Tahar Djaout [Algérie]

Tahar Djaout, Le dernier été de la raison, Seuil.



Ce texte posthume dénonce le régime idéal des Frères Vigilants, ces islamistes dont le projet s’affiche clairement :

Citation :

Tant que la musique pourra transporter les esprits, que la peinture fera éclore dans les poitrines un paradis de couleurs, que la poésie martèlera les cœurs de révolte et d’espérance, rien pour eux n’aura été gagné.

Les deux personnages de ce récit sont petits et vulnérables : Boualem est libraire et personne ne vient plus dans sa boutique que Elbouliga, le joueur de mandoline, celui qui libère

Citation :

les notes qui suscitent des plaintes langoureuses, libèrent le rire prisonnier, attisent des désirs de danse ou des soifs de partir très loin…

Deux parias.

Tahar Djaout, a été assassiné à Alger le 2 juin 1993

le dernier été de la raison est donc une fable politique où le libraire d'abord ignoré essuie ensuite des quolibets, des injures, des jets de pierre, différentes tracasseries et des menaces de mort.

Quant à l'approvisionnement du public en livres, voici la situation :

Citation :

Il existe un circuit semi-clandestin, alimenté par une filière possédant des ramifications à l’étranger, où l’on peut s’approvisionner en publications "profanes". Mais outre que les quantités mises en circulation sont insuffisantes, la conversion parallèle de la monnaie locale en devises ainsi que les différentes taxes de transaction rendent le livre quasi inaccessible. Un ouvrage de Maupassant, de Steinbeck, de Mohammed Dib ou de Hermann Hesse coûte la moitié du salaire d’un manoeuvre. Les services de contrôle de la Communauté tolèrent les irrégularités de ce circuit, d’abord parce qu’il est très marginal, ensuite parce qu’il pénalise financièrement les amateurs de lectures "inconvenantes".

Quant aux femmes, elles sont sur le front. Converties aux Frères Vigilants, elles s’introduisent dans tous les foyers et servent d’agents de renseignements, de délatrices.
Le rôle des Frères Vigilants est d’instaurer et de maintenir un oppression qui modifie les rapports de couples

Citation :

Parfois [ Boualem] voit passer des couples, étrange voisinage de deux personnes sans lien avoué ; […] Les femmes réduisent leur présence à une ombre noire, sans nom et sans visage. Elles rasent les murs, humbles et soumises, s’excusant presque d’être nées. Les hommes devancent leurs femmes de deux ou trois mètre ; il jettent de temps en temps un regard en arrière pour s’assurer que leur propriété est toujours là : ils sont gênés, voire exaspérés, par cette présence à la fois indésirable et nécessaire.

Citation :

Les femmes sont aujourd’hui au centre de prêches dans la majeure partie de lieux de culte : elles le sont au même titre que les artistes, les athées et les libres penseurs, désignées comme la source de nos malheurs multiformes, la cause du juste châtiment qui nous accable. Si Dieu refuse de déverser sur nous ses richesses, sa compassion et sa bénédiction, n’est-ce pas en raison de ces saltimbanques, de ces dépravées, de ces péchés incarnés dont l’existence même constitue une offense au Ciel.

Citation :

La grande trouvaille qui alimente ces derniers temps d’interminables débats dans les mosquées stipule que, lorsqu’ arrive ce moment béni par Dieu de besogner sa femme dans le noir, le croyant se doit d’aller au lit du pied droit, sinon Satan l’y précédera ! Il doit accomplir l’acte couché sur le côté droit.

Pour mieux connaître Tahar Djaout

Bonjour tout le monde!

Il fait beau mais en Algérie, le beau temps n'est pas toujours synonyme de gaieté!

Je me permets de vous signaler ces articles Sur Tahar Djaout:

http://www.mediaterranee.com/Rubriques-generales/Culture/Tahar-DJAOUT-Le-printemps-reviendra-t-il.html

et

http://www.mediaterranee.com/Rubriques-generales/Culture/Tahar-Djaout-ou-les-illusions-perdues.html

Bonne lecture et à très bientôt!