Zhaxi Dawa - [Tibet]

Zhaxi Dawa, La splendeur des chevaux du vent, Actes sud.



Né de père tibétain et de mère chinoise, Zhaxi Dawa a passé son enfance au Tibet. Il vit actuellement à lhassa. Il est membre de l’association des écrivains chinois.

On se doute que sur le toit du monde, la vue est différente : ces quatre nouvelles sont inattendues.

L’invitation du siècle

Début :

Citation :

Mélancoliquement, Sangye regardait le cerf-volant, u fil scié par mille tiraillements, s’enfuir en chaloupant au-delà des sommets. Le terme de sa dérive était aussi imprévisible que le destin. Peut-être qu’un gardien le ramasserait dans la solitude d’une lointaine montagne ; ou bien il tomberait dans une rivière et une jeune paysanne, venue chercher de l’eau, le repêcherait avec sa louche de cuivre…[…]

Cette disparition avait tiré le fil des pensées de Sangye vers son inaccessible pays natal : un petit village...

Voila donc une pensée qui dérive et mêle le réel et l’onirique, à propos d’un mariage prévu et qui n’aura pas lieu.

Ces nouvelles entretiennent un climat d’incertitude qui fait vivre et réagir les populations locales.
Donc des récits qui surprennent le lecteur : tant mieux !

Effectivement, ces photos sont très belles.

Dans la nouvelle titre, la splendeur des chevaux du vent, un homme est à la recherche d’un autre. Le mystère plane : Est-il mort ou vivant celui qu’il cherche, pourquoi lui ment-on ? Serait-ce une histoire de tribus protégeant l’un de ses membres ? Etc. Les camps de nomades n’obéissent pas aux lois traditionnelles.

Citation :

Qu’une affaire éclatât en ville et le camp devenait le lieu de perquisitions obligé. La police faisait souvent des descentes en pleine nuit. Les hommes et les femmes, enlacés nus, étaient chassés des tentes par les sifflements stridents des sirènes et les crissements des freins. Les policiers restaient souvent bouche bée devant ce que recelaient, au milieu des détritus, les tentes du campement

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Citation :

Ils y avaient découvert de lourds moteurs de voiture, des pneus et autre pièces détachées, des motos rutilantes, des bicyclettes de toutes marques, vieilles ou neuves, un coffre-fort vert foncé encore intact contenant des centaines de liasses de billets, des rouleaux de tissu, des caisses de conserves, une table d’accouchement, une cuvette de w.c provenant de la salle de bains d’un hôtel. Et même un bébé blond aux yeux bleus dont on racontait qu’il avait été volé à un couple de touristes étrangers en visite au Tibet. On ne sait pas à quoi cela faisait allusion, mais les policiers avaient surnommé ce campement : « base de lancement de missiles ».

J'ai commencé "La splendeur des chevaux du vent" et je le lis avec un grand plaisir, j'entame la troisième nouvelle et j'aime beaucoup.

L'attente du marié dans la première et toutes les descriptions de cette attente sont surprenantes et l'on décroche de la réalité en douceur, j'ai vraiment apprécié, on est proche du conte, je trouve.

Aux éditions "Acte-Sud" je suis rarement déçue, ou c'est une impression...

La couverture de ce livre, petit mais riche, est très belle.

Ecrivain chinois, Zhaxi Dawa est né en 1959 à Zhongqing de mère chinoise et de père tibétain, et vit à Lhassa. Il a partagé ses années d`enfance entre le Sichuan et le Tibet.

A la sortie du collège, il apprend la peinture et travaille dans une troupe de théâtre au Tibet. En 1978, il devient scénariste, étudie le théâtre à Pékin et publie des nouvelles dès 1979. Ses récits, écrits en chinois, se fondent sur la vie et la nature tibétaines («Le mutisme du sage»; «La splendeur des chevaux du vent»). Jouant sur le fantastique, les symboles et l`humour, il interroge la tradition pour explorer les mentalités contemporaines. Source TV5

Bien envie de lire d'autres livres de Zhaxi Dawa, il a écrit deux livres et une nouvelle Le Mutisme du sage (in Anthologie de nouvelles chinoises, Gallimard). .

Tibet les années cachées ~ ZHAXI Dawa - Ed° Bleu de Chine
Traduit du chinois par Emilienne Daubian - isbn 2910884015
Couverture de Verdier Fabienne

C'est à une promenade dans la mentalité tibétaine à laquelle les fictions de Zhaxi Dawa nous invitent. Prenant comme modèle les biographies fabuleuses de la littérature tibétaine, il insère des éléments de la réalité contemporaine du Tibet sur un fond traditionnel (populaire ou religieux) et il tisse des récits où les trois temps du passé présent et futur s'entremêlent et se fécondent mutuellement.

Nourri de littérature occidentale, Zhaxi Dawa utilise le fantastique de l'imaginaire tibétain pour interroger le réel et oppose aux changements politiques l'éternité d'une conscience détachée des postulats scientifiques. Il dérange à la fois les Chinois que sa description d'un Tibet qui résiste à l'enchinoisement agacent et les Tibétains également qui jugent le réalisme de ces descriptions et sa mise en scène de certaines pratiques religieuses comme du nihilisme. (Source Ed° Bleu de Chine)

Ca fait plaisir de voir qu'on peut se retrouver sur des sentiers et des auteurs peu frequentés ! merci Utopie, et tiens-nous au courant.

j'ai choisi la splendeur des chevaux du vent pour la lecture commune du mois d'août. Si la lecture ne m'a pas déplu, elle m'a laissé un goût d'inachevé. L'impression de ne pas saisir l'essence du texte, de goûter en surface seulement à sa poésie.

Il faut un peu de temps pour rentrer dans ces quatre nouvelles : le temps de comprendre que le récit est aussi logique qu'un rêve avec ses évidences, ses transformations, sa manière toute particulière de jouer avec le temps, et ses personnages qui se métamorphosent, se déforment.

Il n'y a pas que de la poésie dans ce livre, il y a aussi une violence terrible, atavique.

Un livre d'ailleurs en tous cas.

C'est à mon tour d'exposer mon point de vue sur "la splendeur des chevaux du vent" de Zhaxi Dawa, quelques mois après la lecture commune. Je suis toujours en avance sur mon temps, mais peu importe...

Pour moi, lorsqu'on parle Tibet, je pense immédiatement au bouddhisme, au Potala à Lhassa et aux moines en robe orange et bonnets de nuit jaunes... Une vue très idéalisée de cette région que j'aborde essentiellemnt sur le plan spirituel (ou touristique).

Et ce que j'ai apprécié dans ces quatres nouvelles, c'est de pénétrer ces hauts lieux par une approche différente. Et oui, le Tibet peut faire preuve aussi de violence. Son peuple en des temps pas aussi éloignés pouvait se montrer extrêmement barbare.

Mais ce qui m'a plu également, c'est que malgré la violence, malgré la misère et la pauvreté, la poésie est là, la magie aussi. Les traditions survivent et je me suis trouvé emporté facilement par ce vent soufflant sur ces hauts plateaux.

Ce qui me donne tout naturellement envie de découvrir un peu plus les autres écrits de l'auteur... Un sujet donc à suivre, je l'espère...

Peut-être qu'un jour, je pourrai faire voler mon propre cerf-volant devant le Potala. En tout cas, Zhaxi Dawa m'a clairement indiqué que cela peut être possible, au moins par l'imagination.