Anne Bragance

Connaissez-vous Anne Bragance ? Je dois avouer que je viens de finir mon deuxième livre écrit par elle et je suis toujours sous le charme.

Le premier livre d'elle que j'ai lu s'intitule "La Reine Nue" ou l'histoire d'une famille qui doit vivre la maladie, la perte d'esprit et la mort de la mère, personnage haut en couleur. J'ai trouvé ce livre magnifique, émouvant, vrai et pas racoleur. (ayant vu ma grand-mère dans à peu près le même état, j'ai trouvé ce récit très juste et il m'a beaucoup touchée).

Et je viens de finir "Le Voyageur de Noces", une sorte de conte moderne sur base de... je vous le dis pas, c'est la surprise du livre.

Deux livres pas très longs, deux livres où je suis prise dans le style et je n'en décroche pas, deux livres où l'on s'attache aux personnages (tous, pas seulement un ou deux mais tous ont leur particularité et leur beauté).

Bref, j'adore :-)))

Roudita

En voici encore un d'Anne Bragance, qui est à aussi une histoire originale, que j'ai bien aimé, mais un peu moins que les deux précédemment cités : Casus Belli

Voici le résumé qu'on trouve sur un site web (et qui est peut-être la copie de la quatrième de couverture).
A cinq ans, par jalousie, par provocation, et peut-être sous la pression d'un sentiment d'abandon, Virginie a jeté son petit frère dans la poubelle de la cuisine. Sa mère y a vu la marque d'un caractère monstrueux. Virginie, elle, porte au plus profond d'elle-même le poids terrible de la culpabilité. Dès lors s'amorce le processus d'une condamnation mutuelle, dont la certitude voue à l'échec la moindre tentative d'échange. Casus belli est l'histoire d'un pardon jamais demandé, jamais accordé, qui fit d'une mère et de sa fille deux étrangères.

Je continue dans ma lecture d'Anne Bragance, qui décidément me plait de plus en plus tout en changeant de style à chaque livre.

J'ai fini : L'heure magique de la fiancée du pickpocket
Et c'est un vrai petit conte de fée ou comment une femme multiple divorcée va épouser le pickpocket qui a essayé de lui faire les poches un jour dans la rue. Tous les personnages sont à la limite de la caricature mais tellement attachants. Je vous le recommande chaudement ! C'est un condensé de bonheur qui réchauffe le coeur.

Roudi

Présentation de l'éditeur
Le ciel m'est tombé sur la tête quand elle a dit oui. Sur la tête de ma mère, j'ai posé la question comme ça, histoire de rire et elle a dit oui. Depuis je ris jaune. Jamais de ma vie j'ai voulu me marier, j'y pensais même pas, qu'est-ce qui m'a pris l'autre soir? Ça doit être à cause de ses guibolles et de la pluie, un déchaînement des circonstances indépendant de ma volonté. Quand j'y repense, il y a eu un autre responsable: le Campari. Quand les verres sont arrivés sur notre table, j'ai cru qu'elle allait se pâmer. Le Campari, c'est son apéritif préféré, vous parlez d'une coïncidence ! Les futurs mariés sont attablés dans un café de la Canebière: pourtant, cinq minutes auparavant, Maxime et Irina ne se connaissaient pas. Il aura fallu que Maxime, pickpocket de son état, choisisse la poche d'Irina pour y plonger la main... Mais avant le mariage, il y aura la confrontation des familles - et surtout, des mères! A Marseille, on crie, on pleure, on gesticule, on s'insulte, on s'embrasse... Tragi-comédie burlesque et tendre, L'heure magique de la fiancée du pickpocket met en scène des personnages un peu fous, truculents ou poétiques, mais toujours attachants.

Je continue avec Anne Bragance dont j'ai terminé La Correspondante Anglaise hier soir.

Celui là est un vrai petit bijou. Imaginez un village ou toutes les personnes âgées meurent sauf deux hommes, Sam et Joseph. Ces deux hommes sont potes depuis l'enfance (je les imagine comme De Funes et Carmet dans la Soupe aux Choux mais en moins crado quoi). L'un est un grand fan de la reine d'Angleterre à qui il écrit depuis des années, l'autre est un vrai cultivateur qui travaille son jardin comme un artisan/artiste. Pourquoi les autres sont-ils morts et pas eux ? Et toute l'histoire suit cela..
C'est un dialogue à deux voix. Chacun à son tour écrit un chapitre, chacun avec son style. Ce livre a été un vrai petit plaisir de lecture pour moi !

