Carné, "Les Visiteurs du soir","les enfants"

Réalisé par Carné avec des dialogues de Prévert... Tout est là, sans doute. Édité en DVD remasterisé pour la première fois, c'est un très bon film. L'histoire est assez simple :

Citation :

Un couple de suppôts (Alain Cuny et Arletty) - sous forme de deux ménestrels - est envoyé par Satan (Jules Berry) sur Terre en l'an de grâce 1485 pour semer le malheur et la destruction. Gilles (l'un des deux esprits malins) tombe amoureux d'Anne (Marie Déa), fille du baron Hughes, à qui il n'aurait dû apporter que tourments.

Comme Sartre avec Les Mouches, Carné livre un film-parabole en pleine période de l'Occupation. Je le conseille vraiment

La scène finale dans laquelle le coeur des amants rebelles continue à battre, alors qu'ils ont été transformés en statues de pierre, est l'une des plus fortes émotions que m'ait donné le cinéma ... grandiose !

Anecdote : Simone Signoret était une jeune figurante dans la scène du banquet ...

Oui, un très grand film, je vous l'accorde,

avec, peut-être, un peu de mièvrerie à quelques moments et surtout dans le ton d'Alain Cuny.

Il est vrai que Cuny y a joué sur un ton assez théâtral, tandis que celui de Jules Berry était d'une surprenante modernité ...

Bertrand Tavernier a réalisé le film "Laissez-passer", qui décrit les conditions de tournage sous l'occupation ... comme à l'accoutumée, Jacques Gamblin y est épatant ...

Oui, Jules Berry est époustouflant,

et d'après les dires d'un vieux Parisien de mes relations, extravagant dans la vie courante, dépensant sans compter, si bien qu'il fut réduit, m'a-ton dit, à recevoir ses maitresses dans son caveau réservé au père lachaise..

si non e vero, comme dirait Aristarque...

rotko a écrit:

Oui, un très grand film, je vous l'accorde,

avec, peut-être, un peu de mièvrerie à quelques moments et surtout dans le ton d'Alain Cuny.

Oui, c'est sans doute le seul "gros" défaut du film. Et oui, Jules Berry est parfait en Diable

Les enfants du paradis.

Pathé a restauré le film en 4K (4096 pixels par ligne), L'image est précise, le noir et le blanc plus nuancés. « Les dialogues sont enfin tous audibles. »
. Aux deux figures réelles du théâtre des années 1830, le mime Baptiste Debureau et l'acteur Frédérick Lemaitre, Marcel Carné ajoute une femme fatale imaginaire, Garance.
Le drame romanesque peut opérer. « Le triangle amoureux ou la mise en abyme séduisent toujours aujourd'hui, mais c'est surtout la structure en deux parties distinctes qui donne au film son audacieuse modernité »

20 minutes salue cette restauration, avec la musicalité des dialogues et le jeu d'acteurs comme Arletty et Pierre Brasseur.


ne pas oublier jean-louis Barrault !

article et video dans le Figaro.

Citation :

ne pas oublier jean-louis Barrault !

et Maria Casares, si ma mémoire ne me fait pas défaut ? J'avais vu ce film magnifique au ciné-club quand j'étais au lycée...

Citation :

C'est un fait que la plupart des critiques qui ont disserté sur ce film oublient systématiquement (ou le minimise) ce personnage de Nathalie. Maria Casarès, pour son premier rôle à l'écran, est bouleversante dans les quelques scènes que lui a écrites Prévert. Comme celle de la fin, où elle surprend à nouveau Baptiste avec Garance, qui se revoient pour la première fois depuis leurs mariages respectifs, et où elle apostrophe sa concurrente : « Vous partez, on vous regrette. Le temps travaille pour vous et vous revenez, tête nouvelle embellie par le souvenir... Mais rester et vivre avec un seul être, partager avec lui la petite vie de tous les jours, c'est autre chose. » Puis elle demande des explications à Baptiste qui ne peut lui répondre : « Mais tu dis tout de même beaucoup de choses en te taisant, et ces choses je les comprends. » La scène se termine sur Garance fuyant, poursuivie par Baptiste, Nathalie lui hurlant dans un cri déchirant « Et moi Baptiste, et moi ? »

Extrait des enfants du paradis

Revoir, sur grand écran, Les Enfants du paradis remis à neuf et éclairé de nouveaux feux souligne ses qualités comme ses limites. Les qualités sont essentiellement d’écriture, et dans le vieux débat pour décider si le principal auteur du film serait Marcel Carné ou Jacques Prévert, la balance penche nettement en faveur du second, comme scénariste et comme dialoguiste.

l'article de Slate remet le film mythique à sa place :

Succession de tableaux qui sont autant de morceaux de bravoure, toujours éclairés plein pot et ne montrant qu’une seule chose, une seule idée, un seul sentiment à la fois, et à chaque fois autant que possible à la fois énoncé et montré, succession d’aplats qu’aucun rythme, aucune obscurité, aucune ambiguïté ne vient jamais faire trembler, Les Enfants du Paradis se situe bien moins du côté de ce cinéma dont on veut en faire un sommet que du théâtre qui est après tout son sujet.

Ysandre a écrit:

ce soir sur ARTE passe le film les enfants du paradis
rhoooooo ! je regarde.

Si vous n'avez pas revu le film, voyez au moins le diaporama du monde

toujours aussi beau, toujours aussi grand, dominé pour moi par le jeu éblouissant de Jean-Louis Barreau, ce film est un enchantement. Cet homme est éclairé de l'intérieur ! la lumière du génie brûle en lui.
Les autres ne déméritent pas, c'est vraiment un "beau" film.