Andre Arnold : fish tank

fish Tank

Film britannique d'Andrea Arnold avec Katie Jarvis, Michael Fassbender, Kierston Wareing

Andrea Arnold : Un oscar en 2003 pour son court métrage Wasp, un prix du jury à Cannes en 2006 pour Red Road, puis un autre cette année pour Fish Tank...

Citation :

Mia, brune ado rebelle de 15 ans, refuse de se laisser enfermer comme un poisson dans un aquarium (c'est le sens du titre) et s'insurge contre la privation de liberté imposée à un vieux cheval blanc enchaîné dans un campement de gitans.
Cette enfant sans laisse, véritable chat sauvage, se voit lancer à ses mollets un chien méchant, tandis qu'un hamster se morfond dans sa cage. Voilà qui résume la manière dont l'héroïne de Fish Tank voit son destin : résister au harcèlement, au dressage, à la domestication.

voir l'article du monde avec les videos

Le film a l'aval des critiques de tout arrive sur France-culture :

le personnage principal, cette ado qui affectionne insultes et coups de boule, relève du monde de ken loach, mais la réalisatrice reussit à donner un tour personnel à son film.

Les quarante dernières minutes séduiront les plus sceptiques, à ce qu'il paraît

Ouais j'en ai lu tellement de bonnes critiques que ça donne envie d'aller très vite s'y plonger (fish tank = aquarium)

À quinze ans, Mia est une adolescente rebelle en échec scolaire et délaissée par ses amis. Un jour, sa mère rentre à la maison en compagnie d’un inconnu, Connor, qui promet de faire leur bonheur et de leur apporter l’amour…

Prix du jury du festival de Cannes 2009.

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Mia, cette boule de nerfs anguleuse et renfrognée a l'insulte pour carte de visite, et le coup de boule pour geste de politesse.

Mia manque de tout ce qui pourrait lui venir en aide pour son départ dans la vie. Un père inconnu, jamais nommé, toujours absent, une mère instable et immature qui collectionne les aventures, une sœur cadette qui prend le chemin épineux de l'aînée, un environnement confiné et impitoyable, une école qui ne veut plus d'elle, et l'univers frelaté des clips gangsta rap pour horizon culturel.

l'article du Monde.

Ce film a bien mérité son prix à Cannes : les acteurs sont parfaitement dans leurs rôles, et l'histoire paraît se dérouler sous nos yeux, même si nous ne sommes pas, heureusement pour nous, familiers de ces ensembles anglais où vivent les pauvres.

Les couloirs chargés de linges à sécher, la langue rude et fertile en injures de toutes sortes, l'atmosphère familiale mais aussi du quartier, en font un témoignage social, mais pas seulement.

La gamine nous touche, et on se fait à son agressivité que l'on comprend. On participe à son histoire et à son evolution, on tremble même qu'elle ne dérape parfois.

Voilà un film qui sonne vrai et qui, à mes yeux, vaut bien mieux que Juno, sucre d'orge surestimé.

Voilà bien un film que j'ai détesté...
Voici ce que j'en ai écrit sur un autre forum

Citation :

Bon dieu que c’est déprimant, l’Angleterre… :cry: Dorénavant, je ne regarderai que les Pride & Prejudice autres jolies histoires, parce que les Ken Loach & C° me donnent envie de me flinguer…

En gros, c’est l’histoire d’une adolescente mal dans sa peau, qui ne sait pas ce qu’elle veut, elle sait juste qu’elle déteste tout et tout le monde. Elle vit avec sa mère, qui boit et qui baise, et sa petite sœur qui jure comme un charretier – comme tout le monde dans ce film, d’ailleurs. Elle ressent ses premiers émois sexuels avec l’amant de sa mère, avec qui c’est un jeu de séduction mêlé de haine.

