Virginia Woolf [Angleterre]

Virginia Woolf, la traversée des apparences Gf n°435.

GF n'indique pas l'auteur de la traduction.
Par contre j'ai un exemplaire d'une autre édition, traduit par Charles Mauron.

Le premier roman de Virginia Woolf (1915) se place dans la ligne de Jane Austen dont elle modernise les thèmes - tout en esquissant déjà ses propres préoccupations : vision acide d’une société frivole, revendications féministes, interrogations sur la possibilité de l’amour, sur le sens de l’existence et le rôle de l’artiste.

Ce portail contient donc les thèmes qui font de Virginia Woolf un écrivain dont le lectorat est en pleine expansion

Citation :

Clarissa venait d’apporter un livre,
- Persuasion , annonça Richard, examinant la couverture.
- C’est Pour Mrs Vinrace, elle ne peut souffrir notre bien aimée Jane [Austen].
- Çà, permettez-moi de le dire, c’est parce que vous ne l’avez pas lue, remarqua Richard. C’est de beaucoup la plus grande de nos romancières. La plus grande,poursuivit-il, voici pourquoi : elle n’essaie pas d’écrire comme un homme. Toutes les autres le font et c’est pour cela que je ne les lis pas.

Dans la traversée des apparences, on suit Rachel Vinrace dans sa découverte du monde et ses interrogations sentimentales. L’itinéraire rappelle orgueil et préjugés de Jane Austen, avec une note de souffrance finale : le bonheur n’est pas à portée de main et Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire !

Le récit apparaît surtout comme l’initiation et les hésitations sentimentales de Rachel, mais Virginia Woolf ne tombe pas dans le roman à l’eau de rose. Ainsi leur déclaration réciproque prête a sourire. Le mot « aimer » surgit à l’imprévu et la mécanique s’enclenche.

Citation :

On entendit un fruit tambouriner contre les feuilles, puis tomber avec un bruit mat. Et ce fut de nouveau le silence profond.
- Est-ce que cela vous fait peur ? demanda Térence quand le bruit de la chute eut cessé complètement.
- Non, répondit Rachel, j’aime cela.
Elle répéta : « J’aime cela ». Elle marchait vite et se tenait plus droite que d’habitude. Il y eut un nouveau silence.
-Vous aimez être avec moi ? demanda Térence;
Elle répondit :
- Oui avec vous.
Il se tut pendant quelques instants. Le silence semblait être descendu sur le monde entier.
- C’est-ce que je ressens depuis le jour où je vous ai connue, dit-il. Ensemble nous sommes heureux.
Il n’avait pas l’impression d parler, ni elle d’écouter. Elle reprit :
- Très heureux.
Ils continuèrent à marcher sans rien dire, pressant inconsciemment le pas.
- Nous nous aimons, dit Térence.
Elle répéta :
- Nous nous aimons.

L'ironie devient cruelle dans la scène où Térence

Citation :

"s'était mis à lire à haute voix du Milton. - parce que, disait-il, les mots chez Milton ont, par eux-mêmes, une substance et une forme ; on n'a pas besoin d'en comprendre le sens. Il suffit de les écouter, ils sont presque palpables".

Fâcheux effet !

Citation :

Ces mots, quoi qu'en pensât Térence, semblaient lourds de sens ; c'est sans doute ce qui rendait si pénible l'effort de les écouter [...]

« Images désagréables » « migraine » de Rachel , la prestation de Térence est un échec total, à tel point que lui-même est  

Citation :

terrifié par un pressentiment de catastrophe,[ éprouvant] presque une douleur physique.

.

Loin d’être une porte d’accès au bonheur, le mariage dans ce roman se révèle être un sujet d’inquiétude que les exemples présents dans le roman ne tendent pas à dissiper. D’ailleurs certaines femmes commencent à douter d’un bonheur qui consiste à dépendre d’un mari, et on les voit jeter sur le modèle courant un regard féroce.

