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| | Edouard Glissant | |
| | Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Edouard Glissant Mar 28 Fév 2006, 08:06 | |
| tout sur Edouard Glissant - Citation :
- « Les pays que j’habite s’étoilent en archipels. Ils racontent les temps de leurs éclatements. Quand nous rencontrons un morceau impénétrable de temps, une roche incassable, ce qu’aussi nous appelons un bi, nous voici devant ce bi de temps, nous n’en sommes pas désenvironnés, nous faisons le tour de cette obscurité, nous piétons dans la moindre ravine ou le plus petit cap, jusqu’à entrer dans la chose. L’éclat des temps tout comme les éclats du temps n’égarent pas, dans nos pays »
http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/glissant.html | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Edouard Glissant Mar 03 Juin 2008, 04:39 | |
| Edouard Glissant parle dans un nouveau livre presenté dans un article de Rue 89 clic ! - Citation :
- . Comme tous les écrivains antillais et caribéens, Glissant est marqué du sceau de la richesse composite, hanté par le mythe de la traversée (celle des populations africaines envoyées aux Antilles) et porté par le refus de toute domination occidentale.
Pour qui reste utopiste, soucieux d’altérité et de compréhension, son œuvre reste une clé d’accès à la modernité. Il est un des seuls penseurs qui, de par son inventivité langagière et son écoute sans faille des mouvements du monde, peut être lu aussi bien par les travellers technos, les routards baba-cools que tous les autres nomades. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Edouard Glissant Mar 03 Juin 2008, 04:57 | |
| Un livre qui montre les différents parcours et parle de la diversité. Tout-monde, chez Folio. clic ! - Citation :
- Il n'est pas besoin d'intégration, pas plus que de ségrégation, pour vivre ensemble dans le monde et manger tous les mangers du monde dans un pays. Et pour continuer pourtant d'être en relation d'obscurité avec le pays d'où tu viens. L'écartèlement, l'impossible, c'est vous même qui le faites, qui le créez.
Aussi bien, plutôt que de vous déchirer entre ces impossibles (l'être aliéné, l'être libéré, l'être ceci l'être cela), convoquez les paysages, mélangez-les, et si vous n'avez pas la possibilité des avions, des voitures, des trains, des bateaux, ces pauvres moyens des riches et des pourvus, imaginez-les, ces paysages, qui se fondent en plusieurs nouveaux recommencés passages de terres et d'eaux. Ce train qui trace dans la banlieue de Lyon, poussez-le à un autre impossible mais bien plus ardent, la bousculade entre les hauts et les fonds de tant d'environs et de lointains. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Edouard Glissant Jeu 03 Fév 2011, 12:19 | |
| Sa notice funeraire paraît dans tous les journaux Né en 1928 à Sainte-Marie, en Martinique, le poète soupçonnait que son nom était «l’envers insolent» de celui d’un colon, Senglis. Il en fera même un personnage de roman. Au moment de la libération des esclaves, il fallut dans l’urgence nommer des milliers d’hommes sans nom. Ce fut la première fête créole, baroque et spontanée.
- Citation :
- «Glissant, c’est magnifique, s’extasiait-t-il. Mais plusieurs noms errent en nous Le créole donne spontanément plusieurs noms aux mêmes choses. Les modes de prolifération sont nos modes d’expression.»
Dans son premier essai poétique, «Soleil de la conscience» (1956), «tout est déjà», disait-il. Le jeune Glissant expérimentait la pensée inarrêtable du «tout-monde». Il s’agit d’une philosophie sans père ni descendance, qui vit l’éclatement du monde et met en branle un affolement des imaginaires pour mieux piéger vérités uniques et identités univoques. Le «tout-monde» de Glissant est une poétique de l’archipel, une forme syncopée du ressassement, une pensée de l’errance et de l’accueil. Bref, un laboratoire littéraire où se réalise un programme inédit: «Mettre en relation la diversité du monde».