L’argent ne semble pas vraiment manquer, elles habitent dans un HLM avec d’autre glandus et paumés, les filles vont à l’école… On peut se demander pourquoi la vie de ces gens foire malgré tout. Que peut-on faire de plus pour éviter que la populace ne sombre dans du Dickens et du Zola ? Au XIXème siècle, cétait la même misère (on boit, les filles tombent enceintes à 14 ans, les gens restent pauvres parce qu’ils n’ont aucune formation, donc ils pondent des gosses qui traînent dans la rue, qui boivent et qui sniffent de la colle, etc……….). De nos jours, ils reçoivent plein d’allocs et d’aides, mais pas moyen de sortir de cette misère, qui n’est pas matérielle, mais juste spirituelle.

Bref, pour revenir au film – qui ramasse des critiques élogieuses à la pelle - je me suis ennuyée. J’ai beau me dire qu’on nous décrit la réalité de la vie contemporaine, j’en reste à me demander ce que ce film essaie de dire ou de faire. Il se termine sur une note plutôt optimiste, mais pas vraiment. Que va-t-elle devenir, cette jeune fille ? Caissière dans une station service ? Faut-il vraiment donner en spectacle la vie minable et triste de ces fourmis qui ne sortiront jamais de leur ornière ?

Sans doute la réalisatrice a-t-elle atteint son but en semant un profond découragement dans mon esprit. L’humanité est foutue…

L’amant est joué par Michael Fassbender, qui était un des faux allemands dans Inglorious Basterds. Il est parfaitement bilingue (père allemand, mère irlandaise), ici il a même un léger accent irlandais. La jeune fille, Mia, est jouée par Katie Jarvis, découverte sur un quai de gare où elle engueulait son jules. On peut se demander si elle joue la comédie dans le film ou si elle est simplement elle-même. Elle tire la gueule pendant tout le film – oui, je comprends, c’est son personnage, mais c’est un peu lourd quand même…

Ca se termine sur un air de rap "Life’s a Bitch and then You Die…." Ca résume assez bien l’ambiance. Quant au titre, je crois que ça veut dire que ces gens, et surtout Mia, sont comme enfermés dans leur vie, comme des poissons dans un bocal.

PS: désolée rotko, c'est long....

Je n'ai pas vu le film, mais à voir la critique de Bridget, je pourrais certainement en dire quelques mots sur le fait qu'on nous fasse voir des choses de la vie réelle...

Ce qui doit être intéressant ce doit être le côté psychologique du film...

Mais bon... je vais "m'abstiendre"

bridget a écrit:

je ne regarderai que les Pride & Prejudice autres jolies histoires, parce que les Ken Loach & C° me donnent envie de me flinguer

je crois effectivement que tu a pris ton parti, et c'est ton droit.

Ken Loach et les films "& C°", comme tu dis, s'ancrent dans un tissu social, alors que les "jolies histoires" deviennent aussi artificielles que les séries que précisément la télé déverse continûment dans ces milieux.

Le langage dans ce film est certes grossier et agressif, mais seulement en apparence, car il exprime aussi la tendresse et l'attachement : on le voit au début du film dans le coup de telephone de reconciliation ("téléphone-moi connasse") et lors de l'adieu entre les deux soeurs.

Pour une fois les sous-titres étaient de qualité, avec les mots courants à ces types de situations.

Que deviendra cette fille ? le film ne le dit pas ; Au moins aura-t-elle évité le piège du concours de chanson.

Spoiler:

Rosie a écrit:

Ce qui doit être intéressant ce doit être le côté psychologique du film...

Il existe, puisque la gamine mûrit, et que les gros plans sur son visage le montrent à la fin du film, ainsi que son attitude.

Peut-on attendre une étude psychologique sans s'interesser au milieu social ? on le croyait au XVIIe siecle, car le milieu social ne posait pas problème dans les tragédies de Racine par exemple. (sujets antiques conçus comme universels)

Mais ce n'est plus vrai dans la princesse de Clèves, où on trouve des rites et impératifs de castes.