Citation :

Pour l’amour d’un seul, elles avaient renoncé à tous les autres hommes, au mouvement, aux choses réelles de l’existence. C’était très joli l’amour, la coquette maison familiale, la cuisine au sous-sol, la chambre d’enfants au second, toutes ces choses bien isolées, circonscrites comme des îles minuscules parmi les torrents du monde Pourtant ce qu’il y avait de réel, c’étaient les évènements les grandes causes, les guerres, les idéals (sic), tout ce qui se passait à l’extérieur dans le vaste univers, sans rapport avec ces femmes, tournées vers des hommes en des attitudes si belles et si calmes.

Quatre-vingt -dix ans plus tard, quand les « salons de mariages », connaissent un essor sans précédent et qu’un mariage sur trois n’atteint pas la garantie décennale, on pense que Virginia Woolf gagnerait à être lue…

Le film "the hours" m'a fait découvrir cet auteur; c'est ce qui m'a donné envie de lire Virginia Woolf, j'ai acheté Journal d'un écrivain, que j'ai commencé et laissé pour le moment. Quand je l'aurai terminé je vous ferai part de mon avis

ice-in-my-eyes a écrit:

Le film "the hours" m'a fait découvrir cet auteur;t , c'est ce qui m'a donné envie de lire Virginia Woolf, j'ai acheté Journal d'un écrivain, que j'ai commencé et laissé pour le moment. Quand je l'aurai terminer je vous ferai part de mon avis

Bien volontiers ! je mets un compte-rendu de the hours dans le forum "ecrans"

https://grain-de-sel.1fr1.net/viewtopic.forum?p=11428#11428

et je continue, au risque de lasser vos patiences, sur La traversée des apparences.

Aussi je laisse la parole à Virginia Woolf elle-même. C’est Terence Hewet, l’amoureux de Rachel qui parle, mais on sent bien Virginia Woolf dans son ombre.

Citation :

« Nous multiplions nos écrits sur les femmes, pour les invectiver ou les railler ou les adorer ; mais cela n’est jamais venu des femmes elles-mêmes. Je crois que nous ignorons encore tout de la façon dont elles vivent, de ce qu’elles ressentent, de ce qu’elles font au juste. Quand on est homme,le seules confidences qu’on reçoive sont celles des jeunes femmes sur leurs aventures amoureuses. Mais les existences des femmes de quarante ans, des femmes non mariées, des femmes qui travaillent, qui tiennent des commerces ou qui élèvent des enfants […] de celles- là, on ne sait absolument rien. Elles ne nous les racontent pas, soit qu’elles se méfient, soit qu’elles aient leur façon particulière de traiter les hommes. Ce qui se manifeste correspond toujours à une conception masculine des choses. »

Il est vrai que maintenant les femmes s'expriment plus qu'en 1915.

"Mais les existences des femmes de quarante ans, des femmes non mariées, des femmes qui travaillent, qui tiennent des commerces ou qui élèvent des enfants […] de celles- là, on ne sait absolument rien. "
Almodovar n´etait pas encore né du temps de Virginia Woolf.

oui, Swallow et tu vois qu'il est toujours instructif de comparer le présent au passé

Virginia Woolf sait d’un trait croquer ses contemporains et son humour n’épargne pas les femmes qui se rendent visite à voiture entière

Citation :

« une voiture […] remplie de jupes et de plumes se dandinant sur des chapeaux ».

La traversée des apparences ne se situe pas en Angleterre, mais les Anglais et Anglaises se comportent partout comme chez eux, sans faillir à leurs habitudes. Pas question de frayer avec les indigènes ou s’ils font une expédition dans le pays profond, ce sera stéréotypé comme dans une préfiguration de l’actuel tourisme de masse.
Voyons en attendant l’attitude de nos coloniaux :

Citation :

La pendule qui depuis un moment respirait avec bruit, comme un vieillard sur le point de tousser, sonna neuf heures. Cette sonnerie trouble la repos d’un certain nombre de négociants assoupis, de fonctionnaires ou de rentiers affalés dans leurs fauteuils, bavardant, fumant, ruminant leurs affaires, les yeux mi-clos. Leur paupières se soulevèrent un instant, puis s’abaissèrent de nouveau Ils avaient un aspect de crocodiles gavés par le repas qu’ils viennent de faire au point que l’avenir du monde ne leur inspire pas la moindre inquiétude.

la traversée est publiée en 1915.

