j'ai sorti mon mouchoir, c'est pendant le concert proprement dit. Le Concerto pour violon de Tchaïkovski est absolument magnifique et il est joué avec brio, par un orchestre et une soliste bulgares, si ma mémoire est bonne (mentionné au générique). Mélanie Laurent fait bien illusion, on dirait vraiment que c'est elle qui joue.

J'ai bien aimé le drôle de mauvais français qu'ils parlent. Et je l'ai vu sans sous-titres.

Pour moi, c'est le gentil film pour toute la famille qui sort à point pour Noël.

salut bridget

le film est sorti bien avant Noel, mais sans doute que dans ta région ils ont pensé qu'il ferait bien l'affaire, ce qui n'est pas faux.

tu as raison sur les clichés, mais imagine-t-on une caricature sans rôles stereotypés ? aussi je ne me suis pas posé de question sur l'historicité des fax et autres courriels.

C'est vrai que le début est lourdingue... et que la fin - car on nous a menés en bateau sur ses présumés parents, rachète le tout parce qu'on n'a plus envie de râler le mouchoir à la main