Il fut en 1961 assigné à résidence par le pouvoir gaulliste, fonda avec Paul Niger le Front antillo-guyanais et signa le «Manifeste des 121» pour le droit à l’insoumission fut toute sa vie un éternel nomade. De New York à Bâton-Rouge en Louisiane, où il enseigna, de Rio à Paris.
Chantre de la créolisation généralisée du monde a toujours été rétif à tout esprit de système. Ses grands livres tels «le Discours antillais» (1981) ou «Poétique de la relation» (1990) sont des machines de guerre joyeuse contre les tentations de repli sur des identités uniques. source : bibliobs. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Edouard Glissant Jeu 03 Fév 2011, 12:26 | |
|
« Un champ d'îles »
Savoir ce qui dans vos yeux berce Une baie de ciel un oiseau La mer, une caresse dévolue Le soleil ici revenu
Beauté de l'espace ou otage De l'avenir tentaculaire Toute parole s'y confond Avec le silence des Eaux
Beauté des temps pour un mirage Le temps qui demeure est d'attente Le temps qui vole est un cyclone Où c'est la route éparpillée
L'après-midi s'est voilé De lianes d'emphase et fureur Glacée, de volcans amenés Par la main à côté des sables
Le soir à son tour germera Dans le pays de la douleur Une main qui fuse le Soir À son tour doucement tombera
Beauté d'attente Beauté des vagues L'attente est presque un beaupré Enlacé d'ailes et de vents Comme un fouillis sur la berge
Chaque mot vient sans qu'on fasse À peine bouger l'horizon Le paysage est un tamis soudain De mots poussés sous la lune
Savoir ce qui sur vos cheveux Hagard étrenne ses attelages Et le sel vient-il de la mer Ou de cette voix qui circule
.
- Spoiler:
Abandonnés les tournoiements D'aventure sur les tambours L'assaut du sang dans les plaines Son écume sur les Hauts
Abandonné le puits de souffrance La souffrance au large du ciel emporte Dans la foule des fromagers Sa meute de mots et sa proie
Abandonnée tarie la mesure Démesure des coutelas Cette musique est au coeur Comme un hameau de lassitude
Beauté plus rare que dans l'île Ton grand chemin des hébétudes Va-t-il enfouir son regard Dans la terre, humide douce
Les hommes sortent de la terre Avec leurs visages trop forts Et l'appétit de leurs regards Sur la voilure des clairières
Les femmes marchent devant eux L'île toute est bientôt femme Apitoyée sur elle-même mais crispant Son désespoir dans son coeur nu
Et parmi les chants de midi Ravinés de sueurs triomphales Sur un cheval vient à passer La morte demain la Pitié
L'île entière est une pitié Qui sur soi-même se suicide Dans cet amas d'argiles ruées Ô la terre avance ses vierges
Apitoyée cette île et pitoyable Elle vit de mots dérivés Comme un halo de naufragés À la rencontre des rochers
Elle a besoin de mots qui durent Et font le ciel et l'horizon Plus brouillés que les yeux de femmes Plus nets que regards d'homme seul
Ce sont les mots de la Mesure Et le tambour à peine tu Au tréfonds désormais remue Son attente d'autres rivages
L'après-midi le Soir les masures Le poing calé dans le bois dur La main qui fleurit la douleur La main qui leva l'horizon
Sur vos chemins quelle chanson A pu défendre la clarté Sur vos yeux que l'amour brûla Quelle terre s'est déposée
Outre mer est la chasteté Des incendiaires dans les livres Mais le feu dans le réel et le jour C'est ce courage des vivants
Ils font l'oiseau ils font l'écume Et la maison des laves parfois Ils font la richesse des douves Et la récolte du passé
Ils obéissent à leurs mains Fabriquant des échos sans nombre Et le ciel et sa pureté fuient Cette pureté de rocailles
Ils font les terres qui les font Les avenirs qui les épargnent Ô les filaos les grandissent Sur les crêtes du souvenir