Quant à leur correspondance, elle résonne de la conscience de leur bon droit.
Willoughby

Citation :

« [consacrait] une demi-page à ses propres triomphes sur de malheureux petits indigènes qui s’étaient mis en grève et avaient refusé de charger ses bateaux, jusqu’au moment où il s’était mis en colère à hurler des jurons en anglais « en sortant ma tête par le hublot, comme j’étais, en bras de chemise. Les gredins ont eu le bon esprit de se retirer ».

Une biographie(inédite) de Virginia Woolf est parue en Folio Biographies , une collection assez récente (quelques mois) et peu coûteuse.
L'auteur de cette biographie est Alexandra Lemasson (elle fait partie de l'équipe de Vol de Nuit sur Tf1).

J'ai cette bio depuis sa sortie à l'automne mais ne l'ai pas encore commencée. Je regarde les photos à l'intérieur et je la trouve très belle Virginia Woolf.

Quant au film "The hours"...je l'ai vu trois fois déjà!...

je ne l'ai vu qu'une fois, je l'ai trouvé très beau. Maia m'a dit que "je n'avais rien compris au film" voir le forum "ecrans" sur GDS*

je peux le voir autant de fois je l'ai en DVD :cyclops:
en tout les czs la bio dont tu parles Coline je n'étais même pas au courant je vais peut-être em la prendre.

Voilà un fil promis à un bel avenir, et qui rejoint, me semble-t-il, une des lignes de force de ce forum sur les "auteurs chouchous"- avec certainement des variantes personnelles, mais une sensibilité commune ou une même famille d'esprit.

C´est bien là l´une des richesses de ce Forum, Rotko ( Cette "famille d´esprit" comme tu la definis très justement).
En plus, je crois qu´il n´y avait rien de prémedité, c´est arrivé comme çà, par ce que nous nous sommes réunis, animés par cette même curiosité qui nous porte vers ce que les autres pensent, défendent et aiment. C´est plus que de la tolerance, c´est déjà un pas vers l´autre , et je crois bien que c´est cette "disponibilité" que nous partageons tous ici, qui nous soude et nous permet de nous ouvrir à des fils qui a priori ne nous diraient pas grand chose si dans le fond nous ne voulions pas en savoir plus sur les membres de cette petite communauté qui s´appelle GDS, juste parce que nous aimons les lire et les écouter.

C'est très gentil ce que tu dis là, Swallow.
j'aborde la fin de mon feuilleton sur la traversée des apparences.

L’existence a-t-elle un sens ? dans le chapitre XII les danseurs le découvrent à la fin du bal quand Rachel leur joue du Bach.

Citation :

« Ils commencèrent à s’entrevoir eux-mêmes et leur existence, et toute l’existence humaine, évoluant avec beaucoup de noblesse sous l’autorité de la musique. Ils se sentaient anoblis… ».

Au chapitre XXIV Rachel qui a beaucoup mûri en observant son entourage découvre que

Citation :

« les choses devaient s’arranger de manière à former un dessin, et c’est de ce dessin que se dégageaient la satisfaction et le sens de l’existence ».

Par expériences et personnages interposés, Virginia Woolf ouvre des fenêtres sur sa propre recherche artistique. Pour elle la vraie vie sera consacrée à l’art, comme chez Proust dont elle sera une des premières lectrices.

De même elle fait de Térence un romancier :

Citation :

« je veux écrire, dit -il, un roman sur le silence, sur les choses que les gens ne disent pas. » Le titre en sera « le Silence, ou les choses qu’on ne dit pas »

.

Il précise qu’il « veut saisir ce qui existe derrière les choses ». Cette entreprise romanesque est bien une traversée des apparences.

Virginia Woolf entremêle dans ce roman les réflexions artistiques et les pensées personnelles. Comme Rilke, elle accorde la première place à l’amour comme thème d’inspiration :

«

Citation :

L’amour ,avait dit Saint-John, cela semble expliquer toute chose. » Oui, mais pas l’amour de l’homme pour la femme, de Térence pour Rachel. Malgré l’intimité de leur attitude, ils avaient cessé d’être deux petits organismes séparés des autres. Ils avaient cessé de lutter, de se convoiter entre eux. Ils semblaient avoir fait la paix. C’était peut-être l’amour, ce n’était pas un amour d’homme à femme ».

