Diane Meur

Les Vivants et les ombres, chez Sabine Wespiesser.

Mon chouchou de cette rentrée littéraire. Et que les livres de cette éditrice sont de beaux "objets", en plus !
Diane Meur est un jeune écrivain, d'origine belge, dont la capacité à créer un univers plein de personnages, d'histoires et d'Histoire m'a époustouflée
C'est une maison qui parle, une grande maison de Galicie, cette région polonaise qui après le démantèlement de la Pologne se retrouve sous le joug Autrichien. Elle nous raconte une saga familiale sur plus d'un siècle (le 19è) jusqu'à l'approche de la guerre de 14. Famille de gros propriétaires terriens, qui ont aussi une fabrique de confiseries et qui exploitent des paysans (d'abord serfs, puis "libérés" mais pas mieux traités) ruthènes (donc ukrainiens). Un patriarche qui a reconquis la maison de ses ancêtres qu'occupaient des Autrichiens, en engrossant et en épousant leur fille, père de cinq demoiselles à marier dont nous suivrons les destins différents mais presque toujours tragiques...puis ceux de leurs descendants...avec derrière une réflexion sur l'histoire perturbée de cette partie de l'Europe, sur fond de révoltes et d'antisémitisme...
Il y a là du Joseph Roth mâtiné de Jane Austen, c'est passionnant, drôle et triste (des passages superbes où parlent aussi les casseroles, les rideaux et le piano ! ) 700 pages dans un style dépouillé, limpide et souvent poétique qu'on dévore d'un traite

J'ajoute juste que la présence des Juifs dans cette petite ville de Galicie est aussi très bien décrite, ainsi que toutes les méfiances qu'ils inspirent déjà.
En fait, j'ajoute ça pour faire remonter le fil "Diane Meur"

moi j'ai la possibilité de lire

Un sultan à palerme, chez Sabine wespeiser

la dame blanche et le prisonnier de sainte pelagie chez Labor c'est pour les ados

a quelle heure devrai-je me lever avec tout ça ?

j'ai réservé le sultan !

Les vivants et les ombres

Citation :

Résumé du livre
« En Galicie, terre rattachée à l'empire habsbourgeois depuis le partage de la Pologne, l'obscure famille Zemka reconquiert le domaine fondé par un ancêtre noble et s'engage fiévreusement dans la lutte d'indépendance polonaise. Pour retracer son ascension puis sa décadence, l'auteur convoque une singulière narratrice : la maison elle-même qui, derrière sa façade blanche et son fronton néoclassique, épie ses habitants. Indiscrète et manipulatrice, elle attise les passions, entremêle les destins, guette l'écho des événements qui, des révolutions de 1848 aux tensions annonciatrices du désastre de 1914, font l'histoire de l'Europe. Elle est partout, entend tout, garde en elle toutes les ombres d'un passé qu'elle connaît mieux que les vivants. Mais les vivants ont sur elle un avantage qu'elle leur envie : leurs drames, leurs désirs et leur mobilité. Les femmes surtout la fascinent. Condamnées comme elle à la réclusion dans la sphère domestique, elles sont réduites, de mère en fille et de tante en nièce, à attendre l'amour en scrutant l'horizon. »

Diane Meur est née à Bruxelles en 1970, mais vit à Paris depuis vingt ans. Elle est reconnue dès son premier roman « La vie de Mardochée de Löwensfeld écrite par lui-même ».
« Les vivants et les ombres » a remporté plusieurs prix dont celui du roman historique 2008.
L’histoire est construite de façon originale puisque c’est la maison qui raconte .Ce qui permet à l’auteur une certaine distanciation par rapport aux faits et aux personnages ; l’ordre chronologique est parfois mélangé, des réminiscences s’intercalent ou des envolées vers le futur ; ou des digressions sur la vie des combles et ses habitants (oiseaux et autres), la vie des casseroles … Mais cela m’a laissé aussi une impression de superficialité et d’un manque de perspective psychologique ; j’ai peiné à m’attacher aux personnages et les aléas de cette saga familiale ne m’a rien appris que les heurs et malheurs de toute famille domaniale en cette époque. La perspective historique n’est qu’esquissée et pour quiconque ne connaît pas auparavant l’histoire de la Pologne la disparité des faits évoqués et leur manque de référents le laisseront perplexe ; ce qui se passe hors du cercle de la maison n’est qu’évoqué, et la clarté et la connaissance juste manquent. Le ton est léger certes, trop léger peut-être ?