Albert Cohen

Je me replonge avec délectation dans cette masse qu'est Belle du Seigneur d'Albert Cohen et je m'aperçois qu'on n'en a jamais parlé sur GDS.

J'ai lu ce livre de 1110 pages quand j'avais 18 ans, ce qui explique pourquoi je n'ai aucun souvenir de l'histoire
Pourtant, je me souviens de mon plaisir à le lire tel que j'ai lu beaucoup d'autres livres d'Albert Cohen par la suite.

Pour le moment, à savoir un dixième du livre, je vous dirais juste alors que : Solal, jeune homme au corps magnifique est fou d'Ariane, superbe elle aussi mais mariée. Il s'introduit chez elle, se déguise en vieillard édenté, lui déclare sa femme et propose de l'enlever.

Elle refuse, menace de se plaindre à son mari mais ce qu'elle ne sait pas c'est que Solal est le Sous Secretaire General de la Société des Nations et son mari petit fonctionnaire de cette même SDN (et donc plus que subalterne du fameux Solal). Le tout sur fond de montée du national-socialisme hitlérien et de personnages juifs bien trempés. L'oncle de Solal est croustillants à tous points de vue !

Pour la suite, il faudra le lire..

J'avais toujours hésité à lire ce livre, non pas à cause de sa longueur, mais l'histoire ne m'attirait pas du tout.
Ayant lu d'autres ouvrages d'Albert Cohen, dont Le livre de ma mère, et surtout, m'étant intéressée à l'auteur, je me suis lancée dans la lecture de Belle du Seigneur.
Il y a 15 ans. Des vacances sous la tente en Corrèze. Je lis tous les soirs à la lueur de la lampe frontale , je continue la journée, je suis totalement prise par cette lecture, et j'aurais voulu que cela dure plus longtemps !
J'aurais envie de le relire aujourd'hui..... Mais maintenant, c'est la longueur qui m'effraie

C'est l'épaisseur du livre qui m'a toujours arrêtée...

C'est bien Roudita d'ouvrir ce fil...Parce qu'il faut bien qu'il y ait quelqu'un, sans cesse, qui nous rappelle que ce chef-d'oeuvre existe...

Provence a écrit:

J'aurais envie de le relire aujourd'hui..... Mais maintenant, c'est la longueur qui m'effraie

salut Provence, salut Coline,

Moi aussi, je dois l'avouer la longueur m'avait effrayée et me retenait de le relire.. et puis j'en ai discuté avec un ami qui me disait qu'il ne comprenait pas pourquoi tant de femmes l'avait aimé alors qu'il était mysogyne...
J'avoue que dans mon souvenir, je ne l'avais pas trouvé mysogyne, alors j'ai voulu en avoir le coeur et je l'ai racheté.

Je l'ai recommencé non sans appréhension... et jusqu'à présent, vraiment, j'y trouve un réel plaisir. Toujours pas trouvé de mysogynie dedans :-))) mais je n'en suis qu'à un dixième
(en même temps, je voyage pas mal en train pour le boulot, ce qui me donne du temps pour lire à mon aise) :-)

Moi, j’aime bien les gros pavés…quand c’est bon, on prend son temps et ça dure longtemps…

Mais ce n’est pas le cas de Belle du Seigneur que j’ai toujours trouvé ridicule et incohérent…désolé mais cette recherche de l’amour pur, voire religieux, avec des moyens relevant du séducteur primaire de base sur une damoiselle qui finit par tomber amoureux d’un homme qui la traite comme une demeurée…moi j’accroche pas. La passion ne se calcule pas et franchement celle-ci est fade.
Dans le meilleur des cas, c’est désespérant de cynisme, dans le pire de bêtise…

Quelques passages, littérairement parlant, sont excellents mais cela ne suffit pas à faire un bon livre !

Tes mots sont trop forts sousmarin, Belle du seigneur ne mérite pas cette grosse artillerie.