Enfin certaines images aquatiques sembleraient annoncer la fin de Virginia Woolf. Rachel émerge d’une période d’inconscience et les propos tenus sont inquiétants.

Citation :

"Rachel se rendait compte de ce qui se passait. Elle venait d’émerger de l’eau noire et visqueuse, montant et descendant au gré de la vague qui la portait. Sans plus aucune volonté personnelle, elle restait étendue au sommet de la vague avec une légère sensation de douleur, mais surtout de faiblesse. La vague se changea en un flanc de montagne. Le corps de Rachel devint un monceau de neige molle que ses genoux dominaient comme des cimes énormes et pointues en os poli".

Joëlle Gardes, Virginia Woolf à Cassis,Editeur : Images En Manoeuvres

Dans les pas de Virginia Woolf, Joelle Gardes évoque les vues de Cassis, confrontant le présent et le passé, avec le souvenir des lectures de la romancière.

A la fois évocation et hommage, ce premier texte presque écrit "à la manière de" se charge des émotions qu'un lecteur de Virginia Woolf peut éprouver : le désir d'une promenade au phare, l'insatisfaction du présent et des souhaits non exaucés, les dégradations du temps, la mission de l'art pour suppléer les insuffisances de la vie.

Les photographies qui accompagnent le texte montrent des aspects intimes de la cité ET son côté estival, mais aussi les contrastes entre le liquide, le végétal, et le minéral, ces galets notamment si caractéristiques des rivages du sud. Il s'agit de ressusciter un regard, celui de la romancière, plus attirée par les résonances intérieures que par des paysages brûlés de soleil.

Les chemins creux, avec les pierres inégales qui les bordent ou qui couvrent le sol, sont secs comme de possibles lits de torrents. Le malaise peut saisir, en rappelant la mort choisie. A l'opposé, des intérieurs baignent dans une lumière si douce que le bonheur semble aller de soi.

Joëlle Gardes, Virginia Woolf à Cassis

Le second texte évoque la biographie de Virginia Woolf, et les données exactes de son séjour. Texte qui fournit des indications importantes : telle la présence de la peinture dans la vie de la romancière, ce qui permet de mieux comprendre le rôle de Lily Briscoe dans "To the lighthouse". Les précisions sur l'environnement familial permettent de mieux saisir les rôles distribués dans "la promenade au phare".

Au total un livre très soigné qui donne envie de se replonger dans les écrits de l'artiste dont textes et photos sont de bons introducteurs.

Si on est à Cassis, on met le livre dans la poche, on marque les étapes de la promenade avec le ruban, on jette un coup d'oeil à travers les fenêtres en écoutant sur un ipod la musique de Philipp Glass dans le film de Stephen Daldry.

[Nonesuch records7559-79693-2] Michael Riesman piano with the lyric quartet orchestra conducted by Nick Ingman.

rotko a écrit:

Ce portail contient donc les thèmes qui font de Virginia Woolf un écrivain dont le lectorat est en pleine expansion

Quelle bonne surprise !!! mais pourquoi donc je suis surprise ? peut-être car moi-même il y a longtemps que je n'ai pas plongé dans les jupes de Virginia Woolf...
Merci, je vais m'y replonger.

Brigitte
-une nouvelle qui n'a même pas pris le temps de se présenter,
rien ne presse nous avons toute la vie devant nous-

keraqua a écrit:

Brigitte
-une nouvelle qui n'a même pas pris le temps de se présenter,
rien ne presse nous avons toute la vie devant nous-

Parfaitement ! et les messages que tu viens de poster nous en disent dejà beaucoup sur toi.

Virginia Woolf, Vers le phare, Folio classique.

Un roman poétique d'une grande richesse.(1927)

La Trame, symphonie en trois mouvements : la fenêtre, le temps passe, le phare.

1 En vacances sur une île, en 1914, la famille Ramsay, avec ses huit enfants et ses invités, est une communauté dont Mrs Ramsay constitue l'âme attentive. Le petit James aimerait bien une expédition au phare, mais Le professeur Ramsay et son disciple ont prévu, disent-ils, insconsciemment cruels, du mauvais temps.