Avis au modo: il y a deux fils sur le même film
https://grain-de-sel.1fr1.net/ecrans-cinema-et-television-f13/andre-arnold-fish-tank-t6234.htm?highlight=fish+tank

Je précise ma pensée:

Ce qui me déprime dans ce film c'est que ces gens, sans être riches, ne sont pas pauvres. Leurs besoins essentiels sont pris en charge par l'Etat (se nourrir, se loger, se vêtir). Les enfants ont accès à l'école gratuite et publique. Et malgré cela, on va pisser sur la moquette des gens.....

Ils vivent comme dans le caniveau et leur existence ne semble avoir d'autre but que de boire, fumer et baiser. D'où ma question: est-il plus intéressant de regarder des abrutis s'abrutir ou de regarder la Ferme des Célébrités?

Dans les romans de Dickens ou de Zola, il y a un message social, une accusation face à la misère. Ici, on semble nous dire que les humains sont des bêtes qui vivent au ras des pâquerettes.

Ce n'est pas du tout que je ne souhaite lire que Mickey Magazine, mais cette réalité-là me déprime, car bien qu'on fasse tout pour aider ces gens, ça ne sert à rien. La jeune fille va sans doute se faire engrosser, se retrouver à boire et à baiser tous azimuts, se refaire engrosser et survivre grâce aux allocations.

Désolée, mais cette misère intellectuelle plus que matérielle ne m'intéresse pas et je n'ai certainement pas envie de regarder ça pendant 2h. Je n'ai aucune compassion pour cette jeune fille, qui fout sa vie en l'air toute seule comme une grande.

Merci, Bridget, d'avoir signalé le double fil.

"pisser sur la moquette" : c'est une vengeance de gamine qui s'estime, à juste titre, trompé par un adulte qui vit peinard avec femme et gosse, et qui est venu chez elle trouver des proies vulnérables pour le plaisir de sa libido.

J'ai trouvé la réaction juste, et elle m'a même amusé :-)

Pour le reste, c'est tout un débat sur la pauvreté : faut-il dire en sortant du film salauds de pauvres ! ?

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salauds de pauvres ! c'est d'ailleurs le nom d'une association

Elle tient une cigarette ou un écu d'or la Dame en tenue de lapine ?

C'est vrai que parfois. Il y a un côté de la société qu'il ne faut pas voir. Je ne vais pas débattre sur ce que je pense de la bourgoisie, qui baise, boit, et fume tout autant que ces salauds de pauvres. Une vraie beuverie dans la Grande Société. Mais ça fait plus distingué, eux au moins, ils ont le mérite de ne pas dépendre de l'Etat.

IL faut cacher la fausse misère, c'est vrai franchement, quelle honte !

Un film grandiose que j'ai aimé c'est : Oliver Twist

Les personnages dans Fish Tank ne sont pas pauvres.

Et j'ai beaucoup plus d'estime pour quelqu'un comme Frank McCourt, qui a grandi dans la misère la plus crasse, mais qui s'est éduqué tout seul en allant à la bibliothèque municipale et qui est parti en Amérique avec ses petites économies, où il a fini par trouver sa place à force d'effort et d'humilité.

Oui, bon, je suis protestante.... ceci explique cela.....

rotko a écrit:

"pisser sur la moquette" : c'est une vengeance de gamine qui s'estime, à juste titre, trompé par un adulte qui vit peinard avec femme et gosse, et qui est venu chez elle trouver des proies vulnérables pour le plaisir de sa libido.

Précisons quand même qu'elle savait que le type était l'amant de sa mère... et que le jeu de séduction-libido allait dans les deux sens. Elle n'avait aucun scrupule à se taper l'amant de sa mère. Maintenant, que le type soit tranquillement marié... la mère le savait certainement.

PS: Pride & Predice, c'est du Jane Austen, tout de même.... ce n'est pas qu'une "jolie histoire"

PPS: @ Rosie: tu proposerais quoi, pour aider Mia à vivre un peu plus dignement?

oui, Bridget, on est d'accord sur pride and prejudice roman très ironique.