Tu précises l'editeur ? Ce sont des romans qui mettent de bonne humeur quand il pleut dehors ?

ok alors :

- la reine nue, casus belli : acte sud
- l'heure magique de la fiancee du pick-pocket : mercure de france
- la correspondante anglaise : en livre de poche
- le voyageur de noces : robert laffont


je dirais que la reine nue, le voyageur de noces, c'est beau mais pas spécialement gai.. Par contre, la correspondante anglaise et l'heure magique de la fiancée du pick-pocket ce sont vraiment deux petits rayons de soleil à l'état pur.

J'ai sous les yeux une danseuse en rouge (1)

(1) c'est le titre chez Actes Sud, et je crois que c'est un roman d'amour. :king:

Ca y est ! j'ai lu Danseuse en rouge, d'Anne Bragance, chez Actes Sud.

ou l'histoire d'un trio bien rôdé.

Le « champion »- ainsi nommé parce qu’il était au moment de la rencontre bon joueur de tennis, retrouve 20 ans plus tard la " danseuse" , celle qui l’avait attiré pour une petite « incartade ».

Mais la situation a changé : le « champion » est marié. Il fait pourtant de la « danseuse » sa maîtresse, tout en continuant à vivre avec sa « groupie », à qui il ne cache rien.

La première impression est bonne. On écoute successivement les trois partenaires, dans des chapitres courts assez agréables. C'est interessant et facile à lire. On croirait entendre une jolie femme dire son histoire. Toujours plaisant .

L’ennui est que ce lourdaud de « champion » dit tout à la « danseuse » comme à la « groupie ». Mais quelle idée ! L’histoire devient alors un mouvement d’horlogerie bien réglé : les chapitres s'emboitent parfaitement, l’auteure ronronne son récit, pendant que je pense à autre chose en mangeant des crottes de chocolat

PR I X C H R O N O S 2 0 0 5
La reine nue d'Anne BRAGANCE. chez Actes Sud.

Dans une enfance marocaine, elle raconte sa propre enfance à Casablanca (Actes Sud)

bon, ben me reste plus qu'a le lire celui la
mon préféré pour le moment reste quand meme la Reine Nue ..

Rotko disait qu'il n'aimait pas trop quand les ficelles d'un roman était trop (pré)visibles... personnellement, je ne m'y attache pas trop (pour des ficelles, s'y attacher, mouarf... )... une fois que je suis prise dans l'intrigue, hop je n'en sors plus et je passe un bon moment ..
finalement, je suis tres basique dans mes plaisirs de lecture

roudita a écrit:

bon, ben me reste plus qu'a le lire celui la
mon préféré pour le moment reste quand meme la Reine Nue ..

Prix Chronos et des Lectrices de Côté Femme : 2 distinctions.

je dois partir et repondrai plus tard à tes remarques a+

Voici quelques élucubrations quine visent nullement à faire des rerpoches à Anne Bragance ! mais à mettre au clair (oui, des elucubrations qui eclaircissent ) mes propres pensées.

L’incipit de danseuse en rouge :

Citation :

Au commencement, il est bon de nommer. Le nom permet l’existence, il donne la réalité à la créature et dans le même temps qu’il l’inclut et l’attache à la grand famille humaine, il la distingue, il la rend unique

».

J’aime bien ce début qui donne ainsi le prénom du personnage central.

Mais ce prénom est vite oublié, ainsi que cette bonne résolution , et les personnages s’appelleront « le champion » « la danseuse » et « la groupie », appellation qui figure en tête de chaque chapitre consacré au monologue du dit personnage.

L’histoire se passe en Turquie, pur décor, mais à part une ou deux mentions d’Istanbul ou du Bosphore, pas un détail qui ne s’adapte à une version tournée à Antony ou à Bourg-la-Reine.

Le « Champion » dit tout de sa « danseuse » à sa « groupie », et de sa « groupie » à sa « danseuse », ce qui permet à la romancière de prendre les mêmes faits avec un point de vue différent, ou de reprendre pilepoil le récit là on en était.

La romancière a donc un « pas de trois » bien régulier, qui devient monotone, comme les rendez-vous d’amour du jeudi du « champion » avec sa « danseuse », et son retour chez sa « groupie » : le ballet est bien réglé, comme l’emploi du temps.

Avec des personnages trop désincarnés, un décor sans spécificité locale, j’ai donc le sentiment de voir un spectacle de marionnettes.