J'ai bien essayé de faire une présentation de ce roman, et je n'y suis pas arrivée, il est tellement riche et dense que je ne savais par quel bout commencer ... merci donc Roudita de l'avoir initié
Je disais donc riche et dense de par les portraits tirés par l'auteur.
Prenons par exemple le mari Adrien Deume, petit fonctionnaire pointilleux, arriviste et si soucieux du "qu'en dira-t-on ?" Tellement obsédé d'être promu qu'il en oublie de travailler, d'apprécier la vie et sa femme ... mais si vous le lisez jusqu'au bout, vous verrez que l'auteur lui rend son humanité , à prix d'or certes ...

J'ai lu ce livre il y a plus de 10 ans...et je serai bien incapable de raconter l'histoire....J'ai le souvenir d'une passion amoureuse contrariée avec de longues disgressions ....difficile à lire mais séduite.....je n'ai pas encore lu de livre qui traite aussi bien ce sujet...

J'ai lu ce livre il y a très longtemps, mais il m'a beaucoup marquée et je me dis toujours que je le relirai un jour.

L'histoire est racontée selon le point de vue des différents protagonistes et le style de l'auteur change selon la personne qui parle. Ça se lit d'une traite!!

Je garde en mémoire deux idées:
- l'amour parfait voudrait que les amants soient toujours beaux, propres, bien coiffés, que rien n'évoque jamais le fait qu'ils doivent aller aux toilettes ou qu'ils aient mauvaise haleine le matin au réveil, etc... C'est tout simplement impossible, on ne peut pas garder éternellement la flamme des premiers jours/semaines de passion

- s'il vous manque quelques grammes d'émail dans la bouche - si vous avez perdu une dent - vous devenez repoussant

J'ai vu une adaptation sous forme de one man show qui était formidable. C'était le mari d'Ariane sur scène et le spectacle s'arrêtait à l'équivalent du milieu du roman:

Spoiler:

Bon, en tant que nouveau membre, je vais modestement mettre mon grain de sel:
Pour moi, Belle du seigneur est un monument de la littérature française. Le personnage de Solal est odieux de suffisance et de sexisme, certes, mais quel régal que ces premiers chapitres du roman, notamment quand la famille Deume invite ledit Solal (SSG de la SDN) - qui ne viendra jamais... C'est presque flaubertien (la description de la moyenne bourgeoisie genevoise).
Franchement, c'est un de mes romans favoris, je veux dire que j'en relis souvent des pages entières sans jamais m'ennuyer...

J'aime beaucoup Belle de Son Solal également.. J'ai longtemps basé mes aventures amoureuses sur l'éthique d'Ariane (on n'éternue pas dans la même pièce que son bien-aimé) et c'est si bien écrit !
Ce roman fait hurler de rire mon beau-père aux éclats.. Il ne sait lui-même pas pourquoi, il reconnaît le chef-d'oeuvre... mais c'est trop drôle de l'entendre s'esclaffer ! Moi j'aimerais le faire mais je n'y arrive pas !

Les cinq-cents premières pages sont un régal (bon, on est pas à une page près) mais par la suite, après la tentative de suicide de Didi, il y a comme une légère inflexion... qui laisse un sentiment étrange...

A chaque fois je me dis que je me plangerai dans la lecture du "Belle du seigneur" mais je lache parés avoir lu 90 pages. Pouratnt "Le livre de ma mére" 'a tellement touché que je pleurais en le lisant, c'est un livre trés émouvant

J'ai attaqué " Belle du seigneur" en ai lu 100 pages et vais poursuivre. la langue est succulente, la trame du roman un peu moins pour le moment. Néanmoins il en est des livres comme de la musique. On ne consacre pas le même intérêt à un nocturne de Chopin, à un morceau de jazz qu'à un tube pop. le plaisir est différent et c'est ce que je recherche aussi en lecture. Et puis mon dernier livre lu " La délicatesse " faisit référence à ce livre donc je l'ai emprunté. Je vous tiendrai au courant.

