FRançoise Chandernagor

La première épouse

«Je suis en deuil de mon mari vivant.»

C’est ce que dit la narratrice, Catherine, écrivain. Après 25 ans de mariage et 4 enfants, son mari à l'instar de tant d’hommes à la cinquantaine, l’abandonne pour une autre...
Elle raconte la rupture, la séparation, le divorce.
Elle dit la souffrance.
L’espoir et l’amour qui demeurent si longtemps en vain.
Elle dit aussi comment, un jour, revient le goût pour la vie. Autrement.

« Je suis en deuil, je suis perdue, je suis aveugle, je suis brisée, je suis sale, je suis brûlée, je suis gelée, je suis nue, je suis morte. Je suis.
Vieille, et pourtant neuve je suis.
Les papillons de nuit laissent aux doigts de la poudre d’or : aussi terne qu’une noctuelle, j’ai de l’or au bout des ailes. Je suis poussière, mais poussière d’or pour tous ceux qui m’auront touchée, pour ceux qui m’auront aimée. Riche de ce qu’il me reste à donner. »

La chambre

"Dans une chambre fermée, un enfant seul. Dans une chambre fermée à clé, un enfant silencieux, sans jouets, sans livres. La chambre est vaste: il peut marcher. Il marche du grand lit double au petit lit de camp, de la chaise rouge au tabouret de paille, de la belle commode jusqu'à la haute fenêtre. Mais par la fenêtre, on ne voit rien. Rien que des planches et des barreaux. Alors l'enfant s'assied près du poêle, il se recouche dans le lit défait, serre contre lui son oreiller, il dort, il rêve... Dans la chambre jaune aux rideaux lourds, un petit garçon de huit ans attend qu'on vienne le chercher. Qui ? Il ne sait pas, il attend. Il attend sans faire de bruit. Les jours, les mois passent. Il est le roi de la chambre au papier fleuri : Les dalles de pierre sont sa géographie, les mouches et les fourmis, ses amies, les gravures au mur, ses livres d'histoire. Il est sage. On l'a puni. Pourquoi? Il en sait pas il attend..."

Comme à son habitude, Françoise Chandernagor ne nous deçoit pas , ni par son talent d'écrivain, ni par ses talents d'historienne.
Je ne vous le cache pas cette histoire est brutale, cruelle, infiniment triste... et historique.
L'auteur parvient à nous faire passer de la tristesse à la colère, puis la jubilation lorsqu'elle se lance dans ses plaidoyers contre des fantômes... Chandernagor essaie de comprendre et nous faire nous interroger : pourquoi et comment tout cela a commencé ?
Comment et pourquoi en est-on arrivé là ?
C'est une page cachée, peu glorieuse et abjecte de notre histoire, mais je n'en dis pas plus...

J'aime beaucoup Françoise Chandernagor. "La Chambre" était vraiment terrible, assez éprouvant à lire j'ai trouvé ! Mais trés interessant et surtout qui parle d'un sujet assez peu évoqué dans les romans historiques.