Mulets serpents et mangoustes Font ces hommes violents et doux Et la lumière les aveugle La nuit au bord des routes coloniales
Toute parole est une terre Il est de fouiller son sous-sol Où un espace meuble est gardé Brûlant, pour ce que l'arbre dit
C'est là que dorment les tam-tams Dormant ils rêvent de flambeaux Leur rêve bruit en marée Dans le sous-sol des mots mesurés
Leur rêve berce dans vos yeux Des paniques des maelströms Plus agités que la brousse profonde Lorsque passe le clair disant
Beauté sanguine des golfes Ô c'est une plaie une plaie Où danse le ciel, grave et lent De voir des hommes nus et tels
Et l'île toute enfin repose Dans le chaud des maturités Mûr est le silence sur la ville Mûre l'étoile dans la faim
Ce qui berce dans vos yeux son chant Est la parure des troupeaux L'herbe à taureaux pour les misaines Le dur reflet des sels au sud
Rien ne distrait d'ordre les vies Les hommes marchent les enfants rient Voici la terre bâtée, consentante De courants d'eau, de voilures
Quelle pensée raide parcourt Les fibres les sèves les muscles De la douleur a-t-on fait un mot Un mot nouveau qui multiplie
Celui qui parmi les neiges enfante Un paysage une ville des soifs Celui qui range ses tambours ses étoffes Dans la sablure des paroles
Guettant le saut des Eaux immenses Le grand éclat des vagues Midi Plus ardent que la morsure des givres Plus retenu que votre impatience d'épine
Celui que prolonge l'attente Et toutes les mains dans sa tête Et toutes splendeurs dans sa nuit Pour que la terre s'émerveille
Il accepte le bruit des mots Plus égal que l'effroi des sources Plus uni que la chair des plaines Déchirée ensemencée
Sa clarté est dans l'océan Dans la patience que traîne Vers où nul oeil ne se distend La flore d'îles du Levant
Ce qui berce en vos yeux son chant Pour atteindre le matin ô connue Inconnue c'est la chaleur fauve Du Chaos où l'oeil enfin touche
Île ces requins vos fumures Le charroi de votre sang l'homme Et sa colline la femme et les cases L'avenue dans ces miroirs les Mains
Est-ce oiseau, une racine qui gicle Est-ce moisson, l'amitié grandie de la terre La même couleur éclabousse, caresse La souffrance est de ne pas voir
Beauté de ce peuple d'aimants Dans la limaille végétale et vous Je vous cerne comme la mer Avec ses fumures d'épaves.
Beauté des routes multicolores Dans la savane que rumine L'autan plein de mots à éclore Je vous mène à votre seuil
Écoutant ruisseler mes tambours Attendant l'éclat brusque des lames L'éveil sur l'eau des danseurs Et des chiens qui entre les jambes regardent
Dans ce bruit de fraternité La pierre et son lichen ma parole Juste mais vive demain pour vous Telle fureur dans la douceur marine,
Je me fais mer où l'enfant va rêver. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Edouard Glissant Ven 04 Fév 2011, 06:44 | |
| le Point réfute sa réputation d'auteur difficile
Son dernier opus, l'incroyable poème universel tissé de textes venant de toutes les cultures et de toutes les époques, son Anthologie poétique du Tout-Monde, en témoigne. "Un livre pour une vie", dit Emmanuelle Colas, qui, depuis 2007, a donné, au sein de sa maison d'édition Galaade, une visibilité à Glissant grâce à une succession de petits textes en forme de manifestes, souvent rédigés en collaboration avec Patrick Chamoiseau, tous deux formant un binôme de maître et de disciple.
"Quand les murs tombent" (auquel d'une certaine façon est venu répondre "L'éloge des frontières" de Régis Debray), "L'intraitable beauté du monde", adresse à Barack Obama dont ils saluèrent ensemble l'avènement, ou encore cette anthologie de textes sur l'esclavage, que l'éditrice voudrait pouvoir diffuser auprès de tous les lycéens...