La vie se déroule, avec les pensées et projets de chacun. Les jeunes pensent à l'amour, les "intellectuels" restent dans leur monde abstrait, avec de petites préoccupations de vanité. Lily Briscoe, artiste peintre, pense à un tableau en cours de réalisation, et observe la petite communauté. Les conversations et sous-conversations de chacun suivent leur cours, souvent égoïste, tandis que le monologue intérieur de Mrs Ramsay traduit son souci d'établir une union harmonieuse entre les personnes présentes.

De petits détails laissent entrevoir la fragilité des moments présents. On entend déja à travers des allusions poétiques les grands changements qui se préparent dans le monde avec le bruit lointain de troupes en marche.

2 Dix années passent. La maison est vide, livrée aux puissances lentement destructrices qui entraînent la délitescence de la maison. Morts privées qui sont en écho à l'hécatombe de la grande guerre. Deux vieilles femmes nettoient la maison pour le retour des survivants. Cette deuxième partie est le chant triste de l'absence et du temps destructeur.

3 Pendant que Mr Ramsay et ses deux enfants se rendent au phare, Lily Briscoe repense aux scènes du passé qui sont, on s'en doute, le sujet de son tableau. Les "sentiments divisés" des enfants pour leur père évoluent au fur et à mesure du voyage, comme le tableau de Lily, avec ses incertitudes, jusqu'à ce que, synthétisant le passé et le présent, les visions différentes et les personnages isolés, elle fasse des instants vécus "quelque chose de permanent", une oeuvre d'art.

Ce roman est aussi connu sous le titre "la promenade au phare"

La Chaîne.

Virginia Woolf, comme les peintres impressionnistes auxquels elle fait implicitement référence, fait émerger les sensations fugitives et les sentiments mouvants des personnages.

Comme eux, elle s'interroge sur les éclairages et la lumière, les scènes d'extérieur qui reflètent des bonheurs intimes, la recherche de la beauté de l'instant unique, et la mission de l'artiste.

Elle montre cet artiste, créant son oeuvre, - qu'il soit peintre ou romancier, ou qu'il soit créateur d'harmonie, commme Madame Ramsay au sein de la communauté. Ainsi Lily Briscoe, "vieille fille racornie", retrouve dans la peinture, une dimension généreuse et rayonnante qu'elle n'avait pas dans la vie courante.

On voit la richesse du roman de Virginia Woolf, introduisant dans le domaine littéraire des éléments novateurs, communs notamment à Proust, à Joyce, et à Nathalie Sarraute.

A Proust, l'évocation d'instants privilégiés, les ambivalences et intermittences des coeurs, les différentes sensibilités, mais aussi l'humour sur les personnages. Au grand-père qui, visage tourné vers le soleil, s'exclamait à l'enterrement de sa femme, devant un entourage médusé : "quelle belle journée !", correspond Mr Ramsay qui oublie son rôle de veuf inconsolable pour se réjouir de la qualité de ses bottines.

A Nathalie Sarraute, ces sous-conversations qui affleurent à peine à la conscience.

swallow a écrit:

Bonsoir Keraqua, alors tu es le "chat passant entre les livres " de notre portail? Bienvenue parmi nous.

Merci Swallow, l'image du chat passant me plaît beaucoup ! Pour Keraqua... je changerai ce pseudo qui ne veut rien dire, c'est le nom de l'adresse mail.

rotko a écrit:

A Nathalie Sarraute, ces sous-conversations qui affleurent à peine à la conscience.

Je vais rechercher ce que j'ai lu de Virginia Woolf, "les vagues", "une chambre à soi" ...

Pour Nathalie Sarraute, je me souviens d'une pièce de théâtre que j'aime beaucoup, "Pour un oui, pour un non".

Sur Sarraute, vois
https://grain-de-sel.1fr1.net/viewtopic.forum?t=586&highlight=sarraute
et on parlera bientôt des vagues de Virginia Woolf.

rotko a écrit:

... le désir d'une promenade au phare, l'insatisfaction du présent et des souhaits non exaucés, les dégradations du temps, la mission de l'art pour suppléer les insuffisances de la vie.

Je n'ai pas bien compris si ce passage est de toi ou si tu le cites mais alors c'est très beau, cette phrase me plaît beaucoup ! Si elle est de toi, je la garderais bien dans un coin chez moi si tu le permets ?