C'est moi aussi le style de Cohen qui m'a beaucoup marqué dans cette oeuvre. Et l'impression de chute sans fin que me donnaient les personnages à se raccrocher à une vision de l'amour qui les enferme, qui les trompe.

J'ai aussi beaucoup ri lors des passages racontés par la bonne, avec son langage et sa vision des choses si ancrée dans la réalité par rapport à ce qu'elle voyait.

Il paraît que Cohen n'écrivait pas, mais dictait son texte pour qu'il soit écrit. J'ai l'impression que c'est ce qui lui donne ce style si particulier.

Ce roman d'amour est le prétexte pour amener une critique des moeurs. Les personnages sont attachants et vrais. C'est avec regrets que j'ai eu à les quitter,la dernière page tournée...divertissant.

J'en suis à la 600 ème page et trouve cela très long. Le début m'avait emballé, là je m'essoufle, mais je vais poursuivre.

un marathon littéraire qui m'a éreintée,
J'attendais beaucoup de " Belle du seigneur ", trop peut être. A force d'entendre attention chef d'oeuvre, c'est le livre sur l'amour et toute la ribambelle d'éloges, je m'attendais à un livre extraordinaire. Au final un pavé, une bonne introduction, des personnages attirants, un talent certain pour la littérature, mais alors quel ennui. Les monologues sans ponctuation m'ont lassée.
Les élucubrations sur le peuple juif m'ont paru être un cheveu sur la soupe. Et puis quelle lenteur. Je ne nie pas le talent de l'auteur pour ce qui doit être de la grande littérature, mais ce n'est pas pour moi. J'y ai retrouvé du Anna Karénine, ces grands et longs romans russes, qui à la longue deviennent interminables.
Le pire de cela c'est que j' en garderai un souvenir très léger, un labeur dont la peine ne m'a pas apporté cette réjouissance après l'éffort. J'aurais pu m'en passer. Je mets deux étoiles pour le profond désintérêt que j'ai ressenti à 80 % du livre. Cette réputation n'est-elle pas surfaite ?

J'ai lu les critiques,et si l'on peut en retirer quelque chose de positif ,c'est qu'il ne laisse personne indifférent.En définitive l'âge du lecteur entre en compte.J'en veux pour preuve que je l'avais lu il y a plusieurs années : et l'ai relu l'année dernière,le texte prenait une toute autre dimention.La lenteur parfois voulue par l'auteur donne au texte l'atmosphère du roman.Qu'en pensez vous?Nous ne lisons pas un livre et ressentons pas les mêmes émotions à 20 ans,30ans,40...ET à 73!!!c'est encore différent,Croyez moi!Bonne soirée à toutes et à tous . A
BIENTOT?suzanne. :bye:A présent je vais me livrer à ce vice impunit qu'est la lecture!Qui a écrit cette phrase?Ma mémoire commence à me jouer des tours!!!

suzanne a écrit:

J'ai lu les critiques,et si l'on peut en retirer quelque chose de positif ,c'est qu'il ne laisse personne indifférent.En définitive l'âge du lecteur entre en compte.J'en veux pour preuve que je l'avais lu il y a plusieurs années : et l'ai relu l'année dernière,le texte prenait une toute autre dimention.La lenteur parfois voulue par l'auteur donne au texte l'atmosphère du roman.Qu'en pensez vous?Nous ne lisons pas un livre et ressentons pas les mêmes émotions à 20 ans,30ans,40...ET à 73!!!c'est encore différent,Croyez moi!Bonne soirée à toutes et à tous . A
BIENTOT?suzanne. :bye:A présent je vais me livrer à ce vice impunit qu'est la lecture!Qui a écrit cette phrase?Ma mémoire commence à me jouer des tours!!!

Chaque relecture d'un (bon) livre ouvre de nouveaux horizons, j''en ai souvent fait l'expérience et m'en émerveille !