Revenons si tu veux sur "la pauvreté": je n'ai vu nulle part dans le film d'allusions à des allocations et aides diverses. J'ai vu le foutoir interieur et le delabrement extérieur des immeubles. Effrayant.

Pour moi, la misère materielle n'est pas tout.

Il y a aussi la considération sociale et par suite l'estime qu'on a de soi. Si on perd, à ses yeux et à ceux des autres, cette estime de soi, on devient aigri, en proie au ressentiment, à la jalousie, à la haine d'autrui.

Toutes les conduites et addictions malsaines deviennent alors possibles et " justifiées".

J'ai été étonné que Mia ne vole pas dans les magasins ou ne pratique pas le vandalisme.

Tu vois à quel point je suis peu fréquentable

je remets ta question pour Rosie :

Citation :

tu proposerais quoi, pour aider Mia à vivre un peu plus dignement?

rotko a écrit:

je remets ta question pour Rosie :

Citation :

tu proposerais quoi, pour aider Mia à vivre un peu plus dignement?

Il me semble que vous avez exprimé un avis personnel au sujet du film.
Dès lors, je ne vous soumettrais pas une telle question. Donc, pourquoi je proposerais une solution étant donné que ce n'est qu'un film (pour commencer) et qu'ensuite, je ne détiens pas de solution miracle ?

J'avais précisé, en amont, que c'est un film que j'aimerais bien voir. Je n'ai vu que la bande annonce et j'avais émis l'idée psychologique du film. D'ailleurs, rotko m'avait répondu que cela se voyait sur le visage de la jeune fille à la fin de celui-ci.

Maintenant, je vais me prononcer subjectivement, puisque je vais me baser que sur quelques minutes de film vu sur la vidéo et ce, de façon éclatée, puisque ce ne sont que des passages.

Pour ma part, je ne me suis pas arrêtée à l'aspect matériel : hlm, pauvreté ou non d'ailleurs.

J'ai vu quelque chose de plus profond, quelque chose d'intérieur qui fait que, là, dans ce film c'est le bouleversement social, voire familial au sein même d'une famille. J'y ai vu un parcours cahotique - l'instabilité d'une mère qui se désestime(peut-être) - entraînant celle d'une jeune fille. J'y ai vu le conflit entre mère/fille - et la colère d'une jeune fille qui se cherche. J'y ai vu des manques affectifs - des manques de repères.
Avec ce peu d'infos, on peut mieux visualiser les dégâts que cela peut engendrer. Parfois on porte sur "ces" épaules le poids de nombreuses souffrances : manque de confiance en soi, estime de soi, manque d'amour et on s'enferme dans ce propre carcan. Et peut-être que l'on vit dans un mode de rejet - que certains s'y complaisent ou non d'ailleurs.
Mais la violence de ce film est intégrée dans la colère - la haine - l'agressivité - la jalousie. Elle est liée à cette souffrance - celle du rejet d'une société qui méprise ; d'où cette redondance sociétale peu glorieuse.

Je rejoins l'avis de rotko :

Citation :

Il y a aussi la considération sociale et par suite l'estime qu'on a de soi. Si on perd, à ses yeux et à ceux des autres, cette estime de soi, on devient aigri, en proie au ressentiment, à la jalousie, à la haine d'autrui.

Toutes les conduites et addictions malsaines deviennent alors possibles et " justifiées".

Donc, je suis également moi-même étonnée qu'elle n'ait pas volé dans les magasins et/ou pratiqué le vandalisme.

je crois, Bridget, que le film répond à ta question, et que Mia trouve son chemin en prenant le large.

Ce n'est pas seulement une question théorique.

A ma grande surprise, après une séance sportive intense, (les endorphines expliquent sans doute la confidence), j'ai eu un témoignage dans le genre.