Tout l'article.
bibliobs publie un entretien où Glissant parlait de Faulkner | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Edouard Glissant Ven 17 Aoû 2012, 11:24 | |
| - rotko a écrit:
- le Point réfute sa réputation d'auteur difficile
J'ai acheté cette semaine le recueil complet de ses poèmes. Glissant m'a beaucoup séduite avec la lézarde (Renaudot 1958) et plus encore avec son approche philosophique. Je l'ai trouvé très inspiré avec son concept de ''Tout-Monde'' qui pose la mondialité comme une alternative efficace - et d'une certaine façon inévitable- à la mondialisation. J'aime beaucoup la poésie dite ''créole'' et africaine en général, mais là je bloque. Je n'ai pas fini de lire ses Poèmes complets (édités par Gallimard) qui me posent beaucoup de problèmes. Je relis chaque partie plusieurs fois. En 1ère lecture, ça m'est tombé des mains, en 2ème ça m'a irrité, en 3ème j'étais complètement perdue. J'ai l'impression de passer à côté, ça m'énerve C'est un oeuvre qui me confronte à mes limites en tant que lectrice. Peut-être d'autres grains l'ont-ils lu? Si certains sont intéressés, je pourrai - une fois la lecture terminée - faire partager un ou deux poèmes. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Edouard Glissant Jeu 30 Aoû 2012, 16:32 | |
| J'ai terminé Glissant, et je confirme, c'est un auteur difficile.
Je propose, pour ceux qui souhaitent se faire une idée par eux-mêmes, de partager Un champ d'îles, poème complet le plus court du recueil (17 pages) et le plus porteur.
|
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Edouard Glissant Jeu 30 Aoû 2012, 16:44 | |
| - Aglaé a écrit:
- J'ai terminé Glissant, et je confirme, c'est un auteur difficile.
Je propose, pour ceux qui souhaitent se faire une idée par eux-mêmes, de partager Un champ d'îles, poème complet le plus court du recueil (17 pages) et le plus porteur. j'aime beaucoup ces offres de partages de lectures et d'avis. Pour l'instant mamediathèque est en travaux, et tout ce qui est en magasin (comprenez les auteurs et livres moins demandés) n'est pas accessible. il faudra attendre septembre, au moins ! je note ce titre Les Indes ; Un Champ d'iles ; La Terre inquiète : poèmes -- Edouard Glissant, 1985 Le Seuil Donc projet en attente. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Edouard Glissant Jeu 30 Aoû 2012, 17:03 | |
| Pour ma part, j'ai le recueil complet (édition Gallimard): Le sang rivé- un champ d'îles- la terre inquiète- les indes- le sel noir- boises- pays rêvé, pays réel- fastes- le grand chaos.
La lecture n'a pas été évidente, je n'ai pas vraiment su quoi en penser. |
| | | Feral pilier
Nombre de messages : 304 Age : 46 Localisation : Dans l'étang Date d'inscription : 19/08/2011
| Sujet: Re: Edouard Glissant Jeu 26 Sep 2013, 08:09 | |
| Dans le cadre de la Nuit Blanche du 5 octobre, un détour conseillé à 23h à la maison de la poésie à Paris pour une performance sonore et visuelle sur ce beau défenseur de la créolité.
"À partir de multiples sources sonores, entretiens, débats publics, colloques, émissions de radio et de télévision auxquels Édouard Glissant a participé de 1950 à 2009, la performance sonore et visuelle de Doctor L restituera sur la scène de la Maison de la Poésie le caractère profondément vivant et oral de l’écriture de l’auteur. La pensée du tremblement se mêlera aux créations sonores et visuelles de Doctor L, en présence, sur scène, du musicien nigerian Kiala Nzavotunga."
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