On me dira que le trio va évoluer dans ses rapports ? Sans doute, mais je trouve les mêmes indices de changement juste après la moitié du livre, et ces indices sont repris aussi régulièrement dans la succession des chapitres : « le champion », la danseuse », la « groupie ». Le métronome varie la cadence mais c’est le même rythme qui continue.

Faut-il en faire grief à l’auteure ? Chacun réagira comme il l’entend (c’est le cas de le dire !). Bien des lecteurs et lectrices seront sensibles à l’évolution fine des psychologies, à la virtuosité de la construction. Tant mieux ! Mais moi si je compte les temps, je ne suis plus ému par la musique. C’est donc une réaction personnelle.

J’entends déjà Coline me dire que je doute tout le temps ! Ça m’arrive en effet !

En revanche, « une enfance marocaine » d’ Anne Bragance me tenterait assez, car je suppose que sur un canevas autobiographique, l‘auteure, qui écrit bien, se montre plus spontanée, avec des personnages et des situations prises sur le vif.

On rejoint ainsi la petite discussion de Maia : « quels romans aimez-vous ? » in « pratiques culturelles habituelles ou en cours . »

Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais d'Anne Bragance... ANIBAL n'est pas pour me contredire. Ce livre est un petit bijou. Et pour la première fois, j'ai même versé une petite larme (pourtant je réserve ça pour le cinéma d'habitude !).

L'histoire ?

Un jeune garçon, 12 ans, dont les parents naviguent dans le milieu du cinéma, féru d'horticulture au grand désespoir de son frère, se voit annoncer l'arrivée prochaine d'un petit frère, Anibal, enfant péruvien de 5 ans, adopté. Cela passe du refus, à l'acceptation et au dévouement total, c'est beau et fort.

Et puis, je vous mets ci-dessous un petit passage que j'ai bien aimé :

"Heureusement que personne ne peut voir dans ma tête. Dieu, il a fait des beaux, des laids, des bancals à cause "qu'il faut de tout pour faire un monde", comme dit Mathilde. Mais, quand même, il a été sympa, il s'est arrangé pour que personne puisse regarder dans la tête de son voisin. Chacun a sa liberté dans sa tête, à l'intérieur on est tous peinards. Avoir une pensée à soi, que même pas le pape, même pas l'extralucide avec sa boule peut deviner, c'est vachement chouette. Surtout quand on est coupable et qu'on attend le châtiment. On peut être là, en face d'un type assis derrière un bureau qui vous aboie des menaces, on reste calme, bien à l'abri dans sa pensée à soi. Elle vous empêche de vous faire trop de bile, elle vous kidnappe à la barbe du bonhomme, elle vous fait gamberger, vous voyagez dans le temps, vous vous retrouvez facile sous le chêne en compagnie de Saint Louis."

Et puis :

"Les anges gardiens, y a rien de plus rancunier ni de plus susceptible. Selon qu'ils sont de bon poil ou non, ils vont choisir vos rêves au paradis ou en enfer, c'est ce qui les rend redoutables. Vous pouvez me croire : chaque fois que vous faites un cauchemar, c'est que votre ange gardien prend sa petite revanche. Quand, au contraire, vous avez un rêve agréable, vous pouvez être sûr qu'il vous a à la bonne. Enfin, provisoirement. "

Et encore un d'Anne Bragance qui m'a littéralement enchantée.. Décidément, je l'aime cette dame ! (enfin ce qu'elle écrit hein ! )

D'un Pas Tranquille


C'est son petit dernier.. touchant, émouvant, captivant.. dès les premières lignes on a envie de le dévorer et en même temps, non, on le repose, pour en faire durer le plaisir encore plus longtemps..

Un petit extrait, celui qui m'a attiré dedans :

“Je suis pleine de mots, pleine à ras bord. Pourtant, aucun, jamais, n’a franchi mes lèvres. Si l’on veut comprendre, il faut imaginer un coffre-fort dont nul ne connaîtrait la combinaison, une forteresse d’acier blindé impossible à ouvrir ou à forcer. Je me tiens dans ce bastion de silence depuis ma naissance, il y a un peu plus de trente ans, sans songer à m’en plaindre. Le fait d’être muette ne constitue pas pour moi une gêne véritable, encore moins ce que les autres qualifient de handicap. Enfin, je ne le considérais pas comme tel jusqu’à ce dimanche d’avril où j’ai vu cet homme en pleurs.” (p.17)

C'est chez Acte Sud.. et c'est tout simplement bon.