Ce vice impuni, la lecture est le titre d'un livre de Valéry Larbaud, rassemblant des études littéraires sur la littérature anglaise.

Merci Nircyle!à peine avais je "envoyé" que Valéry Larbaut me revenait à l'esprit!Merci à toi,parce que parfois cela nous reste longtemps sur le bout de la langue! et bonne lecture!A demain!

Je m'arrête dans ma lecture de Belle du Seigneur, pour vous faire part d'une phrase qui m'a interpellée.

Page 329 (édition folio), Cohen introduit rapidement quelques personnages et parmi eux est fait mention d'un dénommé Basset.

Citation :

Revenant à la charge, Basset - dont le nom véritable était Cohen, patronyme des descendants d'Aaron, frère de Moïse, mais qui préférait, le petit puant, se planquer en Basset - soutint que "le projet spécifique devrait comporter un programme d'action non seulement...

Question. Albert Cohen a été attaché à la division diplomatique du travail, à Genève (cf Biographie chez Folio), cette mention de son nom est-elle une auto-critique de son attitude passée ? Ou une valorisation de son nom, sous-entendant que les autres administratifs/diplomates ne le valaient pas et qui il était, c'est-à-dire :

Citation :

le petit juif sans protection, commis temporaire à cinq cents francs par mois, qui dicterait sa décision à Sir John Cheyne (page 331)

étant donné l'incompétence des grands pontes.

Je sais que je me focalise sur un point qui n'a pas grand chose à voir avec les grands thèmes abordés dans Belle du seigneur... mais la place des juifs, l'administration internationale sont des éléments qui touchent de près Albert Cohen, et la manière dont il les aborde dans son livre me semble essentielle.

Citation :

J'ai aussi beaucoup ri lors des passages racontés par la bonne, avec son langage et sa vision des choses si ancrée dans la réalité par rapport à ce qu'elle voyait.

Voilà une information qui intéresse beaucoup mon mémoire. ^^ Merci.

Pour ma part, je n'ai lu que Le Livre de ma mère, vers le début de cette année scolaire. J'ai beaucoup aimé : la langue est remarquable et il y a des passages très amusants.

@ Moon: il me semble que Albert Cohen était fonctionnaire à la Société des Nations, mais peu importe son titre et sa fonction exactes... Il décrit avec férocité l'ambition mesquine d'Adrien Deume, qui rêve d'avoir un sous-main en cuir etc...

Dans la vraie vie, son épouse, Bella Cohen*, était interprète et à un moment donné du roman, il décrit un cocktail où les C cherchent à parler à des B, les B cherchent à parler à des A (= grades), bref, chacun cherche à faire progresser sa carrière. Et voilà qu'un malheureux risque de se retrouver embourbé dans une conversation avec une interprète, "une idiote en quatre langues" - et perte de temps totale, puisque n'ouvrant aucune possibilité de promotion professionnelle.

N'oublions pas que Belle du Seigneur reste un roman, malgré les allusions très proches de la réalité. Je pense que Cohen était quelqu'un d'un peu cynique qui n'épargnait personne, ni son épouse ni surtout lui-même.

*Hommage de la FIDH à Bella Cohen

Du coup, je viens de découvrir que Albert et Bella Cohen reposent au cimetière juif de Veyrier, à Genève - enfin, du côté français*. Je connais bien sûr l'existence de ce cimetière, mais n'ai jamais eu de raison d'y aller. Voilà un but d'excursion...

Tombe des Cohen

*

Citation :

Las surface totale du cimetière atteint alors près de deux hectares avec une singularité unique au monde – une partie du terrain se trouve sur territoire suisse et l’autre partie (les sépultures) sur territoire français – la frontière étant matérialisée à l’intérieur de l’enceinte par des bornes douanières. Un cas de figure pour le moins atypique, son accès étant permis depuis deux pays différents.